Les monstres marins et autres chimères "inventés" ou "réinventés" au Moyen Âge vont peupler les représentations des mers septentrionales pour y incarner l’inconnu, et l’altérité de ces régions lointaines. Ils sont à l’origine d’une tradition iconographique féconde.
L’histoire des poissons, monstres et mammifères aquatiques des mers septentrionales (Manche, mer du Nord, mer Baltique, mer de Norvège, Atlantique Nord), de l’Antiquité à 1600. Il s’agit d’étudier la construction des savoirs sur la faune marine du Nord depuis la fin de l’Antiquité, notamment à travers les encyclopédies médiévales : comment nommer, classifier et décrire des espèces rares, parfois perçues comme des montres marins ? Ces animaux étranges sont aussi convoqués dans les chroniques et la littérature, naviguant entre véracité et imaginaire, contribuant tour à tour à la construction d’une réalité embellie ou d’un merveilleux authentique.
Je regardai à mon tour, et je ne pus réprimer un mouvement de répulsion. Devant mes yeux s'agitait un monstre horrible, digne de figurer dans les légendes tératologiques. Jules Verne, "Vingt mille lieues sous les mers"
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Si on se réfère aux sources écrites, principalement les bestiaires, les encyclopédies, les chroniques et les romans en langue vernaculaire, on dénombre quatre monstra marina en partie anthropomorphes spécifiques aux mers septentrionales : les moines, les chevaliers, et plus tardivement les évêques de mer, auxquels on peut ajouter les sirènes dont la métamorphose en poisson est intervenue en milieu germano-celtique. Sans compter les ondin(e)s qui ne présentent aucune tératologie mais dont l’habitat est marin. Présentation de cette faune très particulière, le contexte dans lequel elle s’est développée et les raisons de son extraordinaire succès, tant dans le domaine de l’écrit que dans celui de l’art et même de l’héraldique.
Entre tradition classique et imaginaire germano-celtique. Les monstres anthropomorphes des mers septentrionales, au Moyen Âge et au début de l'époque moderne
58 min
Une conférence enregistrée en juin 2017, dans le cadre du colloque "Animaux aquatiques et monstres des mers septentrionales".
Jacqueline Leclercq-Marx, professeur honoraire d’Histoire de l’art du Moyen Âge occidental, à l’Université Libre de Bruxelles (ULB).