Le second tour de ce dimanche a abouti à une abstention historique pour des législatives, à une majorité confirmée mais atténuée pour La République en marche, à une opposition éclatée, à des partis traditionnels totalement remis en question et à une Assemblée renouvelée, comme jamais.
Une semaine après un premier tour déjà marqué par une abstention historique, la tendance s'est singulièrement confirmée ce dimanche. En revanche, si La République en marche obtient bien une majorité absolue confortable, et sans le Modem, elle n'est pas aussi large que prévue. Les partis traditionnels restent le plus souvent particulièrement remis en question, même si la droite peut s'estimer soulagée avec une centaine de députés. Enfin, l'Assemblée présentera un visage renouvelée aux 2/3, plus jeune et historiquement féminin, et avec des candidats "atypiques" comme trois nationalistes et le cinéaste François Ruffin.
Une abstention historique
L'abstention a atteint 57,36% ce dimanche, selon les chiffres officiels du ministère de l'Intérieur. Alors que l'on parlait déjà de la plus faible mobilisation de l'histoire de la Ve République il y a une semaine. A 17h ce dimanche, aucun département n'enregistrait plus de 50% de votants ! La Corrèze avait le plus voté (47,49%), et la Seine-Saint-Denis le moins (21,11%).
A LIRE Abstention : 50 ans de montée vers les sommets
Sur notre antenne, Yves Bardon, d'Ipsos France, a avancé les mêmes explications qu'il y a une semaine, mais amplifiées : la déception à l'égard de l'offre politique, le problème de la représentativité (ni sociale, ni politique, ni culturelle), et un "cela ne changera rien que je vote car les choses sont pliées".
Ludovic Piedtenu, chef de notre service politique, a également évoqué une "abstention de classe" à analyser quand on se rend compte que 69% des ouvriers et 61% des employés ne sont pas allés voter.
A LIRE Age, diplôme, revenus... qui sont les abstentionnistes du second tour des législatives ?
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Ce record serait aussi dû selon certains par une séquence électorale particulièrement longue : primaires à gauche et à droite, présidentielle puis législatives, avec des mois de campagnes et de scrutins.
La question du mode de scrutin est justement posée par cette abstention affirment aussi des analystes et des politiques, ainsi que la fameuse inversion de 2002 du calendrier législatives, présidentielle.
Une large majorité pour La République en marche, mais...
Le mouvement du président bénéficiera bien d'une armée de députés. 308, selon les résultats officiels, soit la majorité absolue de 289 sièges sans devoir recourir au soutien des élus Modem (42). La victoire est donc au rendez-vous, avec deux belles prises de guerre à Paris et Lyon, face à Nathalie Kosciusko-Morizet et à Najat Vallaud-Belkacem. Mais au lendemain du premier tour des projections et des analystes tablaient sur jusqu'à 450 élus La République en marche. Au quartier général du mouvement, le mot d'ordre ce soir d'ailleurs était la sobriété : a priori pas de champagne ni de soirée dansante. La présidente par intérim du mouvement et proche du président de la République, Catherine Barbaroux, a aussi accueilli "cette victoire avec beaucoup de lucidité (...) et d'humilité".
Les têtes d'affiches ont elles été invitées à l'Elysée et elles se demanderont sûrement avec Emmanuel Macron pourquoi le mouvement n'a pas suscité autant d'adhésion, avec pareille abstention.
TOUS LES RÉSULTATS, COMMUNE PAR COMMUNE
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Les scores de six ministres candidats étaient aussi en ligne de mire, symboles du crédit que pouvaient leur accorder les Français. Ils devaient l'emporter pour pouvoir rester au gouvernement, condition posée par le président de la République. Résultat : carton plein, mais là aussi pas toujours aisément. La plus mal placée au départ, la ministre de l’Outre-mer a réussi le défi. Investie par le Parti radical de gauche et soutenue par LREM, Annick Girardin a obtenu un troisième mandat dans la circonscription de Saint-Pierre-et-Miquelon pour 136 voix devant Stéphane Lenormand, d'Archipel Demain (DVD).
A Paris, le secrétaire d'Etat chargé du Numérique, Mounir Mahjoubi, l'a, lui, emporté avec seulement quelques centaines de voix d'avance.
En revanche, pas de souci pour le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ni pour Marielle de Sarnez et Richard Ferrand, malgré les affaires. Ainsi que pour le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qui avait passé deux mandats à l'Assemblée sous la bannière des Républicains.
A LIRE L'abstention, talon d'Achille de la majorité d'Emmanuel Macron
Une opposition éclatée
Plusieurs contre pouvoirs ont commencé à se manifester ce dimanche soir.
A gauche, le Parti socialiste et ses alliés (PRG inclus) vont créer un groupe parlementaire (15 personnes minimum) grâce à un score moins sévère qu'annoncé. Mais le PS devra aussi se trouver une nouvelle direction, dans tous les sens du terme...
