Alors que la parole se libère enfin sur les crimes incestueux, le livre qui a inauguré cette salutaire transformation, "La familia grande" de la juriste Camille Kouchner, est premier des ventes en non-fiction. Le signe d'une prise de conscience de grande ampleur.
Bienvenue dans le Box Office, le nouveau rendez-vous hebdomadaire de l’émission Soft Power. On y épluche chaque semaine les tendances de la culture et les plus gros succès du moment. En partenariat avec l’institut d’études GfK pour les livres et les jeux vidéos et CBO Box Office pour le cinéma.
En littérature, c'est sans surprise le récit de Camille Kouchner, La familia grande, publié au Seuil, qui arrive en tête du box office. Difficile de résumer ou commenter un livre qui fait le récit d’un inceste, celui qui aurait été subi par Victor, le frère jumeau de l’autrice, par leur beau-père, le politologue Olivier Duhamel. La familia grande est un livre de malaise, comme une comédie bourgeoise provinciale (bien que ses protagonistes soient des guévaristes patentés, une ancienne maîtresse de Fidel Castro et un " french doctor" alors tiers-mondiste, père absent et silencieux). L’écriture n’est pas littéraire, le livre n’est même pas très bien écrit – c’est un récit plutôt chirurgical où les détails comptent. Sauf les détails juridico-judiciaires, ce qui est étrange pour une juriste qui ne qualifie jamais vraiment les éléments du crime dont elle accuse son beau-père. « Peut-être », écrit-elle même d’une fellation dont elle laisse planer le doute : est-elle réelle ou supposée ? C’est sans doute la statut de sa parole (elle s’exprime au nom de son frère qui reste silencieux et n’entendrait pas porter plainte – les crimes ou délits en question sont de toute façon prescrits). Au-delà de cette question, le récit décrit bien la « liberté libre » de soixante-huitards pas du tout attardés ; ils passent très vite du « col Mao au Rotary Club », pour reprendre le titre d’un pamphlet qui a beaucoup à voir avec celui-ci. Les portraits d’ Evelyne Pisier et de Bernard Kouchner, les parents de Camille Kouchner, sont fascinants, complexes et débordants d’amour. Tout est assez confus dans ce grand livre de la confusion comme dans cette « liberté libre » que les soixante-huitards s’autorisent avec leurs enfants sans pudeur et sans honte. Les enfants des soixante-huitards se reconnaitront à chaque page de ce beau livre, même s’ils n’ont pas connu l’inceste ou les soirées nudistes, sans culottes ni soutien-gorges !
Comme dans Le Consentement de Vanessa Springora dont Gabriel Matzneff était l'agresseur La familia grande est un succès de librairie : numéro un du box office, il illustre l'intérêt des lecteurs pour le récit de cette violence sexuelle qui tue finalement dévoilée, la double-vie des puissants, le mal là où on ne l'attendait pas. Certains reprochent à Camille Kouchner de « laver son linge sale sans famille » – critique injuste devant la belle sincérité de ce récit terrible qui montre surtout combien l’inceste détruit tout, non seulement la victime, mais aussi la famille, et tout ce qui se trouve entre les deux. Une formule : « La fin de l’innocence ».
L'année miraculeuse de la plateforme de jeux-vidéo Steam
Jeux-vidéo maintenant. Parlons de Steam ce soir. Steam, vapeur en anglais, c’est l a principale plateforme de distribution de jeux-vidéo en ligne. Steam, c’est gros, très gros, incontournable même ; c’est un “gatekeeper” ; une majorité d’éditeurs doivent passer par là pour vendre leur jeu, et les joueurs vont tous les jours sur Steam pour y jouer. Donc en 2020, dans les bureaux de Valve, la société propriétaire de Steam, on sabrait sans doute le champagne à chaque reconfinement. Et ça y est, Steam vient de publier sa “rétrospective de l’année 2020”, ses statistiques, son triomphe, l'avènement de toute une industrie. Le temps de jeu cumulé sur la plateforme a augmenté de 50,7 % par rapport à 2019, culminant à... 31,3 milliards d'heures de jeu sur l’année. En nombre de personnes, avec 120 millions de joueurs actifs par mois, Steam était cette année l’un des pays les plus peuplés au monde, devant l’Ethiopie et juste derrière le Japon.
Le rappeur le plus rapide de l'Ouest
Voilà pour ces chiffres monstrueux. Musique maintenant, avec deux autres monstres au programme : Godzilla et Eminem. Godzilla, une chanson d'Eminem qui a marqué l’année 2020. Dans un superbe clip de Cole Benett, on voit Eminem en freak (monstre en anglais), rendu fou par l’alcool. Malgré l'ivresse, le rap god Eminem y établit son record historique. Au 3ème couplet, il rappe à 10,65 syllabes par seconde, près de 300 mots en 30 secondes. Et ce record suscite des vocations : sur YouTube des rappeurs du monde entier tentent de le prendre de vitesse et se démènent pour rapper plus vite que lui. En ce moment, ils sont nombreux à tenter de battre le record, c’est devenu un grand concours pour le Guinness World Records 2021. On écoute la performance originale d’Eminem… forcément monstrueuse.
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CETTE CHONIQUE EST À REECOUTER EN PODCAST DANS L'EMISSION DU 17/01/2021
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