La fréquentation des salles de cinéma en chute libre

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La fréquentation des salles de cinéma en chute libre

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Covid oblige, les 2000 cinémas sont encore fermés en France au moins jusqu'au 7 janvier prochain
Covid oblige, les 2000 cinémas sont encore fermés en France au moins jusqu'au 7 janvier prochain
© Maxppp - Cyril Sollier

En attendant la réouverture des 2 000 cinémas français, le Centre national du cinéma publie son bilan annuel de la fréquentation des salles. Sans surprise, elle est en baisse de près de 70% par rapport à l'année dernière.

Quand on regarde le tableau de la fréquentation des salles publié aujourd’hui par le CNC, le constat est rude. On compte plus de 17 millions d’entrées en février, le dernier mois pendant lequel les quelques 2 000 cinémas fonctionnent normalement. Ensuite, c’est la dégringolade : les "meilleurs chiffres" ont été enregistrés en octobre, mais la barre des 9 millions d’entrées n'a même pas été dépassée ce mois-là, quand le compteur affichait 20 millions l’an passé. 

"C'est une baisse vertigineuse"

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Une baisse "vertigineuse" 

Car quand les salles rouvrent le 22 juin, la capacité d’accueil des cinémas et l’offre sont fortement réduites. Certains blockbusters comme le dernier opus de James Bond préfèrent décaler leur sortie, d’autres comme Mulan choisissent carrément de court-circuiter les salles au profit de la plate-forme de streaming Disney+. Et puis il y a ces 162 jours de fermeture, comptés par le CNC. Résultat : c’est quasiment une chute de 70% de la fréquentation par rapport à l’année dernière - une année record précisons-le - qui donne le tournis à Valérie Lépine, déléguée générale de l'UPC, l'Union des Producteurs de Cinéma

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C'est un chiffre vertigineux que nous a communiqué le Centre national du cinéma aujourd'hui. Vertigineux, mais sans surprise, malheureusement : 70% de baisse de fréquentation, soit 65 millions d'entrées contre 213 l'année dernière, cela représente une perte pour le secteur des salles de 1 milliard d'euros. C'est énorme. Le cinéma est un secteur particulièrement résilient. Depuis le début de la crise, tout aussi bien la production que l'exploitation et la distribution se sont organisés pour surmonter ces moments difficiles. Le CNC a largement aidé les différents opérateurs, avec des plans sectoriels, et le gouvernement a mis en place des plans en faveur des intermittents du spectacle, ainsi que le chômage partiel. Pour autant, on est vraiment dans une situation, sinon désespérée, du moins vraiment critique.

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Des tournages maintenus, mais plus chers

Et quand on demande à Valérie Lépine si le fait que les tournages aient toujours lieu puisse limiter les dégâts : 

Cela représente des surcoûts très importants pour le secteur. C'est de l'ordre de 10% qui n'ont pas été évidemment anticipés dans les budgets, ce qui met tout le secteur en vraiment en difficulté (...). Et puis, une autre donnée aussi importante, c'est que, certes, les films ont pu reprendre, mais dans des proportions bien inférieures à ce qui s'est passé l'année dernière, puisque il y a une baisse de la production des films mis en tournage de l'ordre de 25%. C'est 25% de films en moins à venir. 

Des plateformes qui vont payer, mais combien ?

Dans ce contexte inédit, Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture a fièrement annoncé il y a une quinzaine de jours que les négociations entamées entre le gouvernement et les principales plateformes de streaming avaient “abouti”. Netflix va désormais payer entre 150 et 200 millions d'euros chaque année pour participer à la création française audiovisuelle. Sauf que c'est une somme qui englobe cinéma et audiovisuel prévient Valérie Lépine : 

Le cinéma aurait une contribution de l'ordre de 20 % de ce montant total, ce qui fait que 30 millions à peu près seraient consacrés à la production cinématographique. C'est évidemment une somme que nous accueillons avec satisfaction. Pour autant, ce qu'il faut savoir, c'est que les autres contributeurs traditionnels, les chaînes de télévision, les distributeurs de films sont dans une situation difficile financièrement. Et pour parler, par exemple, de Canal+, on craint un retrait de ces dossiers financiers traditionnels du cinéma français et donc ce que l'on espère, c'est avoir une situation à l'équilibre dans les mois à venir.  

Une première depuis 2006 : le cinéma français passe devant l'américain

Ajoutons que dans ce marasme sans précédent, on observe une inversion des tendances : ce sont les films français qui ont attiré le plus de monde cette année en France. Un peu plus de 29 millions de spectateurs, c'est presque 3 millions de plus que les films américains, ce qui n’était pas arrivé depuis 14 ans. 

Il faut dire qu’à la réouverture fin juin, quand la part de marché des films américains est divisée par 3, celle des films français est multipliée par deux. "Ce sont eux qui dynamisent le marché", écrit le CNC qui précise que sur les 10 premiers longs-métrages au box office depuis le 22 juin, derrière Tenet de Christopher Nolan on trouve 6 films français, 30 jours max, Tout simplement Noir, Antoinette dans les Cévennes ou Adieu les Cons. 6 films français, 6 comédies…

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