Les principales dates pour comprendre la crise au Venezuela

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Les principales dates pour comprendre la crise au Venezuela

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Président de l'Assemblée nationale, Juan Guaidó défie directement aux yeux du monde le président élu Nicolás Maduro depuis le 23 janvier 2019, quand il s'est autoproclamé Président par intérim
Président de l'Assemblée nationale, Juan Guaidó défie directement aux yeux du monde le président élu Nicolás Maduro depuis le 23 janvier 2019, quand il s'est autoproclamé Président par intérim
© AFP - STF

Previously. Depuis le 23 janvier, le Venezuela vit avec deux Présidents : l'un élu, Nicolás Maduro, et l'autre autoproclamé par intérim, Juan Guaidó. Cette situation politique inédite qui divise le pays et le monde s'ajoute à une très sévère crise économique et sociale. Voici les grandes dates pour comprendre.

C'est un Venezuela à deux têtes que tente de comprendre le monde depuis le 23 janvier 2019. Depuis que Juan Guaidó, le président de l'Assemblée nationale, s'est autoproclamé par intérim à la tête du pays face au Président élu Nicolás Maduro. Le jeune opposant de 35 ans a multiplié les soutiens, en particulier de Donald Trump et de 19 pays de l'Union européenne. Mais le dirigeant encore au pouvoir reste notamment appuyé par la Russie, la Chine, Cuba, la Corée du Nord et la Turquie.

Retour aux origines de cette crise politique historique, aiguisée par une terrible situation économique et sociale.

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Les principales dates dans cette crise en cours :

14 avril 2013

Nicolás Maduro remporte les élections présidentielles de justesse, avec 50,66% des voix, face à Henrique Capriles. Venu d'un quartier type de la classe moyenne de Caracas, celui qui a étudié un an les sciences politiques à Cuba succède à Hugo Chavez. Le "comandante", alors encore officiellement dans un état de santé "stable", avait demandé, une Constitution dans la main, d'élire Maduro : "Je vous le demande du fond du coeur". Le dauphin, tout juste adoubé semble alors, à 51 ans, écrasé par ce pesant héritage. Ancien chauffeur de bus puis leader syndical à la fulgurante ascension, député et président de l'Assemblée avant les Affaires étrangères, l'homme épris de divination chinoise en impose par sa silhouette de joueur de rugby. Avec sa compagne Cilia Flores, elle aussi présidente de l'Assemblée nationale entre 2006 et 2011, il fait partie des chavistes historiques. Pour l'opposition, il est "l'homme de Cuba" ou le "toutou du président". Son mandat de président socialiste de la République bolivarienne doit s'achever en 2019.

Nicolas Maduro est officiellement élu président du Venezuela au lendemain des élections du 14 avril 2013.
Nicolas Maduro est officiellement élu président du Venezuela au lendemain des élections du 14 avril 2013.
© Maxppp - Miguel Gutierrez

Écoutez le portrait de Nicolás Maduro dressé par Claude Guibal en janvier 2013 :

Qui est Nicolas Maduro ?

3 min

Février 2014

Premiers rassemblements exigeant le départ de Nicolás Maduro. La répression des manifestations fait au moins 43 morts. L'association Human Rights Watch dénonce de graves atteintes aux Droits de l'Homme.

Décembre 2015

Elections législatives remportées par l'opposition. La Table de l'unité démocratique obtient 99 sièges, soit une majorité des trois cinquièmes, contre 46 pour le Parti socialiste unifié du Venezuela du président Nicolás Maduro. Les anti-chavistes décrochent pour la première fois depuis 17 ans la majorité au Parlement.

Mai 2016

Le camp anti-Maduro annonce avoir recueilli en cinq jours 1,8 million de signatures (neuf fois plus qu'exigé par la loi) favorables au référendum pour révoquer le président socialiste Nicolás Maduro. L'opposition estime pouvoir réunir quatre millions de signatures en trois jours, ultime étape avant le référendum. Par ailleurs, au premier semestre 2016, près de 4 000 petites manifestations ont été enregistrées, essentiellement pour réclamer de la nourriture.

Juillet 2016

Des centaines de Vénézuéliennes forcent la frontière fermée depuis presque un an pour se ravitailler dans les supermarchés de Cucuta, la ville colombienne la plus proche. Des milliers de Vénézuéliens les imiteront les jours suivants, alors que Nicolás Maduro a décrété l’état d’urgence économique six mois plus tôt.

Août 2016

Les autorités électorales, le CNE (Conseil National Électoral), donnent un calendrier qui rend quasiment impossible l'organisation du référendum cette année. Le parti socialiste au pouvoir évite ainsi d'éventuelles élections anticipées. Les autorités ont déjà arrêté plusieurs leaders anti-chavistes, dont l'ancien maire de San Cristobal, Daniel Ceballos, et expulsé plusieurs correspondants de médias étrangers arrivés au Venezuela. Le CNE a prévenu que cela ne se ferait pas avant fin octobre, compromettant l'organisation du référendum en 2016.

