**Entretien sur le Japon et les risques avec
Marie Augendre et
Magali Reghezza. **
Marie Augendre et
Magali Reghezza sont maîtres de conférence en géographie, respectivement à l'Université Lyon II et à l'Ecole normale supérieure.
Elles sont intervenues dans l'émission Planète terre du 28 mars 2011, que vous pouvez écouter en ligne et podcaster ici.
*Le séisme et le raz de marée de Sendai le 11 mars 2011 ont provoqué une catastrophe aux caractères très spécifiques – et bien différents de ceux de Haïti (2010), du Chili (2010), de Sumatra et d’Asie du sud et du sud-est (2004). Au 11 avril (source : L'Expansion), le bilan était de 13 166 morts, 14 377 disparus. Selon AFP (29 mars) on compte 177 500 habitants évacués de la région de Fukushima, 242 881 habitants évacués dans des logements provisoires 200 000 foyers privés d’électricité, 530 000 privés d’eau courante 18 649 bâtiments complètement détruits. La centrale nucléaire de Fukushima, qui a subi un accident d’une gravité exceptionnelle *** est maintenant hors de contrôle : le territoire et le nombre d’habitants touchés directement ou indirectement par l’irradiation ne peuvent être circonscrits. Après avoir recouru aux échelles géographiques *** pour tenter d’appréhender cet événement exceptionnel pour y réfléchir, Planète terre et son blog Globe vous proposent ici un entretien avec deux géographes. Leurs travaux, récents, participent du profond renouvellement, par la géographie, du risque et de l’accident catastrophique. Ceux-ci sont des faits sociaux et humains qui incorporent la dimension naturelle et physique. Ils gagnent à être lus comme des problèmes spatialement organisés, territorialement localisés, à différentes échelles humaines. Davantage, me semble-t-il, que des considérations morales ou déterritorialisées, cette inscription du risque et de la catastrophe dans la singularité autorise une réflexion sur la dimension universelle de toute catastrophe prétendument « naturelle ». Tentative d’éclairage de celle du 11 mars 2011. *
La catastrophe du 11 mars change-t-elle votre approche du risque ?
Magali Reghezza :Les catastrophes ont changé de nature : le séisme de 1923 et celui d’aujourd’hui sont identiques du point de vue du processus physique, mais les risques sont différents.
Aujourd’hui, il y a des conséquences en chaîne de l’aléa initial, lié aux effets dominos et à la « technosphère » : crise nucléaire, crise industrielle, mais aussi crise environnementale liée aux déchets post-tsunami (pollution des eaux et sols due aux hydrocarbures ou incendies de raffinerie). Ces risques en chaîne où le naturel débouche sur l’industriel et l’environnemental, avec en bout de chaîne les risques sanitaires et économiques, sont caractéristiques des sociétés modernes (post-révolution industrielle).
Notons par exemple les dysfonctionnements de la métropole, qui font que la perturbation est décalée dans l’espace : Tokyo est touchée par la paralysie des réseaux critiques (énergie, transports, télécommunication) qui désorganisent la vie quotidienne et l’activité économique, avec des conséquences financières notamment. Cela nous apprend deux choses. D’une part, la dépendance des métropoles à leur arrière-pays. L’inscription locale des villes globales n’est pas neutre du point de vue de leur vulnérabilité. D’autre part, il y a la nouvelle vulnérabilité des métropoles liées à la dépendance aux réseaux critiques, qui deviennent des vecteurs de création, amplification et diffusion des dommages. Pas besoin de détruire Tokyo pour que la ville soit touchée par la catastrophe.
Les catastrophes sont donc des clés de lecture des mutations des sociétés et des espaces contemporains. Les catastrophes du 21e siècle sont des catastrophes complexes, qui font en réalité intervenir des chaînes de risques complexes, avec des processus de diffusion des dommages et d’amplification des perturbations initiales qui en transforment les effets, les décalent dans le temps et l’espace. Cela demande d’adapter nos modes de gestion et nos « cultures du risques » (ce que l’on peut exiger des décideurs).
La gestion du risque devient une gestion de l’incertitude : les décideurs sont amenés à prendre des décisions en temps quasiment instantané, sur la base de scénarios plus ou moins probables, mais sans aucune assurance de ce qui va exactement se produire. Ils ne maîtrisent donc pas totalement les données de départ (ce qui peut se passer) ni l’intégralité des conséquences de leurs décisions (ce qu’induira leur décision). C’est totalement nouveau et totalement caractéristique des nouveaux risques.
Marie Augendre : La catastrophe du 11 mars 2011 est une triste démonstration de la capacité de la catastrophe à « inventer », en dépit de tous les efforts de la société pour s’en prémunir… Les enchaînements sont bien le signe d’une modernité avancée – par contre, le Japon n’est pas si « post moderne » qu’on le dit parfois : la confiance en la technique, en la capacité des experts à prédire les séismes (où, à quelle magnitude) ont été mises en défaut. Le « progrès » technique, associé au niveau de développement, joue ici, de manière apparemment paradoxale, en faux, puisqu’il est à l’origine de l’accident nucléaire et démultiplie les champs d’expansion de la catastrophe (dégâts matériels, d’organisation et de fonctionnement à toutes les échelles).
