"La technique du chef d'orchestre s'apprend en une minute" : les dessous d'un geste par François-Xavier Roth
Par Tatiana ChadenatLa gestuelle du chef d’orchestre est souvent fantasmée par le public. Le chef d’orchestre François-Xavier Roth, en concert à la Philharmonie de Paris le 11 janvier 2019, fait tomber le mythe : pour lui, le geste n’est pas primordial.
Le rêve absolu du chef d'orchestre François-Xavier Roth ? Diriger un ensemble sans faire aucun geste.
François-Xavier Roth : "C’est l'un des gestes qui peut marquer le début. Les musiciens savent quelle va être la vitesse de ce qu’ils ont à jouer. Le geste est certes important, mais il est finalement très anecdotique chez les chefs d’orchestre et il est même définitivement remplaçable. La technique du chef d’orchestre s’apprend en une minute."
J’adapte le geste en fonction de ma maturité musicale : plus on est jeune, plus on fait de grands gestes ; plus on vieillit, plus on a une économie des gestes ; parce que, quand on commence à être chef d’orchestre, on veut montrer quelque chose à l’orchestre, comme si on avait besoin de justifier le fait qu’on se tienne devant eux.
Ce n’est pas une science exacte, le geste c’est la partie visible de quelque chose de beaucoup plus profond.
Mon rêve absolu serait, quand j’aurai une certaine maturité, de ne faire plus aucun geste, que les musiciens soient inspirés par la force de ce que je peux leur soumettre, par le magnétisme, par ma seule présence, à jouer le mieux possible.
Ce qui fait tout dans ce que je fais, c’est le résultat que l’on peut entendre dans l’orchestre, ma capacité à faire en sorte que les musiciens jouent au mieux de ce qu’il peuvent et même au-delà, quelque chose qu’ils n’avaient pas imaginé achever individuellement et collectivement.”