Léonor Serraille et Kelly Reichardt, nuances et modestie

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Léonor Serraille et Kelly Reichardt, nuances et modestie

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Michelle Williams, sculptrice taciturne dans « Showing Up », de Kelly Reichardt.  FDC
Michelle Williams, sculptrice taciturne dans « Showing Up », de Kelly Reichardt. FDC

La compétition cannoise, où aucun film ne s’est imposé, se clôt avec deux films de réalisatrices, où l’émotion sourd d’une apparente humilité.

Dans une compétition cannoise qui, comme chaque année, était des plus masculines, c'est donc avec deux réalisatrices que s'est achevée la course à la Palme d'or. Pour sa première fois en compétition (il était temps, c'est son 8e film), l'Américaine Kelly Reichardt délaisse pour une fois les grands espaces qu'elle explore depuis Old Joy, Wendy and Lucy et récemment First Cow. Dans Showing Up, tourné à Portland, elle dresse, un peu comme David Cronenberg dans Les Crimes du futur, son autoportrait de cinéaste en modeste céramiste, stressée par le vernissage prochain de son exposition. Portée par sa complice habituelle, la star Michelle Williams, tout en retenue et ingratitude vestimentaire, ce nouveau film confirme la place prééminente, mais humble, qu'occupe Kelly Reichardt dans ce qu'il reste de cinéma indépendant américain.

La révélation Annabelle Lengronne

Un petit frère : Annabelle Lengronne et  Stéphane Bak Photo Copyright Blue Monday Productions - France 3 Cinéma
Un petit frère : Annabelle Lengronne et Stéphane Bak Photo Copyright Blue Monday Productions - France 3 Cinéma

Côté français, c'est Léonor Serraille, révélée il y a cinq ans par Jeune femme, qui avait remporté la Caméra d'or ici à Cannes, qui confirme son talent avec Un petit frère, l'histoire sur trente ans d'une femme et de ses deux garçons venus de Côte d'Ivoire s'installer en France à la fin des années 80. Tout en nuances, refusant l'instrumentalisation de ses personnages au nom de tel ou tel discours sur l'intégration, le film offre surtout de très beaux rôles à une distribution d'acteurs noirs dont le cinéma français, toujours en mal de diversité, peine à s'emparer. En premier lieu celle qui joue la mère, Rose, personnage libre et désirant : Annabelle Lengronne, nouvelle candidate sérieuse au prix d'interprétation féminine. Pour le reste, aucun film ne s'est imposé en ces 10 jours de compétition, et bien malin qui pourrait prédire qui aura ce soir la Palme d'or !

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