Au sujet de Tôkyô, je suis plus sceptique. Même si les médias ont d’abord mis la focale sur cette ville, en réalité, Tokyo s’en tire bien : les arrondissements centraux avec les fonctions vitales du pays ne sont pas concernés par les blackouts par exemple, le quartier du palais impérial, des ministères, etc. étant soigneusement exclus des coupures tournantes, qui devraient par contre se prolonger dans les quartiers périphériques. La vie continue pour les Tôkyôïtes, même si les fréquences de trains sont volontairement ralenties et fonctionnent parfois à 70-80%, même si les images montrent des rayonnages de super marchés vides à cause de pénuries ponctuelles de certaines denrées alimentaires. Globalement, tout fonctionne, malgré des perturbations. La catastrophe a ses degrés, selon les lieux.
Quant à l’étude des risques, ne pas maîtriser les données de départ n’est pas nouveau, malgré toutes les dissonances cognitives en jeu. Le nucléaire exacerbe cet état de fait. Comme il fallait en 1945 et selon les mots de l’empereur, « supporter l’insupportable », il faudrait désormais tirer leçon des faillites de la technique et se résoudre à se préparer à l'imprévisible. Cela devrait avoir des conséquences en terme de prévention, au même titre que d'autres paramètres plus faciles à manipuler, bien qu'ils posent tout autant de problèmes à la gestion du risque : vieillissement de la population d’un côté, hyper concentration mégalopolitaine de l’autre...
**Pourquoi installer des centrales nucléaires dans un pays affectés par 20% des séismes de la planète ? Pourquoi les implanter sur le littoral face aux risques de raz de marée ? **
Fukushima face à l'accident nucléaire ©Rémi Scoccimarro
Magali Reghezza : Implanter des centrales nucléaires demande de réunir un certain nombre de conditions. Par exemple, les fortes pentes sont un élément rédhibitoire. Une centrale nucléaire demande aussi une grande disponibilité en eau (refroidissement). C’est pour cela qu’on privilégie en France les grandes vallées fluviales. Au Japon, la configuration hydrographique et topographique fait que le littoral apparaît finalement comme une solution. Là-dessus vont s’ajouter d’autres facteurs tout aussi importants : densité de population, proximité des grandes villes, besoins économiques, considérations géopolitiques, prise en compte des risques naturels, etc.
Marie Augendre : Développer la production d’électricité nucléaire est d’abord un choix politique. Ensuite, une multitude de paramètres entre en ligne de compte. La construction d’une centrale implique des dépenses colossales (essentiellement supportées par l’Etat), non seulement pour la centrale elle-même, mais aussi tout ce qui va avec : desserte routière, réseaux et équipements divers, emplois induits. Tous ces facteurs doivent être considérés au moment de la localisation du lieu d’implantation. Les centrales ont pu être considérées, au même titre d’autres infrastructures (autoroutes, barrages, digues…) comme des moyens de redistribution et de stabilisation des populations rurales [cf. l’article de H. Harootunian dans le Monde diplomatique , avril 2011]. La proximité de la mer pourrait s’expliquer aussi par la nécessité de réceptionner du combustible importé par bateau, ou encore parce que l’éventualité d’avoir à refroidir la centrale d’urgence avec de l’eau de mer avait été envisagée… La prise en compte du risque, même si elle est « sincère », n’est pas exempte d’erreurs, dont l’origine est à chercher dans l’incertitude même qui caractérise le risque. Fukushima était construite pour résister à un séisme de magnitude 7,9 et à un raz de marée de 5m40 : l’aléa était pris en compte mais pas suffisamment.
Le choix du lieu et l’établissement des normes de sécurité doit aussi composer avec les coûts qui en découlent, ainsi que d’autres paramètres humains. Par exemple, côté mer du Japon, le site de Kashiwazaki-Karima, une centrale de sept réacteurs dans le département de Niigata, dotée d’une puissance de 8 GW, fait partie de la même localité que la ville de Nishiyama dont est originaire Tanaka Kakuhei. Celui-ci est un leader historique du PLD, le parti qui a gouverné le Japon durant un demi-siècle après la seconde guerre mondiale. Dans sa région, son influence sur l’aménagement du territoire dépasse largement son mandat de premier ministre entre 1972 et 1974. Des incendies et des fuites d’eau ont eu lieu suite au séisme de Niigata en 2007. Les sept réacteurs furent arrêtés pour vérification. Quatre ont repris leur fonctionnement en 2009 et 2010.
