L'asile pas à pas #3 : l'arrivée en France

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L'asile pas à pas #3 : l'arrivée en France

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Mustafa et Sultane Mousa à l'arrivée de Roissy en provenance d'Athènes
Mustafa et Sultane Mousa à l'arrivée de Roissy en provenance d'Athènes
© Radio France - Marie-Pierre Vérot

CARTE. La France s’est engagée à relocaliser 32 000 réfugiés de Syrie, d’Irak et d'Érythrée en 2 ans. Comment les choisir ? Comment les accueillir ? Notre série suit pas à pas, mois après mois, l’itinéraire d'une famille de réfugiés et les coulisses de leur nouvelle vie française.

C'est enfin l'arrivée en France pour Mustafa Mousa, son épouse Sultane et leur fille Fatmah. Après un périple de plusieurs mois depuis leur fuite d'Alep, que ces Kurdes syriens ont dû quitter chassés par les bombardements, la situation semble s'améliorer. C'est sans compter les multiples péripéties que la famille a connues : une longue étape en Turquie, une traversée de la mer pour rejoindre la Grèce, et des mois d'attente jusqu'à ce jour où leur nom a été sélectionné par les autorités grecques pour faire partie du programme de relocalisation. La famille Mousa aurait souhaité aller en Allemagne où elle a de la famille, mais c'est la France qui se porte volontaire. Ce sera donc la France.

Près de 2 000 relocalisations en France depuis le début de l'année

Nous avions suivi les entretiens menés par l'OFPRA à Athènes, lors desquels Mustafa avait raconté leur fuite d'Alep, ses souffrances mais aussi ses espoirs. Après avoir enchaîné les nombreuses démarches administratives, l'asile leur sera finalement accordé. Deux des enfants de Mustafa avec leurs épouses et leurs bébés ont pu gagner la France cet été. Les parents ont dû patienter pour des raisons médicales. Mais tous vont bientôt être réunis dans le CADA (centre d'accueil pour demandeurs d'asile) de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Une nouvelle vie commence pour ces exilés.

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Ce jour là, ils sont 154 demandeurs d'asile syriens, irakiens et érythréens à poser le pied en France dans le cadre du programme de relocalisations.

Le programme européen de relocalisation est cet engagement pris par les États membres d’accueillir 160 000 demandeurs d'asile sur deux ans. Il s'agit de soulager les pays de première arrivée que sont la Grèce et l'Italie au nom de la solidarité européenne. Aujourd'hui, c'est seulement 3% des réfugiés que l'Europe s'est engagée à accueillir qui ont pu s'établir sur le vieux Continent.

A lire : La relocalisation des réfugiés en Europe piétine

Circulez dans la carte, passez ou cliquez sur les pays pour obtenir des précisions sur le nombre de réfugiés relocalisés :

Source : Commission européenne (données au 14 novembre 2016)

Mais l'absence de volonté des États a conduit la Commission à diviser par cinq ses ambitions. Elle espère finalement relocaliser 30 000 demandeurs d'asile, soit le nombre que la France à elle seule s'était engagée à accueillir. Mais là aussi le programme accuse beaucoup de retard.

A lire : Accueil des réfugiés en France : la désorganisation

Actuellement, nous en sommes à un peu plus de 2 000 relocalisations. Alors que la France est le meilleur élève de l'Europe en la matière, loin devant ses partenaires.

La répartition des réfugiés par CADA

Les agents du service Voyagiste de l'OFII (Office français de l'immigration et de l'intégration) sont à pied d'oeuvre à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle pour accueillir ces exilés et les diriger vers les bus qui les conduiront ensuite vers les CADA, ces centres réservés aux demandeurs d'asile. Le personnel d'Aéroport de Paris est également mobilisé, médecin, secouristes ainsi que les agents de la police de l'air et des frontières et la Croix-Rouge.

A chaque arrivée, une logistique importante se met en place. Il a fallu trouver le nombre de places suffisant dans des CADA adaptés, en tenant compte par exemple de la taille des familles, des problèmes de santé de certains réfugiés qui doivent être proches d'un centre hospitalier. Puis commander les bus, établir un plan de route, les listes de réfugiés bus par bus. Krystel le Lay Caroff, cheffe du service Voyagiste de l'OFII est à la manœuvre :

Nous gérons des personnes qui sont dans des situations difficiles, qui ont vécu pendant un moment dans des camps. Ces personnes seront fatiguées, auront envie de rentrer rapidement dans leur CADA. Tout l'enjeu sera de les prendre en charge rapidement mais de manière carrée. C'est le premier pas qu'ils posent sur le sol français, le premier visage qu'ils vont voir ce sont nos agents. On se doit d'être très professionnel.

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Avant de quitter Athènes, la famille Mousa, comme les autres demandeurs d'asile relocalisés en France, a eu un premier aperçu du pays qui s'apprête à les accueillir. Souvent, ces demandeurs d'asile en ignorent tout. C'est pourtant là que leur vie doit maintenant se construire. Beaucoup d'inquiétudes et de questions aussi, auxquelles répond Lola Girard, l'officier de liaison OFII pour la Grèce.

Le plus important, le plus urgent, est l'apprentissage de la langue. C'est vrai que parfois on a des personnes anglophones qui espèrent pouvoir communiquer. Alors qu'en France, il faut apprendre rapidement la langue. On insiste beaucoup là-dessus.

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Mustafa Mousa est l'un des derniers à sortir de l'avion. Timidement, après avoir passé les contrôles de sécurité, il s'avance vers les agents de l'OFII suivi par son épouse Sultane et leur fille Fatmah. Malgré la fatigue et les interrogations sur cette nouvelle étape de leur exil, dans un pays dont ils ignorent tout, tous trois arborent un large sourire :

Je ne sais pas si je retournerai un jour dans mon pays. Il faudra du temps pour que cela s'arrange en Syrie. Dans le fond, oui, j'aimerais bien repartir. J'ai mes amis, mes proches là-bas. Je voudrais une Syrie où je pourrais retrouver ma vie, mes affaires, où je serais libre. Et non pas enterré chez moi à cause des bombardements incessants sur Alep. Désormais, je considère que j'ai deux pays : la France et la Syrie.

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Fatmah, sa fille, est impatiente de rejoindre ses deux frères et leurs familles qui sont eux déjà installés dans le CADA de Bar-sur-Seine.

Nous allons pouvoir commencer une nouvelle vie. La première des choses que je veux faire c'est d'apprendre le français. Ensuite, comme mon frère, je voudrais étudier l'économie et le commerce.

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A lire : les deux précédents épisodes et le suivant

L'asile pas à pas #1 : l'Ofpra prépare sa mission en Grèce

L'asile pas à pas #2 : les entretiens avec les réfugiés

L'asile pas à pas #4 : les premiers mois en France