Les enjeux de la refondation du triangle sciences-techniques-agricultures au miroir de la réforme de l'Inra des années 1997-2004

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Les enjeux de la refondation du triangle sciences-techniques-agricultures au miroir de la réforme de l'Inra des années 1997-2004

Par
Pierre Cornu et Marion Guillou au CCIC, septembre 2019
Pierre Cornu et Marion Guillou au CCIC, septembre 2019
- CCIC Cerisy

Historiens et acteurs de l'histoire du temps présent en dialogue.

Cette communication a été prononcée  dans le cadre du colloque intitulé Sciences, techniques et agricultures  qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 16 au 22  septembre 2019, sous la direction de Patrick CARON, Frédéric GOULET,  Bernard HUBERT et Pierre-Benoît JOLY.

À l'heure où se reconfigurent les relations entre sciences et sociétés,  entre homme, technique et nature, ce colloque visait à faire le point  sur le chemin parcouru dans le domaine agricole, et à construire de  nouveaux espaces de pensée pour la recherche agronomique...

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Pierre Cornu est professeur d'histoire contemporaine et d'histoire  des sciences à l'université Lyon 2, membre du Laboratoire d'études  rurales de Lyon. Ses travaux portent sur le développement agricole et  rural en France de la fin du XIXe siècle à nos jours, dans son lien avec  la dynamique des sciences appliquées et l'émergence de la question  environnementale. Marion Guillou est présidente d'Agreenium, ancienne  directrice générale de l'Alimentation au ministère de l'Agriculture  (1996-2000), ancienne directrice générale (2000-2004) puis présidente  directrice générale de l'Inra (2004-2012).

Les enjeux de la refondation du triangle sciences-techniques-agricultures au miroir de la réforme de l'Inra des années 1997-2004, par Pierre Cornu et Marion Guillou

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Pensée depuis la création de l'Inra en 1946 sur le modèle d'inspiration  fordiste d'une diffusion descendante des résultats scientifiques  produits en laboratoire et en domaines expérimentaux vers des secteurs  de production bien délimités, la recherche agronomique publique  française s'est heurtée à la fin du XXe siècle à une double  crise, à la fois de résistance croissante des bioressources à leur  saisie réductionniste, et de contestation par une fraction croissante de  la société — consommateurs, citoyens, militants, y compris  scientifiques — des produits de cette recherche. Plantes et animaux,  intrants et effluents, procès et produits, exploitations et  environnement, ne pouvaient plus être considérés par la recherche  publique comme les objets distincts d'innovations renvoyant à une  rationalité générale incontestable, mais s'affirmaient de manière de  plus en plus forte comme les éléments de systèmes dynamiques affectés  par des vulnérabilités préoccupantes et par des enjeux éthiques et  sociétaux majeurs.
Survenant au terme d'un processus historique de  longue haleine de libéralisation et d'internationalisation de l'économie  de la connaissance, cette crise constituait une menace existentielle  pour la recherche publique appliquée à l'agriculture, mise au défi de se  réinventer et de se re-légitimer à la fois aux yeux de la société, des  pouvoirs publics et des mondes agricoles et industriels, tout en  répondant aux menaces de plus en plus fortes pesant sur les écosystèmes  cultivés.
Fondée sur l'hypothèse de la fécondité heuristique d'un  dialogue entre chercheurs et acteurs dans l'exploration des enjeux du  temps présent, et sur l'expérience de la co-construction d'une analyse  du cycle de réformes de l'Inra au tournant des années 2000, cette  conférence à deux voix se veut la mise en partage d'une réflexivité  historique sur l'émergence d'une économie et d'une politique de la  connaissance à l'échelle globale sur les objets interconnectés de  l'agriculture, de l'alimentation et de l'environnement.