En quelques mois, le camp est passé de 80 à 2.500 personnes, dont 200 enfants.
Emmitouflé dans sa doudoune, Basem, 28 ans, s'excuse : "Je vais vous montrer ma tente, c'est la petite là, mais je suis désolé, elle n'est pas très propre". A l'intérieur, son kit de survie, des corn flakes, du coca et un duvet. Écoutez :
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Avant d'arriver à Grande-Synthe, il y a quelques jours, Basem était ingénieur chez Polymer Industrial Company en Iran. Mais il a choisi de fuir son pays. Appartenant à la minorité sunnite, il se dit persécuté par le pouvoir chiite.
Le jeune homme est parti il y a presque deux mois. Il a traversé la Turquie, la Grèce, la Macédoine et la Croatie avant d'arriver en France, dans ce camp qui existe depuis 2006 et où sont désormais massés une majorité de Syriens, d'Irakiens, souvent kurdes, et d'Iraniens . Basem veut aujourd'hui à tout prix rejoindre son oncle en Grande-Bretagne_. "Je me sens mal ici. Il n'y a pas d'infrastructure pour être au chaud. On s'inquiète pour notre santé. Tout est très sale et je suis congelé ici, il fait vraiment trop froid, je tousse et j'ai de la fièvre."_
En quelques mois, le camp est passé de 80 à 2.500 personnes, dont 200 enfants.
Avec seulement deux points d'eau, une dizaine de toilettes et pas de douche chaude , c'est une décharge à ciel ouvert, raconte Claire Millot de l'association Salam, qui a vu grandir le camp : "En juin dernier, il n'y avait que seize tentes et maintenant, il y en a des centaines ".
Depuis octobre dernier, Médecins Sans Frontières et Médecins du Monde sont venus porter secours aux réfugiés et propose soixante consultations par jour. Pour Mathieu Baltazar, infirmier en charge des cliniques mobiles à MSF, Grande-Synthe, c'est pire que dans la jungle de Calais : "A Calais, il y a des abris, mais pas ici. C'est pour ça qu'on parle de décharge. C'est plus organisé dans les camps gérés par le HCR en Afrique ".
Et cet habitué des missions à l'étranger ajoute : "c'est impressionnant de venir travailler sur ce type de problématique dans son propre pays ".
Damien Carême s'est battu pour ça pendant des mois auprès des services de l'Etat.* "Je n'ai pas la même approche que la maire de Calais, moi je propose des solutions à l’État. Alors oui c'est un camp de réfugiés ici en France mais on n'a pas le choix". *
Il vient finalement à peine d'obtenir un feu vert pour un camp humanitaire financé par l'Etat et qui devrait être piloté par MSF et MDM.
Mais dans le meilleur des cas les réfugiés vont encore devoir attendre encore quatre semaines pour sortir de ce bourbier , et la forte pluie qui doit s'abattre toute la semaine sur Grande-Synthe ne devrait rien arranger. Heavy rains bring disease and disaster to France's forgotten refugee camp. The Guardian