Le Brésil de Bolsonaro : la culture en péril

Les artistes manifestent dans les rues de Rio, en soutien au candidat Haddad face à Bolsonaro, en octobre 2018
Les artistes manifestent dans les rues de Rio, en soutien au candidat Haddad face à Bolsonaro, en octobre 2018

Le Brésil de Bolsonaro : la culture en péril

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Le Brésil de Bolsonaro : la culture en péril

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Reportage | A peine arrivé au pouvoir au Brésil, Jair Bolsonaro supprime le ministère de la culture. Une décision à laquelle réagissent, sur place, les acteurs de la culture comme Eleonora Santa Rosa, directrice du Musée des arts de Rio, le musicien Gabriel Moura et le plasticien Ernesto Neto.

"Ce ministère de l’éducation de la culture nous allons le faire imploser !" avançait en 2016, du haut de sa tribune, Jair Bolsonaro pendant la campagne qui l'a mené au pouvoir. A peine arrivé à son nouveau poste, le président fait du ministère de la culture un secrétariat sous tutelle du ministère de la citoyenneté.

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Une décision à laquelle réagissent les acteurs de la culture comme Eleonora Santa Rosa, directrice du Musée des arts de Rio :  

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"Cette décision de supprimer le ministère de la culture est une décision obscure, obtuse qui en réalité est une négation de l’importance de l’intérêt de la culture au Brésil et même le pouvoir qu’elle exerce dans le monde. C’est une vision rétrograde qui regarde vers le passé et même dans ce passé à l’époque de la dictature militaire, il y avait un ministère de l’éducation avec un secrétariat d’Etat à la culture très actif c’est presque surprenant, un contre-sens. A l’époque c’était Aloisio Magalhaes, un designer très réputé, secrétaire de la culture dans un gouvernement militaire." 

Jair Bolsonaro a aussi menacé de supprimer une importante subvention accusée de “financer des artistes de gauche”. Ces suppressions s’inscrivent pourtant dans un climat politique plus ancien. En 2017, l’exposition Queer avait été interdite par le maire de Rio, un évangélique proche de Bolsonaro, pour apologie de la pédophilie et de la zoophilie. En septembre 2018, le Musée national de Rio, vétuste, n’ayant pas reçu ses subventions à temps, est parti en fumée.

L'incendie du musée de Rio, tout un symbole pour le musicien Gabriel Moura

Gabriel Moura : "Quand le musée a pris feu c’était comme si on avait perdu une guerre décisive parce qu’ils ont réussi à détruire le gigantesque trésor qu’il y avait dans ce musée. Ils ne s’intéressent pas à la culture, ce n’est pas une priorité, et ça n’en sera pas une dans les prochaines années. C’est comme si le Brésil tout entier était parti en fumée ; c’était une richesse inestimable. C’était comme si on avait vu tous nos idéaux, toutes les conquêtes du peuple brésilien et de la culture brésilienne s’embraser d’un seul coup. C’était très triste, comme si ça nous annonçait qu’ils allaient triompher. et c’est ce qu’il s’est passé."  

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Pour des artistes comme le plasticien Ernesto Neto, créer reste le meilleur moyen de lutter

Ernesto Neto : "Je pense que l’art peut être la grande clé de cette période de mutation parce que l’art incorpore le délire et le niveau d’irrationalité diffusé par le biais des fake news et de ces discours de propagande est si important que seul l’art est capable d’inverser cette tendance. La question culturelle est au centre de ce qui nous arrive. C’est grave, vous comprenez, le pouvoir de la culture. La culture peut être un venin. C’est pour ça qu’ils sont contre l’art parce que l’art est la partie de la culture la plus libertaire."