Ensuite, les coûts et les difficultés d’obtenir l’accord des municipalités pour implanter ce genre d’infrastructure expliquent qu’une fois qu’un réacteur est installé quelque part, l’exploitant a tendance à en installer plusieurs au même endroit, ce qui démultiplie le danger. Si la situation ne s’arrange pas à Fukushima, ce n’est pas un sarcophage qu’il faudra mettre en place, mais trois ou quatre.
Pourquoi le Japon a-t-il fait le choix du nucléaire? Quelle est la « base sociale » du nucléaire au Japon ? N’est-ce pas vraiment paradoxal, puisque le Japon a subi la bombe atomique ?
Marie Augendre : Le nucléaire dit civil a été développé assez tôt après la guerre : en 1955, une loi autorise la recherche nucléaire civile, et les premières centrales apparaissent en 1965 (Tokai 1). Le nucléaire s’est mis en place avec l’Etat, les ingénieurs, les industriels, sans véritable débat public. A l’époque l’origine des séismes était mal connue, car la théorie de la tectonique des plaques est formalisée dans les années 1960. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, même si connaître les zones sismiques et le mécanisme de déplacement des plaques ne suffit pas pour savoir quand évacuer à l’avance.
La population n’est pas totalement passive : des mobilisations locales ont empêché l’installation de nouvelles centrales, ou l’utilisation du mox dans certains réacteurs.
Le souci d’indépendance énergétique – argument classique des pro-nucléaires, comme la contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, oublient d’une part que l’uranium est aussi un produit d’importation, et que d’autre part la production d’électricité n’est qu’une fraction des besoins énergétiques (pour les transports notamment, qui dépendent encore très largement des énergies fossiles, notamment du pétrole, importé à 99%). L’électricité japonaise provient pour près des 2/3 de ces énergies fossiles, tandis que le nucléaire contribue pour 26% (80% en France). 8% de l’électricité domestique sont fournis par l’énergie hydraulique, alors que l’électricité produite par géothermie, solaire ou éolien ne cumule pas à 1% du total.
S’il sort quelque chose de positif de cette catastrophe, ce sera peut être un « modèle » japonais en matière d’énergies alternatives et d’économies d’énergie…
L’expression de « malédiction de l’atome », sous la plume d’anti-nucléaires français, fusionne les deux évènements de manière très ambigüe. Mais au Japon, l’opinion publique ne semble pas établir de connexion entre les bombardements de 1945 et la situation actuelle. Une lecture politique de ces deux évènements oppose d’ailleurs totalement un fait de guerre infligé par les Américains et une conséquence d’un choix énergétique domestique (lire Philippe Pelletier, Le Japon quatre fois frappé, 2011).
Certains penseurs (Oe Kenzaburo, prix Nobel de littérature, par exemple, dans le cahier supplément du Monde du 17 mars), ou des victimes d’Hiroshima font toutefois le lien moral entre les deux. En réalité, si on peut se risquer à voir une parenté médicale dans l’irradiation (bien que les victimes de la bombe atomique aient majoritairement succombé à l’irradiation thermique, et qu’à ce jour Fukushima n’ait encore fait, officiellement, aucun mort [cf. l'émission* Avec ou sans rendez-vous * du 29 mars 2011 sur Santé et radiations], c’est surtout la « récalcitrance » (l’expression est de Valérie November) du risque d’irradiation, dans ce pays et pour ce peuple, qui frappe : le Japon a fait sortir « le nucléaire » par la porte militaire, en supprimant l’armée (de nom en tout cas) et en bannissant ce type d’armement ; il est revenu par la fenêtre civile. Il faudrait savoir comment on appellera les « liquidateurs » et les irradiés de Fukushima. Très peu des hibakusha (les victimes de la bombe atomique) ont été reconnus comme « irradiés » par l’Etat, et dédommagés spécialement à ce titre beaucoup ont fait l’objet de discriminations sociales par contre. Aujourd’hui, de manière assez similaire, certains réfugiés qui viennent des environs de Fukushima sont suspectés par les autres d’être contaminés et « contagieux » : l’accès aux refuges ou encore aux soins médicaux leurs sont refusés.
Niveaux de radiation journaliers au Japon ©Kyodo, National Institute of Radiological Science
Pourquoi la centrale d’Onagawa a-t-elle résisté au tsunami, alors qu’elle l’a subi de la même façon que la centrale de Fukushima ? Comment faut-il se représenter le territoire où se situent ces deux centrales ?
Marie Augendre : Sendai est situé entre les deux centrales : à une centaine de km au nord de Fukushima, et une cinquantaine au SO d’Onagawa. On a peu d’informations sur cette dernière : après avoir signalé un état d’urgence suite à des mesures de radioactivité anormale, l’ Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) l’indique comme sans incident depuis le 13 mars,. Il y a eu aussi un incendie, qui aurait été rapidement maîtrisé, selon TEPCO. Onagawa est construite face à la mer, comme Fukushima, mais à une dizaine de mètres en hauteur, et ses systèmes de refroidissement ne sont pas tombés en panne. Ses réacteurs datent des années 1984 à 2002. Les réacteurs de la centrale n° 1 de Fukushima ont été construits entre 1971 et 1979, avec des normes qui étaient sans doute moins sévères. Ceci pourrait justifier en partie leur résistance inégale face au séisme et au tsunami.
