L'épidémie de Covid-19 est-elle terminée ?

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L'épidémie de Covid-19 est-elle terminée ?

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Sommes-nous à la fin de l'épidémie de Covid-19 ? C'est la question au cœur des Idées Claires, notre programme hebdomadaire produit par France Culture et franceinfo destiné à lutter contre les désordres de l'information, des fake news aux idées reçues.

"L'épidémie de Covid-19 est sous contrôle", déclarait il y a peu le conseil scientifique. Il est vrai qu'en France, comme dans la majeure partie de l'Europe, les voyants sont au vert. 

Le nombre de nouveaux cas déclarés quotidiennement est passé sous la barre des 1 000, voire des 500 au lieu de 80 000 début mars. Le nombre d'hospitalisations, d'admissions en réanimation et de décès sont eux aussi en chute libre. 

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Est-ce pour autant la fin de l'épidémie ? Le SARS-CoV-2 va-t-il finir par disparaître ? Allons-nous pouvoir, dans les semaines qui viennent, reprendre une vie tout à fait normale ? 

Pour faire le point sur ces questions, nous avons interrogé Antoine Flahault, épidémiologiste et professeur de santé publique à l'Université de Genève.

L’épidémie de Covid-19 est-elle terminée ?

Antoine Flahault : "Dans le monde, certainement pas. On n'a jamais enregistré autant de cas de Covid qu'aujourd'hui dans le monde, même au plus fort de la crise, cet hiver, il y avait moins de cas rapportés dans le monde. En revanche, dans la plupart des pays d'Europe, en particulier dans le nord de l'Europe, et en France, on peut dire que la vague est en pleine décrue. Notre pays compte aujourd'hui entre 200 et 500 cas rapportés chaque jour. La décrue est bien amorcée, mais non le virus continue à circuler."

Cette décrue persistante était-elle attendue ?

Antoine Flahault : "Pour être surpris, il faut se lancer dans des prévisions à long terme. Mais nous nous réfrénons à prédire au-delà de huit jours, nous n’en sommes pas capables. Aujourd'hui, ces modèles épidémiologiques ne sont pas capables de prédire avec certitude pour qu'on puisse véritablement avoir des prévisions. Donc, je n'ai pas prédit la fin de cette épidémie, et je ne me permettrais pas de le faire. Est-ce que c'est une vague qui sera associée à un rebond à l'issue du confinement ? On n'en sait rien. Est-ce qu'il y a un frein estival qui va permettre un répit pendant l'été dans nos latitudes, et un retour cet automne ou cet hiver ? On n'en sait rien. Vous voyez, on n'a aucune possibilité aujourd'hui de prévoir l'avenir."

Pourquoi l’épidémie n’a pas repris au déconfinement ?

Antoine Flahault : "Oui, en effet, dans les pays européens, ça fait presque deux mois que le confinement a commencé. On ne voit pas une recrudescence ou de rebond qui serait associé à ce confinement. Par ailleurs, des pays comme la France ont semble-t-il beaucoup augmenté leurs stratégies de testing, c'est-à-dire de tests PCR pour l'identification de nouveaux cas. Ce qui explique une certaine recrudescence des cas en termes statistiques, mais ne correspond pas à une augmentation du nombre réel de nouveaux cas. Alors pourquoi ? Une des hypothèses que je privilégie est que l'été est une saison qui ne plaît pas à beaucoup de virus respiratoires. On n'en savait rien pour ce coronavirus, mais il est possible que cette saison estivale vienne accompagner notre déconfinement d'une manière très opportune pour le sécuriser. Peut-être pas de façon totale d'ailleurs. On n'est sans doute pas à l'abri d'une recrudescence de “cluster” de-ci de-là, mais peut-être de façon suffisante pour qu'au moins nos hôpitaux, nos services de réanimation ne se retrouvent pas engorgés."

Le respect des gestes barrières y est pour quelque chose ?

Antoine Flahault : "Une hypothèse tout à fait raisonnable est de penser qu'il y a une forme d'inertie dans l'efficacité des mesures de confinement et de port de masques. Une inertie au sens physique du terme. C'est-à-dire que ce n'est pas le jour où on a levé le confinement que tout le monde a repris sa vie comme avant. Finalement, il y a également un bénéfice des mesures de distanciation sociale qui se sont opérées et ont ralenti le risque de résurgence. Mais ça ne me semble pas suffisant pour expliquer pourquoi, on ne voit pas vraiment de réémergence de foyers en Europe. La propension qu'avait ce virus à se déployer de façon assez fulgurante, en milieu clos en particulier et en milieu confiné, avec une très forte promiscuité, existe toujours. Il y a toujours des abattoirs, des mines, etc. Je suis donc un peu étonné que l'on n'ait pas ce type de “clusters” un peu actifs, plus souvent répertoriés."

Est-ce qu’il existe un scénario de fin d’épidémie probable ?

Antoine Flahault : "Je pense que personne, sur le plan scientifique, ne peut sérieusement nous dire s’il va y avoir une seconde vague ou si la maladie va s'éteindre. Personne n'a été capable de prédire que le SRAS allait s'éteindre. Cela ne veut pas dire que des gens n’avaient pas l'intuition que ça allait s'éteindre, ils l'ont peut-être dit. Mais avoir des intuitions, ce n'est pas de la science. Je pense que tous les modèles mathématiques qui élaborent des scénarios, s'ils transforment les résultats de ces scénarios en prévisions, font un exercice qui est de l'ordre du farfelu ou d'exercices divinatoires. Il n'y a pas aujourd'hui de modèles de prévision à long terme qui soient simplement validés et raisonnables. En revanche, ces modèles essaient de simuler des scénarios du domaine du possible, et ces hypothèses pourraient faire en sorte que ces scénarios se produisent. Donc que c'est utile de les connaître parce qu'aujourd'hui nous sommes encore dans l'inconnu puisque le virus est nouveau, nous n'avons pas d'expérience, en dehors de la simulation sur ordinateur, nous n'avons pas grand chose. C'est pourquoi il faut voir ces scénarios dans leur ensemble."

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