Le cinéaste et intellectuel français Chris Marker, notamment connu pour son film « La jetée » (1962) et « Le fond de l’air est rouge » (1977) est mort dimanche, à Paris, à l’âge de 91 ans. Il avait collaboré avec de grands réalisateurs tels qu’Alain Resnais, Costa Gavras ou encore Akira Kurosawa.
Chris Marker se fait connaître en 1962 avec le film « La jetée », devenu culte depuis. Ce court métrage de 28 minutes est construit uniquement d’images fixes en noir et blanc, hormis une très courte séquence filmée, accompagnées du commentaire d’un narrateur. C’est l’histoire d’un homme marqué par un souvenir d’enfance. Et comme dans la vie, les souvenirs sont partiels, décousus et reviennent dans un ordre qui n’est pas forcément chronologique.
Un homme de voyages et d’engagements
Multi facettes, Chris Marker a exploré différents domaines, comme la littérature, la photographie et le cinéma. Essayiste, il a signé plusieurs ouvrages dont « Le cœur net » (1950) et une étude sur Giraudoux. Il lance et dirige la collection « Petite planète » aux éditions du Seuil dont la particularité repose sur une présentation très cinématographique de villes et pays étrangers. Il a aussi été critique cinéma pour « Les cahiers du cinéma » au lancement de la revue.
Chris Marker a commencé sa carrière cinématographique en parcourant le monde pour l’UNESCO, il se lance alors dans le documentaire et fait ses débuts comme assistant d’Alain Resnais sur « Nuit et Brouillard ». En 1952, il réalise « Olympia 52 », un film documentaire sur les Jeux Olympiques d'Helsinki. Il réalise un hommage aux pays socialistes en tournant « Lettre de Sibérie » en 1958.
Il est coréalisateur avec Alain Resnais de « Les Statues meurent aussi » et il subit la censure jusqu'en 1963 pour cause de critique du colonialisme. Chris Marker signe un cinéma documentaire de réflexion sur le monde contemporain qui marquera et influencera plusieurs générations de cinéastes et réalisateurs.
**Un ** **explorateur ** des nouvelles technologies
Chris Marker a également exploré de nouveaux domaines artistiques dès les années 1980. Il s’intéresse successivement à la vidéo puis présente des installations multimédias telles que « *Zapping Zone ou Propositions pour une télévision imaginaire * » et « Silent Movie ». En 1998, dans le CD-Rom « Immemroty », Chris Marker propose « la géographe de sa propre mémoire », une mémoire déconnectée de la linéarité temporelle.
Toujours à la pointe des innovations technologiques et sociales de son époque, Chris Marker construit, avec Max Moswitzer, le monde de l’Ouvroir sur Second Life avec un musée virtuel et une salle de projection.
Les réactions et premiers hommages
Programmateur à la cinémathèque française, Jean-François Rauger réagit au micro de Raphaël Bourgois à la disparition de Chris Marker.
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2 min
Gilles Jacob , le Président du festival de Cannes a été l’un des premiers à rendre hommage au cinéaste.
Esprit curieux,cinéaste infatigable, poète amoureux des chats, vidéaste, personnage secret,immense talent, sommes orphelins de Chris MARKER
— gilles jacob (@jajacobbi)
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Jean-Michel Frodon , critique de cinéma et proche de Chris Marker, a salué « quelqu'un d'immensément important pour tous les gens qui tentent de réfléchir au cinéma et à l'image, ainsi qu'au monde contemporain ». Pour lui, Chris Marker était « un explorateur dans tous les sens du terme, à la conscience politique et à l'engagement très forts ».
L'homme discret et secret n'a laissé que quelques rares photos de lui et aussi peu d'interviews. Il a toujours préféré laisser parler ses travaux, écrits, photographiques ou cinématographiques.
A réécouter : dans la première partie du Déjeuner sur l’herbe , hommage à Chris Marker.> Pour découvrir ses œuvres : un hommage à Chris Marker propose vingt de ses films à La Cinémathèque de Paris.> A lire : le n° de la revue Images documentaires, consacré à Chris Marker, est épuisé mais disponible au format pdf.