Il y a aussi les conséquences des choix des dirigeants de Tepco. La catastrophe nucléaire de Fukushima recouvre les conséquences du séisme et du raz de marée sur les autres types de centrale de production d'électricité et d'énergie. Qu'en savez-vous ?
Marie Augendre : Des raffineries et des centrales thermiques sont aussi installées sur la côte, près des grands ports… Suite au séisme, six raffineries ont été stoppées le 11 mars, deux ont pris feu et trois ont finalement été relancées. La perte de production d’électricité, thermique ou nucléaire, a atteint 39% pour Tôhoku EPCO et 31% pour TEPCO. Elle est encore pour chacun d’eux de 15%. 4,9 millions d’utilisateurs ont été privés d’électricité au moment du séisme. Le 18 mars, ils n’étaient plus que 270 000, et 200 000 le 25. 460 000 utilisateurs de gaz en ont été privés pendant au moins une semaine.
L’implantation des centrales nucléaires, des centrales thermiques, des raffineries et des usines s’inscrit dans un mouvement d’ensemble dans l’espace et dans la durée. Pourquoi l’urbanisation, au Japon, se fait sur la façade maritime pacifique, en zone sismique et face aux risques de raz de marée?
Magali Reghezza : L’archipel volcanique du Japon offre peu d’espaces plans : le relief se caractérise par de fortes pentes, beaucoup plus difficiles à urbaniser. À cela s’ajoute l’existence de nombreuses zones soumises aux éruptions volcaniques. L’espace « facilement » disponible est donc d’emblée limité et les littoraux offrent des potentialités intéressantes en comparaison des contraintes d’autres espaces. Mais cela ne suffit pas. De façon très schématique, on urbanise souvent là où c'est le moins coûteux et le plus efficace au regard des ressources exploitables au moment de cette urbanisation. L’urbanisation répond en particulier à des calculs coûts-bénéfices qui sont le fait des sociétés et des individus. À cela s'ajoutent d'autres facteurs, par exemple celui des représentations que les individus se font de leur espace de vie. On pourrait poser la question exactement de la même façon pour l’urbanisation des zones inondables ou l’occupation de certains volcans pourtant très dangereux. En fin de compte, il y a de multiples facteurs qui interviennent dans l'implantation humaine, qui vont varier selon les sociétés et les époques. Il n'y avait aucune fatalité, déterminisme diraient les géographes, à l'occupation du littoral.
Le problème des zones à risques est que, même si sur le long terme, leur occupation peut se révéler rentable, au moment où la catastrophe survient, le coût semble toujours disproportionné et insupportable. Tous les espaces sont soumis à des risques, mais à des degrés divers : la nature de ces dangers, leur fréquence, leur intensité, leur nombre varie. Même si le déterminisme n'existe pas, il y a quand même des conditions biophysiques qui sont plus contraignantes que d'autres pour les sociétés. La maîtrise technique permet de dépasser certaines de ces contraintes, sans s'en affranchir totalement et avec un coût dont l'acceptabilité varie selon les sociétés et les époques. Ce coût n'est pas que financier : il est humain et environnemental.
Marie Augendre : Les paramètres qui prévalent à l’occupation d’un lieu sont multiples, et relèvent de logiques territoriales complexes : attachement au lieu de vie de ses ancêtres, accessibilité… Dans le cas du Japon, les montagnes ne sont pas dépourvues d’activités : stations thermales ou de sports d’hiver, agriculture, exploitation forestière… Mais c’est d’abord, historiquement, le choix de la riziculture, réclamant un travail intensif et une densification concomitante de la population dans les plaines littorales, ainsi que le primat de la pêche, qui expliquent que les montagnes restent un potentiel peu densément peuplé… et que leurs forêts, sévèrement exploitées avant le 17e, ont été replantées et protégées pour limiter l’érosion torrentielle et ses conséquences en plaine. La sacralité des montagnes dans la culture peut intervenir aussi, car les montagnes ont leurs règles qui font d’elles un monde à part (cf. les travaux de l’ethnologue Anne Bouchy ou d’Augustin Berque). Il n’y a pas de déterminisme physique ni économique et penser que les Japonais ont été « obligés » de s’installer en plaine parce qu’ils n’ont « pas de place ailleurs », ou parce que c’est plus rentable, me semble réducteur.
A quelles mesures (prévention, atténuation…) les autorités ont-elles recours en cas de catastrophe ?
