La journée des femmes

Publicité

La journée des femmes

Par

.

Écouter

2 min

Alors que le jury est présidé cette année, faut-il le rappeler, par la seule femme à avoir eu une Palme d'or en 67 édition du festival, Jane Campion, et que les polémiques sont récurrentes sur la très faible participation féminine à la compétition, voici donc le film d'une jeune Italienne, Alice Rohrwacher, son second, après Corpo Celeste , repéré il y a trois ans à la Quinzaine des Réalisateurs. Il faudra se souvenir de ce nom, car son film, Les Merveilles , porte bien son nom. On est dans la campagne d'Ombrie, la lumière de fin d'été est magnifiquement rendue par un photographie en pellicule, on a oublié à quel point c'était beau, qui fourmille comme les essaims d'abeilles dont s'occupe une famille d'apiculteurs. Un père allemand colérique et idéaliste du retour à la nature, une mère italienne et quatre filles, toutes formidablement interprétées, confrontés à l'inéluctable transformation d'une nature multiséculaire en parc d'attraction pour touristes. Ajoutez à ça Monica Bellucci en fée de jeu télévisé, et vous obtenez un conte âpre et tendre qui nous a beaucoup touché. Des femmes, il y en a aussi dans l'autre film en compétition, The Homesman , de Tommy Lee Jones, qui sort aujourd'hui en salle. Des femmes rendues folles par les conditions terribles du far west, qu'il s'agit de convoyer vers l'Est pour les ramener à leurs familles. Beau sujet, que cette conquête de l'Ouest à rebours, dommage cependant que Tommy Lee Jones, qui joue aussi, très cabot, dans le film, l'abandonne assez vite pour se contenter de signer un western très classique, souvent beau mais assez vain. Comme si ce genre devait définitivement rester une affaire d'hommes.

Ce devait être l'événement off de Cannes, et ce fut un flop. Il n'y a pas eu tant de monde que ça pour se battre devant les salles qui projetaient Welcome to New York à quelques VIP, et surtout, les réactions, aussi bien des critiques que, sur les réseaux sociaux, des spectateurs du film en VOD, ont été très dures. Depardieu est excellent, mais le film est un mauvais docu-fiction. Au-delà des polémiques résiduelles sur un supposé antisémitisme, le délégué général de Cannes, Thierry Frémaux, qui ne l'a pas retenu dans sa sélection, a eu beau jeu de rappeler hier soir, devant une salle pleine venue acclamer la star Jessica Chastain dans un premier film américain, que le cinéma, c'est quand même d'abord fait pour être vu en salle !

Publicité