Les masques protègent-ils vraiment de la Covid-19 ?

Les masques protègent-ils vraiment ?
Les masques protègent-ils vraiment ?

Les masques nous protègent-ils vraiment du Coronavirus ?

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Les masques protègent-ils vraiment de la Covid-19 ?

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Sommes-nous davantage protégés du coronavirus en portant un masque ? C'est la question au cœur des Idées Claires, notre programme hebdomadaire produit par France Culture et franceinfo destiné à lutter contre les désordres de l'information, des fake news aux idées reçues.

Des masques seront-ils disponibles pour tous en amont du déconfinement ? Devons-nous sortir seulement si nous en sommes équipés ? Les masques en tissu sont-ils vraiment efficaces ? Toutes ces questions sont dans la bouche des Français, perdus par les changements de recommandations du gouvernement. 

Des courbes épidémiques circulent sur les réseaux sociaux montrant d'un côté les pays ayant eu recours aux masques dès le début, et dont le nombre d'infections est faible, et de l'autre côté les pays qui n'ont pas contraint la population au port du masque, et qui voient leur courbe continuer d'augmenter. 

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Pour démêler le vrai du faux, nous avons posé nos questions à Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris. 

Les masques protègent-ils vraiment de la Covid-19 ?

Gilles Pialoux : "Alors la réponse est clairement oui. D’abord c’est vrai pour toutes les personnes qui sont de près ou de loin en contact avec des malades suspects ou avérés du coronavirus. Certains soignants également, qui ont des gestes à risques, ont besoin des masques FFP2. Donc la protection est indiscutable. Mais, comme vous le savez, on gère surtout la pénurie donc les mesures qui sont prises sont essentiellement liées à la gestion de la pénurie et pas à des arguments scientifiques."   

Faut-il porter un masque dès que l’on sort de chez soi ?

Gilles Pialoux : "C’est une position compliquée car comme vous savez il y a des pays, notamment la Slovaquie, qui ont imposé le port du masque à l’extérieur de chez soi. Il faut savoir raisonner, si vous êtes dans la rue à plus de deux mètres du moindre individu ou si vous êtes sur votre vélo, dans votre voiture tout seul c’est absolument inutile de consommer des masques, compte tenu du peu de protections dont nous disposons, et d'un plan B, éventuellement des masques alternatifs. Donc je dirais oui, si l'on pouvait idéalement équiper les Français, notamment au moment du déconfinement, cela serait sûrement un outil préventif parmi d’autres. Mais dans les circonstances globales de la vie de tous les jours, le masque protège à un univers resserré. Si une personne retourne dans sa famille, par exemple un soignants ayant des risques positifs, elle reçoit des masques pour tenir 14 jours."   

Faut-il que chacun possède un masque et lequel ?

Gilles Pialoux : "D’abord sur Internet il faut se méfier de ce qu’on récupère. Les masques doivent porter la norme NF, ce ne sont pas n’importe quels masques chirurgicaux qu’il faut faire. Ce ne sont pas les masques que l’on achète pour faire de la ponceuse chez soi et qui sont actifs pour la poussière, mais pas pour les particules virales ou pour les bactéries, donc il faut se renseigner au niveau des normes. Très sincèrement, les FFP2 sont inutiles dans la vie de tous les jours, ils sont réservés à des manœuvres de soins très à risques, auprès de malades positifs ou suspects. Donc oubliez les FFP2 ! Ensuite, les masques en tissu sont en train de devenir un plan B, probablement pour protéger l’autre et se protéger soi-même aussi. 

Mais de la même façon, il va falloir expliquer aux gens comment les utiliser. C’est-à-dire, qu'il faut les laver régulièrement à 60 degrés pendant plus de 10 minutes. Quand on les enlève, il vaut mieux le prendre par les bords et le toucher le possible, se laver les mains après et ne pas le réutiliser en permanence. Le drame du masque en tissu, c’est que la personne qui le porte va se croire protégée, mais sera en permanence en train d’infecter son propre masque, de s’infecter elle-même et d'infecter ses proches, car elle ôte ce masque sans se laver les mains et sans prendre les mesures dont je parle."   

Sortir avec un masque même en tissu est un geste barrière supplémentaire ?

Gilles Pialoux : "Ça reste un geste barrière supplémentaire et c’est pour cela qu’il a été promu par la Direction générale de la santé, cela va éviter que les gens se crachent ou se postillonnent dessus. Et cela empêche, dans l'autre sens de recevoir d’éventuelles projections de personnes dont on ne peut pas identifier si elles sont malades, car c’est un virus qui avance masqué, excepté pour les formes graves, dont c’est extrêmement difficile de savoir qui est atteint, qui ne l’est pas ou qui est contaminateur et qui ne l’est pas."   

Des pays asiatiques ont obligé le port du masque et s’en sortent mieux…

Gilles Pialoux : "Effectivement, mais si l'on cite Singapour, Hong Kong ou la Corée du Sud, ces pays n'ont pas fait seulement porter des masques. Ils ont eu une politique de dépistage très intensive. C'est le cas également de l'Allemagne, qui réalisait 350 000 tests en une semaine, quand la France n'en faisait que 35 000. Donc on a eu une politique de dépistage dégradée par le fait que les tests n’étaient pas disponibles. D'autres part, les méthodes de confinement, notamment pour les personnes déclarées positives, ont quand été même très contraignantes dans certains pays comme la Corée du Sud ou la Chine, donc on ne peut pas attribuer cet abaissement de la courbe uniquement aux masques."   

Les masques seront obligatoires lors du déconfinement ?

Gilles Pialoux : "Je crois que le masque est un des outils du déconfinement, mais ce n’est sûrement pas le seul. À la date d'aujourd'hui, l’outil principal du déconfinement est de savoir quelles sont les populations prioritaires pour ne pas déconfiner. C’est-à-dire qu'il faut regarder le problème à l’envers. Probablement que les personnes les plus fragiles ne sont pas à libérer tout de suite, c’est la première chose. La deuxième qui va être majeure, c’est que ces personnes puissent utiliser les masques pour tous ceux qui ont des symptômes ou qui sont en contact avec eux, mais c’est surtout le test. Ce sont les tests qui vont changer la donne. Il faut monter à l’échelle, augmenter la puissance de feu des tests, qui pour l’instant sont très restreints et très contingentés, afin de déterminer quelle personne a déjà rencontré le virus et très possiblement des anticorps qui la protègent. Il est possible de libérer très facilement ces personnes-là. Évidemment on ne pourra pas tester 66 millions de Français, donc il va falloir trouver une recherche d’actions intelligentes." 

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