Marie Augendre : La prévention japonaise est exceptionnelle : le réseau de sismomètres le plus dense au monde, avec un système d’alerte précoce et des coupures automatiques pour les réseaux critiques, des normes antisismiques drastiques, des ouvrages de protection gigantesques, une population régulièrement entraînée…La demi heure écoulée entre le séisme et l’arrivée des plus hautes vagues a permis, dans l’ensemble, la mise en œuvre des plans d’évacuation, et la fuite individuelle des populations – du moins ceux qui étaient autonomes, car le vieillissement de la population pose des problèmes inédits à la prévention. L’alerte a bien été transmise.
Néanmoins, il y a eu des exceptions : dans un ou deux villages au moins, ces alertes n’étaient pas automatiques, mais dictées par des employés de mairie. Le système de pré-alerte au séisme mis en place depuis 2007 a fonctionné, mais partiellement : il semble qu’une magnitude supérieure à 8 le mette hors service, et les nombreuses répliques, de magnitudes 6 ou 7 parfois, l’ont déréglé.
Des parcours fléchés vers des lieux adaptés à l’accueil du public pouvant être reconvertis en cas de besoin (écoles, gymnases, etc) sont visibles sur le terrain. Des victimes ont été retrouvées sous les décombres munies de plusieurs couches de vêtements et équipés de sacs contenant des produits de première nécessité, ce qui prouve qu’elles avaient pris des mesures pour s’enfuir, sans en avoir le temps. Beaucoup de ceux qui ont pu fuir ont quitté les zones sinistrées, dans les préfectures voisines, à Tôkyô… Osaka et même Hong Kong, entre autres, proposent aussi des hébergements.
Un des problèmes (qui a d’ailleurs trouvé écho dans la vision des médias occidentaux) est que tout le monde a les yeux rivés sur Tôkyô. Tôkyô, cette fois encore, a pourtant été épargnée et loin de l’épicentre. Le « big one » est censé frapper la capitale (Edo 1855, Kantô 1923, Tôkyo 20.. ?). Il existe même des plans pour « déménager » la capitale, trop coûteux à mettre en œuvre, pour l’instant et tant que la nécessité n’est pas inéluctable. Pendant ce temps, la terre tremble à Kobe (1995), à Fukuoka (2005), à Niigata (2004 et 2007), à Miyagi (2011)…
Des coupures d’électricité ponctuelles sont gérées de façon à épargner l’hyper-centre de Tokyo et les fonctions vitales de la mégapole. La pénurie électrique est véritablement organisée, y compris géographiquement : dès le 14 mars, TEPCO et Tôhoku EPCO ont découpé la région NE (dont Tôkyô fait partie) en quartiers, soumis à des coupures tournantes dès que la demande excède la capacité de production (réduite non seulement à cause de Fukushima, mais aussi parce que d’autres centrales de production électrique sont à l’arrêt. Ces coupures, trois heures dans la journée, concernent les départements du Tôhôku occidental (qui n’a pas subit de tsunami) et la région de Tôkyô. La fréquence des trains a aussi été abaissée.
Quelles leçons ont été tirées des catastrophes précédentes ? Quelles leçons seront tirées de celle-ci ?
Marie Augendre : Je suis partagée sur la réponse. Parler de « pédagogie » de la catastrophe est d’une grande violence face aux victimes, à ceux qui ont perdu des proches, et qui vont devoir tout reconstruire. Il est vrai que les grandes catastrophes ont toujours eu des effets visibles sur la prévention : nouvelles lois, nouvelles normes, nouveaux budgets pour reconstruire, indemniser… et faire de la recherche ! Les tsunamis historiques qui ont frappé régulièrement le Sanriku (notamment ceux de 869 et de 1896, d’ampleur comparable, d’après les sources, à celui de cette année), ou encore celui qui a fait écho au séisme chilien de 1960, ont conduit à développer une prévention à la fois passive (ouvrages de défense à la côte) et active (plans d’évacuation). Les côtes ont été protégées par des digues parfois colossales, qui ont joué leur rôle avec efficacité lors d’épisodes moins intenses que celui du 11 mars. Les populations locales effectuaient aussi, régulièrement, des exercices d’évacuation. Mais on peut tout autant affirmer que la « familiarité » avec le danger fausse les représentations voire conduit au déni du risque (B. de Vanssay) : « les digues vont nous protéger » « cela n’arrivera pas ici, pas maintenant… ». Ces distorsions peuvent s’avérer dramatiques. Toutes les mesures de prévention ne se sont pas avérées suffisantes le 11 mars dernier elles ont même pu avoir des effets imprévus… voire contreproductifs – ainsi cette digue anti-tsunami qui, submergée par la vague, a ensuite empêché l’eau de mer de refluer, laissant les terrains bas inondés. Ce n’est pas une incitation à ne rien faire. Ce devrait être une leçon d’humilité… et un appel pour considérer le risque différemment.
