Les bouffonneries macabres sur la scène novarinienne : un comique rédempteur
Par Maison de la Recherche en Sciences Humaines
"Très longtemps il m’a semblé que tout devait atteindre quatre sens: chaque phrase, chaque réplique, chaque scène de l’Écriture — et y compris mon nom (et y compris mes initiales !)" – Valère Novarina, Voix négative, P.O.L, 2017
Cette communication a été prononcée dans le cadre du colloque intitulé Valère Novarina, les quatre sens de l'écriture qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 10 au 17 août 2018, sous la direction de Marion CHÉNETIER-ALEV, Sandrine LE PORS et Fabrice THUMEREL.
Le spectral est une des problématiques profondes sinon fondatrices du texte théâtral. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, la figure du mort fait un retour sur la scène contemporaine. Emblématique du théâtre de l’après-Auschwitz, le cadavre est le témoin de la catastrophe, la figure du scandale et de la violence généralisée. Sur la scène novarinienne, la présence du mort acquiert une visibilité quasi obsessionnelle qui exhibe un catastrophisme jubilatoire. D'une part, la théâtralisation du macabre, associée au rituel d'un sacrifice, exacerbe toutes les logiques du pire dans des proportions démesurément loufoques si bien que le tragique devient franchement risible. D'autre part, le travestissement biblique de la Passion christique exploite toutes les potentialités joyeuses du rituel carnavalesque pour brouiller les frontières entre la vie et la mort. La corporéité du cadavre est alors animée d'une étonnante tonicité. Dans ce contexte, le rire de la mort ne signifie pas la mort du rire, mais il perturbe notre réception du comique. À la fois anxiogène et libérateur, c'est un comique paradoxal dont les vertus salutaires sont inversement proportionnelles à ses capacités destructrices. Quelles relations entretiennent le rire et la mort sur la scène novarinienne ? Quels sont les ressorts et les ressources de ce rire lazaréen qui insuffle, au cœur du spectacle grotesque de notre monde, une vitalité explosive ?
Les bouffonneries macabres sur la scène novarinienne : un comique rédempteur, par Christine Ramat
47 min
Christine Ramat est professeure agrégée et docteure ès lettres. Elle enseigne à l’Université d’Orléans (ESPE CVL). Ses recherches portent sur la place et les formes spécifiques du comique dans les dramaturgies contemporaines. Elle a consacré sa thèse au théâtre de Valère Novarina (Valère Novarina, La Comédie du verbe, L’Harmattan, Coll. "Critiques littéraires", 2009) et publié plusieurs articles sur son œuvre.
Théâtre