"Rendre la vertu aimable, le vice odieux, le ridicule saillant, voilà le projet de tout honnête homme qui prend la plume, le pinceau ou le ciseau." L'origine et la nature du beau pour Denis Diderot.
Dans ses Recherches philosophiques sur l'origine et la nature du beau, Diderot rompt avec la conception métaphysique du Beau qui, de l'Antiquité à l'âge classique, liait intimement ce dernier au Bien et au Vrai. Procédant à une naturalisation du Beau, il y voit non plus une essence mais une qualité des objets proportionnés de telle manière qu'ils favorisent la vie humaine. Le beau n'est donc pas le bien. Pourtant, dans ses écrits sur les beaux-arts et dans ses Salons, Diderot relie ce qu'il avait délié en défendant une théorie humaniste des beaux-arts et en pratiquant une critique éthique de la peinture. Les artistes, affirme-t-il, ont un devoir moral : "Rendre la vertu aimable, le vice odieux, le ridicule saillant, voilà le projet de tout honnête homme qui prend la plume, le pinceau ou le ciseau". On analysera ici la complexité des positions de Diderot partagées entre une approche naturaliste du beau et une conception humaniste et éthique de l'art.
Le bien, le beau, l'art par Carole Talon-Hugon
49 min
Une conférence enregistrée dans le cadre du colloque Les morales de Diderot en août 2020, sous la direction d’Odile Richard-Pauchet et Gerhardt Stenger.
Carole Talon-Hugon, professeur de philosophie à l'université Paris-Est Créteil et membre honoraire de l'IUF. Elle préside la Société française d'esthétique et est directrice de publication de la Nouvelle Revue d'Esthétique.