La quête du plaisir est souvent présentée comme contradictoire avec l’accomplissement éthique. N’est-ce pas là un préjugé hérité d’une culpabilisation du désir et du plaisir, notamment par les monothéismes. Peut-on concevoir une vie de plaisir, et en même temps une vie morale ?
Peut-on fonder une éthique sur le plaisir ?
Cette question recouvre ce qui a eu lieu dans l’histoire de la pensée. Je vais me centrer sur trois penseurs ; Épicure, qui répondrait : "Oui, on peut fonder une éthique sur la plaisir, mais sur lui seul, pas sur la souffrance" ; Saint François d’Assise, qui répondrait : "Non, on ne peut pas fonder une éthique sur le plaisir, on ne doit pas jouir de ce dont on use, il faut disjoindre l’usage de la jouissance" ; et Spinoza, qui reprendrait la problématique épicurienne, mais à la lumière d’une critique de ce qu’il appelle la "superstition de l’abstinence".
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Or, nous avons l’habitude de considérer que les mots éthique et morale sont synonymiques. C’est à la fois vrai et faux.
L’éthique, une discipline normative qui a pour but de prendre soin de la façon d’être. Il y a donc pour Épicure, une façon de vivre qui est "bonne, convenable, adéquate", pour que l'accomplissement de soi advienne. Sans d’ailleurs considérer cette formule comme un jugement de valeurs morales.
Et se rappeler que "Le désir est l'essence même de l'homme, c'est à dire l'effort par lequel l'homme s'efforce de persévérer dans son être." Baruch Spinoza.
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Un entretien enregistré en 2012.
Henri Peña-Ruiz, philosophe, professeur en Lettres Supérieures et à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris.