
Sous l’œil malicieux d’Agnès Varda, juchée sur un homme courbé et accrochée à sa caméra, 21 films se disputent la Palme d’or cette année. Une 72e édition du Festival de Cannes assez équilibrée, entre jeunes cinéastes et vieux habitués, mais toujours aussi pessimiste sur l’état du monde.
Cannes ne serait pas Cannes sans ses habituels grands cinéastes, ceux qu'on appelle les "abonnés du festival", dont certains déjà deux fois palmés d'or, comme les frères Dardenne ou Ken Loach. Parmi les 21 films en compétition, on retrouvera donc cette année Pedro Almodovar, Arnaud Desplechin, Terrence Malick, Quentin Tarantino ou encore Xavier Dolan, qui, bien qu'à peine trentenaire, en est quand même déjà à sa troisième compétition. Mais de vrais jeunes nouveaux, il y en a cette année : un premier film, "Les Misérables", de Ladj Ly, qui s'était fait remarquer avec le court métrage du même nom, et des jeunes femmes, qui ont fait leurs preuves ici et là depuis quelques années : Céline Sciamma, Justine Triet, l'Autrichienne Jessica Hausner et la Franco-Sénégalaise Mati Diop. Quatre femmes en compétition, c'est un record à Cannes, 6 films français aussi, puisqu'il faut encore compter avec Abdellatif Kechiche, dont les 4h de "Mektoub my love: Intermezzo" ont été rajoutés in extremis en compétition.
Que sera, sera
De quoi nous parlera le festival cette année ? Très largement du monde tel qu'il va, c'est-à-dire plutôt mal : des banlieues, entre misère et djihadisme adolescent, et de la guerre des classes, des migrants et de l’Amérique de Trump, des manipulations génétiques et de l'ubérisation du travail, de mafia et de police corrompue, mais aussi de cinéma, avec l'évocation par Quentin Tarantino du Hollywood d'il y a cinquante ans, ou le très intro- et rétrospectif "Douleur et gloire" de Pedro Almodovar. Ce dernier remportera-t-il enfin dans 11 jours la Palme d'or qui lui passe sous le nez depuis 20 ans qu'il avait présenté "Tout sur ma mère" sur la Croisette ? Comme le chantait chez Alfred Hitchcock, c’était dans "L’homme qui en savait trop", l'actrice Doris Day, disparue hier à l'âge vénérable de 97 ans : "Que sera, sera"..
Chronique à écouter
Cannes Jour 1 - Chronique Antoine Guillot
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