Septembre 2016

Entre 950 000 et 1,1 million de personnes manifestent à Caracas, "la plus importante mobilisation de ces dernières décennies", selon les leaders de l'opposition. Les manifestants tambourinent sur des casseroles et d'autres ustensiles de cuisine pour clore la journée de mobilisation, à Caracas et dans d'autres villes du pays.

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Les motifs pour descendre dans les rues ne manquent pas : le mécontentement populaire est à son comble, nourri par l'inflation vertigineuse, sans oublier la pénurie d'aliments et de médicaments. Huit Vénézuéliens sur dix veulent changer de gouvernement, selon une étude de Datanalisis détaillée par son président Luis Vicente Leon.

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"Ce qui est nouveau, ce n'est pas que l'opposition est majoritaire. Cela, nous le savions déjà. Mais qu'elle a récupéré sa capacité de mobilisation."

Octobre 2016

La deuxième étape du processus de référendum révocatoire est suspendue par le Conseil national électoral. Il met en avant des fraudes dans les signatures de la première étape du processus. Le Parlement dénonce un coup d’Etat et adopte le 25 octobre l’ouverture d’un procès en destitution contre le président, qualifiée par ce dernier de "putsch parlementaire". Le pays est au bord de l'affrontement général avec de nouvelles manifestations et une grève générale le 28 octobre partiellement suivie.

10 janvier 2017

Date limite pour la tenue d'un référendum révocatoire et ainsi provoquer des élections anticipées. En jeu : un possible changement de modèle après 18 ans de socialisme. Mais les autorités électorales ont décidé de "reporter le processus jusqu'à nouvel ordre", raconte Julien Gonzalez, pour RFI. L'opposition dénonce un CNE aux ordres du pouvoir, alors qu'en un an, presque toutes les décisions votées par les députés et l'Assemblée d'opposition ont été invalidées par le Tribunal Suprême de Justice.

Avril 2017

L'opposition organise le 18 de nouvelles grandes manifestations contre Nicolás Maduro, dans la capitale et de nombreuses autres villes. Le pouvoir réplique en mobilisant sa milice bolivarienne. Explications de Paula Vasquez, chargée de recherches au CNRS, spécialiste du Venezuela, et invitée du journal de 22h de Stanislas Vasak du 18 avril :

Pour Paula Vasquez, le régime chaviste vénézuélien est en train de se militariser

5 min

Le 19 avril, après le rassemblement de centaines de milliers de personnes dans tout le pays, on dénombre trois personnes tuées et une trentaine arrêtées.

Opposante à Nicolas Maduro qui fait face à un véhicule blindé anti émeutes, le 19 avril 2017 à Caracas
Opposante à Nicolas Maduro qui fait face à un véhicule blindé anti émeutes, le 19 avril 2017 à Caracas
© AFP - Juan Barreto

Avant ces drames, le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, affirme que le gouvernement vénézuélien "viole sa propre Constitution et n'autorise pas l'opposition à faire entendre sa voix". Alors que la ministre vénézuélienne des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez, rétorque sur Twitter que "Le monde et le Venezuela sont profondément préoccupés par les récentes bombes lancées par les Etats-Unis sur la Syrie et l'Afghanistan". L'Union européenne condamne ensuite des violences "très regrettables" et appelle à une "désescalade" pour "stopper la détérioration de la situation". Et Jean-Luc Mélenchon demande aux autorités de relâcher deux journalistes français partis faire un reportage pour l'agence Capa et emprisonnés depuis le 11 avril.

© AFP

Juillet-août 2017

Le gouvernement vénézuélien organise un référendum, boycotté par l'opposition, pour valider la création d'un nouveau corps législatif, l'Assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Très vite, la nouvelle Assemblée s'attribue l’essentiel des pouvoirs du Parlement. Quelques jours plus tard, le 9 août, les ministres des Affaires étrangères et les représentants de 12 pays d'Amérique réunis à Lima condamnent "la rupture de l'ordre démocratique au Venezuela" et refusent de reconnaître la légitimité de l'Assemblée constituante. Il s'agit de l'Argentine, du Brésil, du Canada, du Chili, de la Colombie, du Costa Rica, du Guatemala, du Honduras, du Mexique, du Panama, du Paraguay et du Pérou.

En quatre mois, les manifestations ont alors engendré la mort de 125 personnes. L'ONU dénonce "un usage excessif de la force".