Fort de 26 députés, le nouvel élu marseillais Jean-Luc Mélenchon a lui aussi annoncé un futur groupe parlementaire pour La France insoumise. Ce groupe déterminant pour des places dans des Commissions, du temps de parole et de l'influence dans les débats ou des avantages financiers.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Le chef de file des Républicains, François Baroin, a lui salué dimanche soir la création d'un groupe LR "suffisamment important pour faire valoir les convictions" de la droite. Avec ses alliés de l'UDI, comptera 131 députés. François Baroin et Gérard Larcher, le président du groupe LR du Sénat, ont insisté sur le fait que les Républicains et l'UDI formaient "la première force de l'opposition" à l'Assemblée.
En revanche, si Marine Le Pen va se faire entendre à l'Assemblée, aux côtés de son compagnon Louis Aliot, le score du Front national (8 sièges) n'est pas suffisant pour envisager un groupe parlementaire. "Nous sommes la seule force de résistance à la dilution de la France, de son modèle social et de son identité", a pourtant déclaré la présidente du FN.
On notera par ailleurs une première : l'arrivée de 3 députés nationalistes corses. Ils ont remporté 3 circonscriptions sur les 4 que compte l’Ile de Beauté, au nom du mouvement Pè A Corsica.
Mais l'opposition se jouera aussi ailleurs, selon des éditorialistes comme Christophe Barbier : à la tête des régions et des grandes villes, ou par le biais de l'Association des Maires de France, justement présidée par François Baroin.
Des partis traditionnels à repenser
Comme un symbole, le Parti socialiste reste sans tête. Son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé son retrait de la direction du PS, après avoir admis une "déroute sans appel" : 29 sièges. Un groupe va pouvoir subsister, avec notamment l'arrivée de Benoît Vallaud, dans les Landes. Mais le PS est très loin des 284 sièges socialistes de l'Assemblée sortante, et devra faire sans Benoît Hamon ou Aurélie Filippetti, éliminés dès le premier tour. Idem ce soir pour les ex ministres de François Hollande Najat Vallaud Belkacem et Myriam El Khomri (cette dernière brandissant pourtant le soutien d'Emmanuel Macron). Une direction collégiale sera mise en place "dans les plus brefs délais", a précisé Jean-Christophe Cambadélis. Selon une des porte-paroles du PS, Corinne Narassiguin, le Bureau national du PS devrait discuter mardi du calendrier de ces changements.
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Rue de Solférino, on va maintenant compter ses troupes et faire le point sur les différentes sensibilités, en particulier par rapport à l'élan gouvernemental. Qui pourrait passer dans le camp Macron ? Quid par exemple de deux figures, l'ancien Premier ministre Manuel Valls et l'ancien ministre socialiste Stéphane Le Foll, qui ont bénéficié de l'absence de candidat LREM face à eux.
Même question chez Les Républicains, avec des caps à fixer en fonction de personnalités comme Laurent Wauquiez. En nommant des élus LR à Matignon (Edouard Philippe) et à Bercy (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin), Emmanuel Macron a déstabilisé la droite.
Sonné, l'électorat semble s'être quelque peu mobilisé. Il suivra avec attention la réorganisation des dirigeants survivants.
Idem au Front national, même s'il triple le nombre de ses députés. Quel cap désormais ? La défaite de son vice-président Florian Philippot en Moselle facilitera peut-être la réflexion, lui qui était déjà très critiqué pour son influence auprès de Marine Le Pen ou ses positions par rapport à l'Europe. "Nous ne devons pas crier victoire, parce que le Front national a pris un sacré coup dans la tête", a averti le député Bleu Marine Gilbert Collard, après sa réélection de justesse face à l'ex-torera Marie Sara (LREM).
Enfin, si le Parti communiste a réussi à gagner quelques représentants, on ne comptera plus un seul écologiste, là où ils étaient 18 élus.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Une Assemblée inédite
Avant même ce scrutin, l’hémicycle promettait un très grand renouvellement par le nombre d'élus ne se représentant pas : plus d'un sur trois. Certains disaient s'être sentis souvent inutiles, d'autres par crainte de la défaite, ou encore pour aller renforcer leur pouvoir à un autre poste.
Ce dimanche soir, il y a les nouveaux visages de la majorité que l'on a très peu entendu dans l'entre deux tours, avec davantage d'éluEs et de jeunes. On les découvrira dès ce lundi dans les couloirs de l'Assemblée, avant un séminaire, en quelque sorte d'intégration, le week end prochain.
En Savoie, Typhanie Degois, récemment diplômée d'un master en droit des affaires internationales, a par exemple battu sur le fil le député sortant Dominique Dord, une figure des Républicains.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Elle sera sûrement l'un des symboles de cette Assemblée historiquement féminine : 224 députéEs, contre 155 précédemment, soit désormais 38,65% des élus. La République en marche regroupe le plus de députées, avec 46,45% de femmes élues, contre 23,89% seulement pour Les Républicains.
La France arrive ainsi légèrement devant l'Allemagne (36,5%), la Grande-Bretagne (32%) ou l'Italie (31%), mais derrière l'Espagne (41%), la Suède (43,6%) ou le Rwanda, qui détient le record avec 63,8% de femmes élues au parlement, selon les données actualisées de l'Union interparlementaire.
Outre les 3 élus nationalistes corses, des candidats "atypiques" ne manqueront pas de prendre la parole, à l'image du journaliste et réalisateur François Ruffin, élu pour La France insoumise et célèbre pour son documentaire "Merci patron !", récompensé par un César.