Magali Reghezza : Les catastrophes constituent des retours d’expérience pour la communauté scientifique et les gestionnaires de crise. Elles sont l’occasion de faire le bilan de l’efficacité des dispositifs existants, de faire émerger des failles que l’on n’avait pas prévu, de souligner les faiblesses de tels ou tels protocoles. À un autre niveau, elles permettent aussi de mobiliser les populations : non seulement elles sont l’occasion de les sensibiliser aux dangers et de rappeler (voire simplement d’informer) à chacun les risques et les comportements adéquats, mais elles permettent aussi de lever des fonds pour développer des recherches qui jusque-là n’intéressaient personne, de sensibiliser la sphère politique, de nourrir le débat scientifique et démocratique. Dans un monde idéal, la crise nucléaire actuelle devrait non seulement permettre de revoir les dispositifs de sécurité dans nos centrales, mais également de relancer le débat sur le nucléaire. Le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 vont permettre de travailler sur les systèmes d’alertes, le renforcement des normes de construction, la gestion des réseaux critiques ou encore la gestion d’urgence et l’évacuation, non seulement au Japon mais dans d’autres pays.
500 000 personnes mises à l'abri: est-ce une crise humanitaire?
Magali Reghezza : Ces personnes sont évacuées. Mises à l'abri, c'est une autre histoire. Crise humanitaire – cela dépend du sens que l'on donne à ce terme. C'est une situation d'urgence, caractérisée par l'inconfort des conditions de vie, les difficultés d'approvisionnement et les risques augmentés pour des populations fragilisées physiquement et moralement, sachant que certaines sont encore plus vulnérables du fait de leur âge. On n'est certes pas dans ce que l'on a connu à Haïti, et le gouvernement nippon gère pour l'instant relativement bien les choses. Mais on a enregistré des décès de personnes âgées les médicaments manquent, il fait froid.
Marie Augendre : On ne doit pas oublier Sumatra (2004) ou Haïti (2010), où l’ordre de grandeur des victimes est près de dix fois supérieur, et sans les filets de sécurité japonais (Etat, banques, etc.). Dans les faits, certains villages ont été complètement détruits, dans d’autres, la moitié de la population a disparu, y compris le maire et une partie de son équipe. Une bonne partie de la côte est encore coupée du monde, d’une alimentation et de conditions sanitaires normales, de l’emploi, de la scolarisation. Une côte rurale, pour l’essentiel, à la population modeste et vieillissante, peu audible. La vie reprend le dessus, mais les conditions de (sur)vie sont difficiles.
Les enterrements, normalement interdits au Japon, réapparaissent. Il n’y a plus de possibilité d’organiser les crémations (manque de quoi incinérer, de glace pour conserver les corps, et cadavres en trop grand nombre).
La reconstruction a pourtant déjà commencé, sans perdre de temps : les premiers modules préfabriqués, commandés par milliers, commencent à être édifiés.
**Quels sont les différents aspects de la catastrophe industrielle dont on parle si peu en ce moment ? **
Magali Reghezza : On a très peu d'informations. Là encore, le terme de catastrophe industrielle est ambigu. Il y a eu des incendies dans les raffineries, qui posent problème. Il y a également un risque écologique lié aux déchets post-crise. La destruction des ports et la mise hors service des réseaux est une "catastrophe" pour l'appareil industriel, entraînant des pertes pour les entreprises.
Marie Augendre : On parle aussi très peu, comparativement, des habitants des trois départements les plus touchés ( Miyagi, Fukushima et Iwate), et de leur quotidien et de leurs pérégrinations, car certaines familles vont de gymnase en centre d’évacuation… Pour répondre à la question, ces départements sont des centres de production d’acier, de certaines pièces détachées pour l’industrie électronique et automobile (E. Dourille Feer). Leur contribution au PIB japonais reste toutefois limitée, de l’ordre de quelques pourcents chacun. Le marché mondial est volatile et peut permettre à ces secteurs de se reconfigurer rapidement. En attendant, les effets de la catastrophe locale peuvent par ce biais être démultipliés dans l’espace, affectant des chaînes de production et l’emploi hors du Japon – mais l’intensité des effets n’est pas comparable.
L’agriculture locale a beaucoup souffert aussi : champs, serres et rizières inondés d’eau salée, voire encore sous les eaux, couverts de débris et de polluants laissés par le tsunami sur plusieurs km à l’intérieur des terres. Autour de Fukushima, les productions sont aussi menacées de contaminations radioactives, comme l’eau des nappes. Il est bien trop tôt pour dresser un bilan environnemental et économique complet.
A quels risques le nucléaire français est il exposé?
Magali Reghezza : Il faudrait, pour être précis, parler d'aléas – aléa, c'est-à-dire la source initiale de danger, par exemple le séisme, la panne, l'attentat, le virus, etc. Le risque n'existe qu'à partir du moment où une société est exposée à cet aléa. Mais tout ce qui met en péril les réseaux critiques peut devenir un risque : la mise hors service des systèmes de refroidissement des centrales peut avoir des sources différentes. Enfin, il ne faut pas oublier l’erreur humaine.
