La Turquie recycle de plus en plus nos déchets plastiques

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La Turquie recycle de plus en plus nos déchets plastiques

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Un homme récupère des articles dans une décharge illégale le 29 novembre 2020 à Adana, en  Turquie. Il existe au moins 10 sites connus dans le sud de la Turquie où des plastiques européens ont été déversés illégalement.
Un homme récupère des articles dans une décharge illégale le 29 novembre 2020 à Adana, en Turquie. Il existe au moins 10 sites connus dans le sud de la Turquie où des plastiques européens ont été déversés illégalement.
© AFP - Yasin Akgul

La face cachée du globe. C'est une pratique répandue. Les pays développés, et donc les pays européens, exportent une partie de leurs déchets, tout simplement pour s'en débarrasser.La Turquie achète en effet ces plastiques usagés pour les recycler et ainsi produire des matières premières utiles à son économie.

Qu'elle soit consommée à Paris à Londres ou à Rome, une bouteille en plastique a de plus en plus de probabilités de finir sa vie en Turquie. Si des pays d'Asie comme l'Indonésie, les Philippines, la Malaisie et surtout la Chine refusent désormais d'être les poubelles des pays occidentaux et retournent à l'envoyeur leurs conteneurs de déchets, la Turquie en importe. Sur place, les défenseurs de l'environnement dénoncent la multiplication des décharges sauvages.

Éclairage avec Anne Andlauer, notre correspondante à Istanbul.

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Quelles sont les raisons qui pousse la Turquie à importer des déchets, en l'occurrence nos déchets plastiques, à nous, Européens ?

Elle les importe pour les recycler, et donc créer des matières premières utiles à son économie. Les importations de plastiques auraient ainsi rapporté 770 millions de dollars à la Turquie en 2019, plus de six fois le coût de ces importations… La Turquie fait cela depuis longtemps, mais ce qui a changé, depuis début 2018, c’est que les gros importateurs asiatiques, à commencer par la Chine, ont cessé d’acheter la plupart des déchets recyclables.

Les pays européens se sont donc tournés en priorité vers la Turquie qui a augmenté le volume de ce type d'importation. Les chiffres sont impressionnants ?

L'an dernier, la Turquie importait environ 48 500 tonnes de déchets par mois, contre 33 000 tonnes en 2018 et… seulement 4 000 tonnes avant 2018 ! Rien qu’en 2019, le pays en a reçu plus de 582 000 tonnes, principalement du Royaume-Uni, d’Italie, de Belgique, d’Allemagne et de France. Pour vous donner une idée, c’est l’équivalent de 213 camions remplis de déchets plastiques qui entrent chaque jour en Turquie... 

Mais tout n’est pas recyclé et cela se traduit par des emballages du géant français du surgelé Picard ou des sachets de la chaîne de supermarchés britannique Sainsbury’s gisant dans des décharges sauvages, régulièrement découvertes par des ONG de défense de l’environnement.

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Si le principe est de recycler ces déchets, pourquoi se retrouvent-ils dans la nature ?

La Turquie ne dispose quasiment d’aucun cadre législatif pour gérer ces importations massives de poubelles européennes. 

L’ONG Greenpeace dénonce des contrôles sommaires aux frontières et à l’intérieur du pays, une fois que les déchets ont été pris en charge par des sociétés de recyclage. Il arrive par ailleurs que ces sociétés de recyclage, qui travaillent sous licence des autorités, n’aient finalement pas les moyens de recycler tout ce qu’elles importent. Rien ne les empêche alors de revendre leurs déchets à des entreprises qui, elles, n’ont pas de licence.

Depuis peu, les autorités turques commencent enfin à réagir. Elles ont ordonné en septembre aux compagnies du secteur de limiter leurs importations de déchets recyclables à 50% de leurs besoins (contre 80 % auparavant), et de s'approvisionner localement pour le reste. Mais les ONG réclament, elles, une interdiction totale des importations de déchets plastiques.

La Méthode scientifique
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