"Le Greco va au-delà de la manière, au-delà du style"
A l'occasion de l'exceptionnelle rétrospective à la National Gallery de Londres des œuvres du Greco en 2004, "Peinture fraîche" propose une discussion avec des critiques d'art autour de ce peintre majeur du 16e siècle.
En compagnie de l'historienne de l'art Sarah Wilson, nous commençons une visite guidée de la rétrospective consacrée au Greco à la National Gallery en 2004. Elle nous explique que Le Greco "sort du normal, sort de l'iconographie héritée pour faire quelque chose de beaucoup plus extraordinaire". La critique d'art Guithemie Maldonado nous présente les corps étrangement allongés du Greco, "tout est tendu vers le haut, vers le ciel, c'est peut-être l'une des cause de l'étrangeté des toiles".
Les réponses ne sont pas du tout une question de regard mais une question physiologique. Nous sommes tirés dans plusieurs sens émotionnels, spatialement par des spirales. Dépeindre la gloire qui rayonne nous repousse et puis nous sommes aspirés. Sarah Wilson
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"Peinture fraîche" consacrée à l'oeuvre du Greco. Une diffusion du 25/02/2004.
54 min
Le corps est entre deux : il est à la fois dans la chair et au-delà de la chair. C'est sans doute aussi cela la quête de spiritualité. [...] C'est aussi cela la fascination qu'exerce l’œuvre du Greco, c'est qu'il faut malgré tout exprimer cette spiritualité avec des moyens matériels. Guithemie Maldonado
Le Greco dépasse par bien des aspects le courant maniériste, "il peut prendre ce style et l'infuser avec une originalité", nous explique-t-on. "C'est un très grand coloriste" aussi comme on peut le voir avec les couleurs vertes et les tons orangés qu'il magnifie dans différentes toiles. Il manie très bien également le clair-obscur, "ce n'est pas simplement un jeu d'ombre et de lumière" dans le corps humain mais un combat entre le Bien et le Mal.
Greco transforme la réalité en théâtre, mais la réalité est toujours là. Il la magnifie dans un sens pour l'amener à un certain niveau d'émotion, à une certaine forme d'émotion. mais ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de réalité du tout dans cette peinture. Il va au-delà de l'idée même du style, il force l'idée du style jusqu'à une sorte de musicalité pure puisqu'il reste presque dans la surface de la toile. En cela, il est extraordinairement en avance et d'autre part il crée autre chose qui contrebalance cette présence très forte de la peinture sur la surface, c'est le mouvement et le mouvement c'est cet orage permanent qui est fait avec du vent aussi. Bruno Mathon
- "Peinture fraîche"
- Première diffusion le 25/02/2004
- Producteur : Jean Daive
- Réalisation : Clotilde Pivin
- Indexation web : Documentation de Radio France