La France est-elle plus vulnérable que le Japon, à risques comparables (s'il y en a) ?
Magali Reghezza : Les aléas sont différents à la fois par la nature, par l'intensité et par la fréquence. Ainsi et sans doute paradoxalement, la France est d'autant plus vulnérable aux séismes qu'elle en subit très rarement. L'effort porté sur le parasismique est sans commune mesure avec ce qui se passe au Japon. Les populations ne sont pas préparées à des catastrophes majeures et massives. Il faut ajouter que des villes comme Tokyo ont eu le malheur d'être détruites plusieurs fois dans le siècle, ce qui a permis de les reconstruire. La France a un patrimoine urbain hérité, plus difficile à adapter. Les départements et régions d'outre-mer se rapprochent du cas Japonais, avec toutefois moins de population, mais une situation d'éloignement par rapport à la métropole qui ajoute des difficultés à la gestion de crise et une exiguïté du territoire qui change la donne de l'évacuation.
Le cas le plus intéressant aujourd’hui et le plus problématique en France métropolitaine, c'est la Côte d'Azur et son arrière-pays. Certes, on a affaire à de plus petits séismes, avec cependant une capacité de résistance beaucoup plus faible. Idem pour les risques de Tsunami. Les catastrophes naturelles pouvant entraîner un risque industriel grave, comme une crue exceptionnelle du Rhône ou le mouvement de terrain de Séchilienne, sont les pires scénarios prévus à ce jour, donc heureusement peu probables mais réels. Dans les DROM, le risque d’une éruption de la montagne Pelée en Martinique, de la Soufrière en Sainte Lucie, ou d’un séisme majeur est une menace réelle.
Jean-Pierre Dupuy propose une typologie des catastrophes (naturelle, technologique, industrielle, morale) : la reprenez vous à votre compte, ou pas? Jean-Pierre Dupuy (et Günter Enders) font ils une place à la notion de résilience?
Magali Reghezza : Du strict point de vue scientifique et en sortant des commodités du langage courant, séparer industriel et naturel dans l’analyse des risques a de moins en moins de sens. Je n'aime pas le terme de catastrophe morale car, indépendamment de l’analyse qu’en proposent les auteurs, il est ambigu dans le contexte actuel. Si la compréhension des catastrophes ne peut faire l’économie d’une réflexion sur leur dimension éthique, on note aujourd’hui une résurgence pour le moins dérangeante de l’accusation morale, qui peut s’analyser en première approche comme une réactivation de l'analyse pré-moderne des catastrophes comme punition divine. En étant très schématique, on pourrait dire que depuis que l'homme a exclu Dieu des sciences et des techniques, il est devenu le responsable de la catastrophe. Pendant très longtemps (et encore aujourd’hui, dans certains discours), Dieu envoyait les catastrophes aux hommes pour les punir de leur péchés. Désormais, l’homme se punit lui-même de sa propre hybris , sa propre démesure. Prométhée s'enchaîne tout seul à son rocher en quelque sorte. Mais en raisonnant ainsi, on reste prisonnier de ce discours moralisant qui aboutit à une vision binaire et simplificatrice des responsabilités, avec la recherche à tout prix du coupable, la division du monde entre les gentils et les méchants, la distribution des bons et des mauvais points. Qui plus est, ce discours tend à faire primer un risque sur tous les autres : or, là encore de façon très schématique, un risque peut en cacher un autre et de « bonnes solutions » visant à éradiquer un risque peuvent à moyen et long terme produire des effets bien plus dommageables.
Marie Augendre : De manière un peu provocatrice, j’aurai envie de dire que cette catastrophe est « trois fois naturelle », car sont en cause tout à la fois la nature des phénomènes déclencheurs, sur lesquels l’homme n’a pas vraiment prise (les aléas tectoniques et leurs répercussions en mer sont incontrôlables), la nature de l’énergie nucléaire (quelque soit la technologie employée, les mesures préventives prises et l’investissement dans la sécurité, l’accident peut toujours survenir), et la nature humaine…qui est de faire des erreurs !
**La catastrophe au Japon ouvre-t-elle de nouvelles perspectives en matière de qualification des risques ? **
Magali Reghezza : La façon de qualifier les risques, de les diviser en catégories, peut poser des problèmes pour leur compréhension. En effet, les catégories traditionnelles (naturel, industriel, technologique, etc.) donnent une vision segmentée des dangers alors que souvent et en un sens, de plus en plus, des risques de nature différente résultent du même aléa. Ici par exemple, le séisme induit le tsunami et la combinaison des deux crée le risque nucléaire, économique, sanitaire, environnemental. Je crois qu'il est plus pertinent de distinguer aléa/risque/catastrophe d'un côté, crise et catastrophe de l'autre. L’aléa initial produit une série d’aléas induits qui sont autant de risques. Ces risques se transforment en crise si les sociétés ne peuvent empêcher leur réalisation. Dans le cas du Japon, on a un premier choc, le séisme et le tsunami, qui créent une première catastrophe avec ses milliers de victimes. C'est ici une catastrophe classique, "naturelle", qui relève des schémas de compréhension traditionnels, où l'aléa frappe une société qui a su réduire sa vulnérabilité par les normes de constructions, la préparation des populations ou les systèmes d'alertes idoines, mais dans les limites de ses capacités techniques. Et puis, il y a une deuxième crise, plus complexe, étendue dans le temps et l'espace : économique, sanitaire, environnementale et très vite, nucléaire.
