Appropriation | Entre histoires coloniales et appropriations culturelles, découvrez l'histoire du wax, un tissu plus universel qu'on ne le pense.
Au cœur de polémiques sur l'appropriation culturelle, le wax est un tissu hybride dont l'identité est multiple. De l'Indonésie au Ghana en passant par les Pays-Bas, découvrez les différentes vies de ce tissu chatoyant, porté dans la quasi totalité de l'Afrique subsaharienne et depuis peu sur les podiums des défilés parisiens.
Paris 2017. Stella McCartney crée la polémique en utilisant des tissus wax pour son défilé lors de la Fashion Week parisienne. Elle est accusée d’appropriation culturelle mais pour l'historienne de l'art Anne-Marie Bouttiaux, "ce qui rend ce tissu absolument fascinant est son hybridité, le fait qu’il défie toute possibilité de se voir assigner une identité fixe, pure. Bien plus que le concept d’identité, celui d’identification est à mon sens plus utile pour évoquer ce qui permet à un individu de se positionner, de se définir. Avec le wax, on se trouve face au même entrelacs d’identification multiple selon l’endroit où il est porté et selon le contexte qui le met en scène".
Originaire d’Indonésie
Le wax doit son inspiration au batik indonésien, inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2009. Selon un procédé ancestral, les Javanais utilisent de la cire pour dessiner des motifs avant de teindre le tissu. La cire est ensuite enlevée à l’eau chaude laissant apparaître le motif, d’où le nom de wax (cire en anglais).
Fabriqué en Europe
Au milieu du XIXe siècle les Anglais et surtout les Hollandais ont commencé à copier les tissus batik produits à Java. Ils les ont manufacturés pour produire plus vite et moins cher et les vendre sur le marché indonésien. Mais les ventes ne suivent pas. Dans les années 1890, les Hollandais de la firme Vlisco s’inspirent alors de motifs africains pour vendre leur tissu en Afrique, via l’actuel Ghana avec un succès immédiat.
Diffusé en Afrique
Au départ c’est un produit de luxe, puis dans les années 1950, il est popularisé par les “Mamas Benz”. Ces revendeuses togolaises vont diffuser le tissu largement. Comme ce tissu n’est pas lié à une population africaine particulière, tout le monde se l’approprie. Il devient un tissu panafricain.
Comme c’était déjà le cas en Indonésie, le wax est aussi un outil de communication. Les motifs et les teintes ont des significations particulières selon les pays et les circonstances. "Là où un dessin commence à devenir très fort, c’est quand il est toujours utilisé pour la même période ou la même cérémonie. Il y a des dessins au Ghana qui sont utilisés spécifiquement pour les enterrements”, explique un responsable de l'entreprise Vlisco au Ghana_._ Dans les années 1960, à l’aube des indépendances, plusieurs pays africains se mettent à produire eux-mêmes du wax. C’est le cas au Ghana, au Sénégal, au Nigéria et en Côte d’Ivoire. Beaucoup d’usines ont depuis été rachetées.
Produit en Chine
Dans les années 1990-2000, les "Mamas Benz "et les productions locales sont concurrencées par l’arrivée de wax “made in China”. La Chine se met à produire du wax bon marché. Aujourd’hui la production chinoise représente 90% du marché du wax.