Centre de traitement choléra de MSF à Tabarre, tente des admissions Laurent Grout©Radio France
1000 morts et une dizaine de milliers de malades infectés en un mois, officiellement, avec un sinistre décompte qui ne cesse de s'aggraver . Depuis la mi-octobre, Haïti lutte contre le choléra, qui n’avait pas été repéré dans le pays depuis au moins un siècle. Et du type le plus dangereux qui soit selon le ministre haïtien de la Santé, le Dr Alex Larsen. La souche « 01 », identique selon des experts à celle qui a fait irruption en Indonésie il y a 49 ans. Elle peut tuer en trois heures, car la diarrhée qu'elle entraîne ne s’arrête pas. Le malade se déshydrate rapidement et a besoin d’antibiotiques, en plus de liquide pour se réhydrater.
Et "la transmission va continuer pendant un certain nombre d'années", a estimé Manoj Menon. Chargé de la liaison entre le Centre de contrôle des maladies (CDC) et l'USAID, l'agence américaine de l'aide publique au développement, il s'est basé sur la corrélation entre le taux de mortalité infantile et la vitesse de propagation de la maladie, considérée comme un indicateur de la force de l'épidémie. Ce que confirme le porte -parole de la Croix-Rouge française, Jean François Riffaud, de retour d'Haïti , interrogé par Nadine Epstain (18 nov) :
Un nouveau drame favorisé par l'ouragan Tomas pour des Haïtiens qui n'ont aucune immunité car jamais exposés à cette infection.
Les premiers cas ont été signalés dans l'Artibonite, dans le centre d'Haïti , avant de se propager au reste du pays et même à la République Dominicaine et aux Etats-Unis.
Dans le même temps, des manifestations liées à l'épidémie se sont multipliées avec au moins un mort et plusieurs blessés . D'abord à Cap-Haïtien, dans le nord, et à Hinche (centre) avant d'éclater à Port-au-Prince.
Sur la base d'une rumeur persistante, les Nations unies ont été vivement prises à partie aux cris de : "Le choléra c'est la Minustah qui nous a donné ça" ou "Minustah allez-vous-en". Une pancarte indiquant aussi en créole: "La Minustah répand des excréments dans la rue". Compte-rendu de ces violences, Isabelle Labeyrie (19 nov) :
Emeutes à Port-au-Prince, Place du Champ de Mars, le 18 novembre 2010 Isabelle Labeyrie © Radio France
Le président René Préval a lancé un appel au calme. Dénonçant des groupes qui chercheraient à attiser les troubles, il a appelé à "maintenir la solidarité avec les autorités nationales et la communauté internationale". Edmond Mulet, le patron de la Minustah, a lui déclaré que ces événements avaient été "bien planifiées et concertées". "Des empêcheurs de tout acabit, d'anciens membres de l'armée haïtienne, certains responsables politiques, des criminels, des groupes hostiles aux élections se cachent derrière ces incidents". Il n'a pour l'instant pas été question pour autant d'annuler les élections présidentielles et législatives du 28 novembre .