L'agriculture biologique au secours de l'environnement ?

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L'agriculture biologique au secours de l'environnement ?

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__________________________________ > Environnement et agriculture * : L'impact des produits chimiques (1)* | Le modèle bio (2)

Inventaire Rennes
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Depuis quelques années de plus en plus d’agriculteurs se mettent à ce que certains appellent "la bio". Ils sont entre 1 500 et 3 000 en Bretagne selon les sources.** Pascal Dallé est l’un d’eux** .

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Il s’est installé début 1990 avec ses parents pour élever des vaches laitières à Mézières-sur-Couesnon dans le nord-est du département . Ils en comptaient une vingtaine à l’époque et l'exploitation s’est rapidement conformée à la norme intensivité / produits chimiques. Quand ses parents sont partis à la retraite à la fin des années 90, plusieurs problèmes l’ont poussé à se mettre au bio :

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Désormais beaucoup de choses ont changé sur son exploitation. **Son métier d’agriculteur n’a plus rien à voir avec son activité passée ** :

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L'autre avantage de Pascal Dallé tient aux revenus et à la conjoncture économique. Tandis que les conventionnels sont victimes de fluctuations de la demande et de variations fortes des prix de vente du lait, le producteur bio profite lui d’un marché à forte valeur ajouté où les consommateurs sont fidèles :

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Comme les bêtes sont nourries à l'herbe, et non plus au maïs, Pascal Dallé explique qu'il doit moins faire appel au vétérinaire car ses bêtes se portent mieux.

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Mais tout n’est pas parfait sur son exploitation : " le lait est collecté tous les 3 jours, valorisé en lait pasteurisé puis vendu en supermarché, une filière sur laquelle je ne maitrise plus rien. C’est peut-être là qu’il y a un peu d’incohérence par rapport à la bio en générale. Il y aurait plus de cohérence à vendre localement les produits issues de la ferme . Cela se fera sans doute lors d’une deuxième étape."

En attendant, la bonne santé financière et la "philosophie" de l’agriculture bio attire de plus en plus de jeunes.

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A Mézières-sur-Couesnon, Pascal Dallé va s’associer avec Sébastien Tropée, 27 ans . Après un BTS d’exploitant agricole, il a effectué quatre ans de remplacements chez des agriculteurs. Il a travaillé dans près de 70 exploitations et a finalement choisi de s’installer en bio :

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En 2010, la Maison de l'agriculture de Bretagne estimait à 1 541 le nombre d’exploitations biologiques dans la région, soit plus de 4% des exploitations. L’agriculture bio a donc dépassé le stade de "mode" pour s’imposer de plus en plus comme une tendance de fond.

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Au Rheu, près de Rennes, un établissement scolaire enseigne les méthodes biologiques aux élèves depuis les années 70.

Le CFPPA (Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricoles) accueille une cinquantaine de stagiaires et délivre des formations au niveau bac, et post-bac.

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Sylvie Thiel a été diplômée en 2011 après une année de formation au maraîchage bio . Elle est en cours d’installation sur la commune de Chavagne, au sud-ouest de Rennes. Son but est de produire entre 30 et 40 variétés de légumes qu’elle vendra directement aux consommateurs dans le cadre d'une filière courte. Pour être certifiée bio, elle va devoir répondre à toute une série de règles, ce qui ne lui pose aucun souci. Elle est par exemple ravie de ne pas avoir à utiliser de produits chimiques :

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Le CFPPA forme également à la gestion d’exploitations laitières et porcines biologiques.

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Mathieu Grissault a 29 ans et il suit une année de formation pour devenir producteur de porc bio en plein air . Il travaillait avant sur une plateforme logistique industrielle, et a décidé de tout plaquer. Un projet sérieux, réfléchi et pas un "délire" comme il le dit :

A la fin de sa formation, Mathieu Grissault espère qu'il aura mûri et précisé son projet comme plus de la moitié des stagiaires. Il appréhende surtout la difficulté de trouver une ferme autour de Rennes où la pression foncière est forte.

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Les formations dispensées au CFPPA diffèrent totalement de celles à l’agriculture conventionnelle. L’approche du métier n’a rien de semblable en bio, que ce soit dans l’esprit et dans les pratiques. Les explications d’Emmanuel Brivot, le directeur de la formation continue :

Le CFPPA du Rheu a été l’un des pionniers en matière d’enseignement bio, mais au départ les stagiaires et élèves agriculteurs qui prenaient cette voie étaient mal perçus.** L’agriculture était à l'époque quasi exclusivement conventionnelle et le bio était vu à tous les niveaux comme un comportement "déviant"** . Emmanuel Brivot se souvient :

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Même aujourd’hui certains producteurs bio disent être mal vus par leurs voisins agriculteurs conventionnels. Pascal Dallé, le producteur de lait bio à Mézières-sur-Couesnon confirme : " J’avoue qu’au départ c’était assez dur à vivre parce qu’ils ne comprenaient pas trop le sens de la démarche. Je constate quand même autour de moi des gens qui ne sont pas en bio mais qui le seront un jour assez rapidement, des gens qui font davantage d’herbes parce qu’ils se rendent compte que tous les intrants qu’ils utilisent sont d’origine fossiles et coûtent de plus en plus cher. Cela mûrit, on est passé d'une phase de ricanement et de jugement à une phase d’accomplissement ."

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Les agriculteurs conventionnels restent sceptiques devant la montée en puissance du bio sur les terres agricoles. Pour Jean Denieul, l’agriculteur de Janzé, cette poussée est largement fondée sur des considérations économiques , et il n’y a pas de révolution agricole dans le bio :

Après ces vagues de conversions et installations en bio, les pouvoirs publics et les collectivités semblent désormais donner du poids à la filière. En 2008, le ministère de l’agriculture rendait obligatoire les cours d'agriculture biologique dans les établissements agricoles. En Bretagne, le Conseil Régional a lancé le Pass’Bio , aide aux agriculteurs qui souhaitent s’installer ou se convertir au bio.

A sa façon, l'agriculture d'aujourd'hui fait donc résonner l'une des thématiques assez absente de la campagne présidentielle, l'environnement. Thème qui semble se résumer parfois, pour beaucoup de partis, à une variable d'ajustement électorale. Ainsi lors du salon de l’agriculture 2010 le président de la République Nicolas Sarkozy déclarait :

**" Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement, parce que là aussi ça commence à bien faire. Je crois à une agriculture durable. [...] Mais il faut que nous changions notre méthode de mise en œuvre des mesures environnementales en agriculture." **