François, un pape de combats 5/7. "La France est toujours la fille aînée de l’Église, dit le pape sur un ton un peu badin, mais pas toujours la plus fidèle." Elle demeure, pour François, un révélateur des enjeux catholiques.
Le pape et la France, c’est… un peu compliqué ! Mais François préfère regarder vers l’avenir. Même s’il a attendu près de dix ans pour créer cardinal en France, c’est désormais chose faite, avec monseigneur Aveline, l’archevêque de Marseille, proche des pauvres et des migrants, très "bergoglien".
Pour le pape, la France est une nation qui compte et qui bouge, comme son Église et comme son président Emmanuel Macron, élevé chez les jésuites. François s’est d’ailleurs intéressé au débat Macron-Le Pen avant le deuxième tour, lui qui s’inquiète de la montée de l’absentéisme et du nationalisme.
Mais la France, pour François, n’est pas une priorité. Contrairement aux périphéries, elle n’a pas besoin du pape, pense-t-il. Donc il n’y vient pas, même si son entourage tente de le motiver pour un voyage à Lourdes, pour Marie, à Marseille, pour la périphérie, la Méditerranée et son nouveau cardinal, ou à Paris pour la fin des travaux de la cathédrale Notre-Dame prévus en 2024.
Rome sans la France
François, donc, ne vient pas, contrairement à Jean-Paul II, qui a fait de la France le pays le plus visité de son pontificat juste après sa Pologne natale.
Mais si le pape ne vient pas, la France vient souvent à lui. Associations, hommes politiques, chefs d’entreprises, groupes catholiques ou pas, évêques bien sûr, les Français font sans aucun doute partie des étrangers les plus souvent reçus en audience par François.
En revanche, à Rome, la présence française devient presque inexistante.

Au Vatican, même les traductions des documents officiels ne sont pas toujours en français. C’est en fait le reflet du manque de prêtres : il y en a de moins en moins en France, et, du coup, de moins en moins au Vatican, où, oui, la France compte moins. L’Église de France n’est pas non plus très fan du Vatican…
Mais ce qui se passe au Vatican et les priorités du difficile pontificat de François ont une vraie résonnance en France.
Une Église "créative"
La tolérance zéro pour les prêtres coupables d’agressions sexuelles, par exemple. Pour le pape, le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), commandé par les évêques de France, est une réelle avancée. En Italie, par exemple, les prélats n’iront jamais aussi loin... Mais attention, François ne voudrait pas que l’on donne à penser que le problème est systémique et intrinsèquement lié à l’Église.
Pas simple donc la relation avec l’Église de France qu’il qualifie de "créative"...
François cherche aussi à stopper la dérive, selon lui, des traditionnalistes. Pour cela, il remet au placard la messe en latin, libéralisée par Benoît XVI. Car s’ils sont minoritaires, les "tradis" se font entendre, surtout aux États-Unis mais en France aussi, où, ne l’oublions pas, l’église catholique a vécu son dernier schisme. C’était en 1988 avec l’excommunication de Mgr Lefebvre.

La France est un révélateur : le pape doit composer avec des catholiques réformistes et d’autres avant tout identitaires.
Autre résonnance, en France, des combats du pape : la défense des migrants. Lors d’un voyage à Lesbos, François parle pour la première fois de "naufrage de la civilisation" lorsqu’il évoque ces réfugiés que l’Europe ne veut pas accueillir et la Méditerranée devenue un cimetière froid sans pierre tombale. Ce même jour, en France, l’extrême droite prône l’immigration zéro et dit même vouloir créer un ministère de la "remigration".
Avec le concours de Chadi Romanos et d'Éric Chaverou
À écouter également en complément : Les églises françaises à Rome sont-elles si pieuses ?
Découvrez notre dossier avec l'ensemble des vidéos de notre série "François, un pape de combats"
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