Un grand nombre de lieux culturels n'a pas attendu la "Museum Week" de Twitter et de nouveaux métiers sont nés vaille que vaille pour exposer les collections auprès de communautés de plus en plus réactives.
« A mon arrivée il y a six ans, on était pas présent sur les réseaux sociaux. Et fin 2011, j'ai pris l'initiative de créer les pages Facebook et les comptes Twitter et Linkedin de la Cité de l'architecture. Du coup, de fait, je devenu community manager ». L'histoire de Claire Gayet, 30 ans, est emblématique des transformations récentes de beaucoup de musées français. Ces initiatives personnelles, souvent d'abord peu ou pas considérées, ont généré de nouvelles vies en réseaux auprès d'un public mondialement connecté et titillé par la Museum Week et ce qui investit Twitter. Peu à peu, des stratégies digitales se sont établies après « une vraie prise de conscience à un moment qu'être sur les réseaux sociaux, ça fait venir des visiteurs dans le musée, ça amène des conversations avec les visiteurs que l'on a pas si l'on est pas physiquement dans les salles du musée, et cela apporte de nouveaux visiteurs sans frontières, sans limites ». Face à ces nouveautés et à la croissance des réseaux sociaux, le ministère de la Culture a donc initié en 2012 des réunions régulières des animateurs de communautés d'établissements sous tutelle. Ce groupe qui s'appelle @CMMinfr a été ouvert à d'autres, comme les musées de la Ville de Paris, et Claire Gayet raconte qu'il ne rentre plus dans des salles de moins de 50 places et doit limiter les participants pour pouvoir échanger au mieux :
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Et c'est toujours en 2012, à l'été, qu'est né le désormais fameux #jourdefermeture. Son auteur, Sébastien Magro, chargé de projets nouveaux médias au musée du quai Branly, le présente dans un passionnant billet de blog Pour lui, « ce dispositif joue un rôle de médiation, aussi modeste soit-il en 140 caractères. Il remplit pleinement l’une des missions du musée en apportant aux visiteurs des informations sur les rotations des collections exposées, le cycle de vie d’une exposition, la conservation préventive, le fonctionnement de l’institution (mécénat, relations presses, etc). En satisfaisant leur curiosité, #jourdefermeture pallie également à la frustration de visiteurs qui trouveraient porte close, et participe à rapprocher le musée de ses utilisateurs, l’institution de ses citoyens ». Aujourd'hui, plusieurs milliers de musées francophones et de passionnés communiquent ainsi. Écoutez le reportage à ce sujet, il y a deux ans, de Pierre Crevoisier, de la RTS (Radio Télévision Suisse romande) :
Enfin, en novembre dernier, le ministère a publié un " guide pratique : Lumière sur les réseaux sociaux - Animation des communautés connectées", imaginé initialement par Universcience et à lire ci-dessous. On y apprend notamment qu'en 2012, la moitié des lieux culturels étaient déjà sur Facebook. Fin 2012, notre "Pixel", reportage multimédia interactif, sur le patrimoine numérique avait bien rendu compte de cette éclosion.
Un exercice difficile entre la parole officielle et un ton un peu vivant propre aux réseaux sociaux
Le site " Louvre pour tous" et son compte Twitter sont parmi les plus influents dans le monde des "muséo geeks" en France. La toute récente levée de l'interdiction de photographier à Orsay l'a prouvé. Et son maître, Bernard Hasquenoph, a aussi par exemple été invité en tant que blogueur influent à la conférence de presse de la Museum Week, rue de Valois. Le journaliste, graphiste, artiste aux 23.500 abonnés suit de très près ces évolutions pour en rendre compte et tenter de faciliter l'accès citoyen à la culture, comme il l'entend.
Il estime qu'il y a désormais une mobilisation dans les musées très importante à ce sujet, avec des métiers invisibles, nouveaux, émergents, pour lesquels les formations existent à peine. « Des métiers qui ont une part d'ingratitude aussi parce que les personnes sont derrière les comptes, au nom de l'institution (...). En sachant tout de même que Twitter reste un immense entre soi, et j'ai le sentiment que ce sont surtout des communautés de passionnés qui existent, même si après les choses peuvent s'agrandir » :
Les musées sur les réseaux sociaux. Par Bernard Hasquenoph, de Louvre pour tous
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Bernard Hasquenoph évoque aussi comment de petits musées se distinguent par leur audace et gagne en notoriété, à l'image du musée du protestantisme Jeanne Albret, à Pau :
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Les responsables et les conservateurs s'y mettent
Avec des têtes d'affiches sur Twitter, comme Catherine Pégard, la Présidente du château de Versailles, ou l'un des premiers : le président du Centre des monuments nationaux, Philippe Bélaval, qui « brise un peu la hiérarchie parce que l'on peut s'adresser à lui et il vous répond ». A tel point qu'au début « Monsieur Bélaval, les gens s'imaginaient qu'il y avait quelqu'un derrière son compte. Après, ils le font vivre avec plus ou moins de réactivité selon leur personnalité, mais cela change complètement le rapport à l'institution. »
Chef du service communication numérique du Louvre, Élise Maillard confirme . Elle met en avant cinq conservateurs twittos sur 46, dont Guillaume Kientz, conservateur du partimoine particulièrement actif. Pour tous serait développé un travail d'acculturation et d'éducation de longue d'haleine, et des efforts pour avoir un référent réseaux sociaux par département :
Les conservateurs du Louvre et les réseaux sociaux. Par Elise Maillard, chef du service communication numérique du Louvre
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Mais toujours un manque de moyens, y compris au Louvre
Élise Maillard a du mal à préciser (lâcher ?) l'information : le musée le plus visité au monde ne bénéficie que de trois personnes pour administrer ses 13 comptes sur les réseaux sociaux et plus de 2 millions d’abonnés !!! « Une taille correcte », affirme-t-elle dans un sourire gêné. Avant d'expliquer suite à notre question que le Metropolitan Museum of Art de New York s'appuie sur un service numérique de près de 70 personnes, même si toutes ne se consacrent pas aux réseaux sociaux. Le service multimédia du Louvre étant lui d'une quinzaine de personnes. Faites les comptes... Élise Maillard, qui détaille également le [Un jour, une œuvre] développé en ligne par le Louvre :
Les réseaux sociaux au Louvre. Par Elise Maillard, chef du service communication numérique du Louvre
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Et comme le souligne aussi Claire Gayet, de la Cité de l'architecture, « il ne faut pas croire que les réseaux sociaux, c'est complètement gratuit. Il faut quand même y mettre un certain budget si l'on a envie d'y faire des choses très interactives, très inédites, très innovantes. Et puis en termes de moyens humains, il faut que les personnes qui s'occupent de cela soient reconnus en tant que telles, notamment parce que c'est un métier qui prend énormément de temps. »
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> Et aussi dans ce dossier : La Museum Week | Quelques secrets de musées
Guide pratique : Lumière sur les réseaux sociaux - Animation des communautés connectées
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