Vidéo. C'est la rentrée, au boulot ! Mais le travail, au fond, c'est quoi ? 11 personnalités, dont Jean-Luc Godard, Simone de Beauvoir, Jean Cocteau ou Jacques Prévert vous donnent leur définition, intime et universelle.
11 archives, et autant de définitions du travail : artistes et intellectuels éclairent cette activité de leur pratique toute particulière. Et pour vous, c'est quoi, le travail ?
Juliette Gréco, 1968
Est-ce que je peux me permettre de vous dire que ma carrière ne m’intéresse pas ?
Je ne le croirais pas, mais vous pouvez, vous êtes là pour ça.
Alors est-ce que je peux me permettre de vous dire que seul mon travail et le dialogue existent ?
Marguerite Duras, 1984
C’est être là, à cette table, tous les jours que Dieu fait. Tous les jours, tous les jours.
Être comme ça, à ne rien faire. Et surtout, à ne pas rêver.
Françoise Sagan, 1985
Quand je travaille, je ne travaille pas tout le temps, mais quand je travaille, je travaille la nuit.
Parce que la nuit, il n’y a pas de bruit, tous les chats sont gris, et tous les murs sont… sont… blancs.
Enfin tout le monde dort, quoi.
Il n’y a pas de téléphone.
Simone de Beauvoir, 1975
Moi, ce que je conseillerais à toutes les femmes, c’est de travailler.
D’obtenir les qualifications les plus hautes qu’elles peuvent, et d’avoir le travail le plus intéressant possible.
Mais surtout, un travail qui lui assure l’indépendance économique.
Jacques Prévert, 1973
Je n’ai pas fait tous les métiers. J’en ai fait très peu. Le moins souvent possible.
Parce que j’étais doué d’une grande paresse.
Je ne dis pas ça en m’accusant, je n’en ai aucun remords.
Je n’aimais pas beaucoup le travail.
C’est drôle. J’étais feignant, mais j’aimais les travailleurs.
Je les regardais, ils me plaisaient. Surtout ceux qui faisaient les travaux les plus pénibles.
Je trainais dans Paris. J’aimais les égoutiers. J’aimais les vidangeurs. J’aimais les balayeurs.
Jean Cocteau, 1961
Pour moi, pas de vacances.
Pourtant il fait si beau !
Oui mais c’est toujours le travail.
Ce qu’on appelle les besognes, ce n’est pas le travail.
Et les besognes paralysent le travail, empêchent le travail.
Alors j’ai beaucoup de peine à faire mon vrai travail, parce que l’un me demande une besogne, l’autre m’en demande une autre…
Et finalement, de besogne en besogne, je ne fais rien !
Je fais beaucoup de choses mais pour moi, ce n’est rien, parce que mon vrai travail ne peut pas se faire.
Salvador Dalí, 1978
Vous travaillez tout le temps ?
Tous les charmants ouvriers qui étaient là m’ont vu travailler jusqu’à ce que vous soyez arrivé.
Et quand je suis au restaurant, je continue à travailler, c’est incessant.
Pierre Bourdieu, 1998
Le sociologue digne de ce nom est quelqu’un qui a un métier très difficile, et qu’il exerce tout le temps.
Chez nous, les choses essentielles sont floues, ne sont pas encore constituées, les concepts sont élastiques.
Et du même coup, c’est très long à acquérir. Et on devient un bon sociologue autour de 50 ans, à condition d’avoir très bien travaillé.
Maria Callas, 1969
Nous avons le métier le plus difficile au monde.
C’est comme un athlète, hélas, notre métier est comme ça d’abord. Ensuite l’art, évidemment.
Tout ce que vous avez dit comme merveille sur l’art, l’expression, les mille couleurs, les millions de couleurs… Il faut avoir l’instrument qui te répond à 100%
Georges Perec, 1976
Je travaille toujours par des petits bouts, dans des trajets en autobus ou en métro, ou en train ou en attendant, ou un peu dans un café, comme ça.
Et puis après le problème, c’est de rassembler ces carnets, ces notes, de voir à peu près où on en est, et puis d’essayer de suivre son fil.
Jean-Luc Godard, 1965
Je crois que si on fait quelque chose, il ne faut pas trop se poser de questions.
Si je faisais du théâtre ou de la peinture, je me poserais des problèmes.
Picasso dit qu’on ne sait ce qu’on va faire que parce qu’on est en train de le faire.