Selon la façon de faire face à cette crise, ce qui n'était au départ que perturbation, dysfonctionnement ou panne, se transforme en catastrophe. La « bonne nouvelle » est que cette façon de voir les choses ouvre de nouvelles perspectives : non seulement on doit agir en amont pour prévenir les aléas et les crises, mais on peut agir pendant la crise pour empêcher qu'elle ne se solde par une catastrophe. C’est cette idée que l’on essaie de développer à travers le concept de résilience. Il ne s’agit en aucun cas de revenir au fatalisme en cessant d'agir sur les aléas, l'exposition ou la vulnérabilité, mais au contraire d’ajouter une gamme possible de solutions à ce qui existe déjà, afin de ne pas renoncer à agir dans le cas de risques qui dépassent nos capacités techniques ou nos prévisions.
En savoir plus:
M. Augendre. Thèse de doctorat : Vivre avec le volcan - Une géographie du risque volcanique au Japon, Université Lumière Lyon 2, 2008 (sous la direction de P. Pelletier)
S. Becerra, A. Peltier, Risques et environnement : recherches interdisciplinaires sur la vulnérabilité des sociétés, L'Harmattan, 567 p.
Y. Dupont (dir.), Dictionnaire des risques , Armand Colin, 2007.
F. Léone, F. Vinet (dir.). La vulnérabilité des sociétés et des territoires face aux catastrophes naturelles, Collection « Géorisques » n°1, de l’équipe d’accueil GESTER, Montpellier III, 2006, 144p.
T. Joliveau. Google Earth et la ségréation au Japon, 17 mai 2009
P. Lagadec, La fin du risque zéro, avec X. Guilhou, Eyrolles société-Les Echos Editions, 316 p, 2002.
P. Lagadec, La Civilisation du risque - Catastrophes technologiques et responsabilité sociale, Seuil, collection "Science ouverte" 1981.
B. Laponche, C. Nordmann, Entre silence et mensonge. Le nucléaire, de la raison d’état au recyclage « écologique » (entretien), La Revue internationale des livres et des idées, n°14, 25 mars 2010.
V. November, « Risques territorialisés » ou « territorialité du risque »? Réflexion géographique autour de la relation risque-territoire. in Risques et territoires: Interroger et comprendre la dimension locale de quelques risques contemporains, Paris : Lavoisier, 2010
P. Pelletier, Idées reçues sur le Japon, Le cavalier bleu éditions, 2008, 127 p.
P. Pigeon, Géographie critique des risques, 2005, Economica
M. Reghezza, « Géographes et gestionnaires au défi de la vulnérabilité métropolitaine. Quelques réflexions autour du cas francilien », Annales de géographie, n°669, 2009, p. 459-477.
R. Scoccimarro: Géographie du Japon (site)
La catastrophe dans les émissions ** Questions de science ** de France Culture
Semaine thématique "nucléaire" des émissions de science sur France Culture
Le blog En quête de science de Michel Alberganti
**Sur ** **le blog ** Globe: **
Japon: face à la catastrophe, le recours aux échelles géographiques (dernière mise à jour le 23 mars 2011)
Les sociétés face aux risques naturels : Haïti 10 semaines après le séisme. 3 questions à Jean-Marie Théodat. 28 mars 2010.
Les sociétés face aux risques naturels: Concepcion (Chili) 1 mois après le séisme. 3 questions à Alain Musset 28 mars 2010.
Les sociétés face aux risques naturels: Xynthia un mois après. 2 questions à Fernand Verger 28 mars 2010.
1 mois après les catastrophes, les sociétés face aux risques naturels: 3 questions à Stéphanie Beucher et Magali Reghezza 28 mars 2010.
**Sur ** Planète terre :
Le catastrophisme est-il durable? Avec Yves Citton, le 24 juin 2009.
Paris et le risque de crue centennale. Avec Magali Reghezza, 12 décembre 2007.
Katrina, deux ans après. Avec Julie Hernandez et Jean-Marc Zaninetti, 28 août 2007.
Dossiers multimédia :
Sur France Culture
Dans le Monde diplomatique, avril 2011.
Sur Lemonde.fr
Le blog « sciences² » de Sylvestre Huet sur Liberation.fr
Sur Clioweb