Février 2018

Les discussions entre le gouvernement du Venezuela et l'opposition sont interrompues après un désaccord concernant les modalités de l'élection présidentielle. Le gouvernement annonce que le vote sera organisé au milieu de l'année.

Le 23 février, l’opposition refuse de participer à la présidentielle.

Mai 2018 

Nicolás Maduro est réélu à l'issue d'une élection présidentielle que les grands partis de l'opposition ont boycottée, dénonçant par avance des fraudes. L'opposition, les Etats-Unis et les pays membres du groupe de Lima ne reconnaissent pas les résultats.

10 janvier 2019 

Le président vénézuélien Nicolás Maduro prête serment pour un second mandat à la tête d'un pays diplomatiquement isolé et à l'économie défaillante.

Quelques jours plus tôt, le  nouveau président du Parlement vénézuélien, Juan Guaidó, l'avait qualifié d'usurpateur.

23 janvier 2019 

Juan Guaidó se proclame chef de l'Etat par intérim et est immédiatement reconnu par Donald Trump alors que plusieurs centaines de milliers de personnes manifestent à Caracas.

26 janvier 2019 

La France, l'Allemagne et l'Espagne donnent huit jours à Nicolas Maduro pour annoncer de nouvelles élections, soit jusqu'au 3 février, faute de quoi ils reconnaîtront Juan Guaidó comme "président par intérim". Maduro rejette cet ultimatum. 

28 janvier 2019 

L'administration américaine impose de lourdes sanctions à la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA pour faire pression sur le président Nicolas Maduro. Il s'agit des mesures de rétorsion les plus vigoureuses à ce jour de la part des Etats-Unis.

Guaidó annonce de nouvelles manifestations pour le mercredi 30 janvier.

Infographie publiée le 4 février 2019
Infographie publiée le 4 février 2019
© Visactu

4 février 2019

Juan Guaidó est reconnu comme président par intérim du Venezuela par 19 pays de l'Union européenne. Ils seront une cinquantaine à le faire au total.

7 février 2019

Les premiers camions qui transportent de l'aide humanitaire pour le Venezuela arrivent à la frontière colombienne. Ces denrées non périssables et ces médicaments sont destinés aux plus vulnérables, soit environ 300 000 personnes. Mais le président Nicolàs Maduro s'oppose à leur entrée et voit dans cette aide un cheval de Troie des États-Unis pour intervenir militairement dans le pays. Lors d'une conférence de presse, Nicolàs Maduro déclare "le Venezuela ne va pas tolérer le show de la prétendue aide humanitaire, car nous ne sommes les mendiants de personne". Son opposant Juan Guaidó organise une nouvelle manifestation pour exiger l'entrée de l'aide humanitaire au Venezuela. Lors du rassemblement, il annonce que l'aide sera dans le pays le 23 février, un mois après s'être autoproclamé président par intérim. Le président Maduro annonce lui l'arrivée de 300 tonnes d'aide russe.

23 février 2019

Juan Guaidó annonce qu'un premier camion d'aide humanitaire passe la frontière entre la Colombie et le Venezuela. Mais des affrontements avec les militaires ont fait quatre morts et plusieurs centaines de blessés aux frontières colombiennes et brésiliennes. Les convois sont contraints de faire demi-tour.

7 mars 2019

Le pays est paralysé par une panne géante d'électricité. Le gouvernement de Nicolàs Maduro y voit un acte de "sabotage", "une agression délibérée" de la part des États-Unis. Des experts accusent le gouvernement de ne pas avoir entretenu les infrastructures. La panne dure une semaine. D'autres vont suivre à plusieurs reprises pendant de nombreuses semaines.

28 mars 2019

Juan Guaidó est déclaré inéligible pendant 15 ans, durée maximale fixée par la loi, par le Contrôleur général de la République pour corruption présumée. Ce proche du pouvoir évoque l’origine de fonds utilisés pour des voyages à l’étranger non justifiée pour motiver cette décision. Juan Guaidó conteste cette sanction, venant d’un contrôleur qu’il ne reconnait pas car nommé par l’Assemblée constituante. Son immunité parlementaire est levée dans la foulée.

16 avril 2019

Un premier convoi d'aide de la Croix-Rouge arrive à l'aéroport de Caracas. Le Venezuela fait face à d'importantes pénuries de nourriture, de médicaments et de matériel médical.

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30 avril 2019

La situation est confuse. Juan Guaidó affirme avoir été rejoint par des militaires de l’armée vénézuélienne, en rébellion contre le président Maduro et avoir entamé la "phase finale" de son projet pour renverser le chef d’État. Il appelle à la "plus grande manifestation de l'histoire" de son pays pour le 1er mai, en espérant que cesse "l'usurpation".

Apparu à la télévision dans la soirée, Nicolàs Maduro déclare l’échec de ce plan et annonce des poursuites pénales contre les responsables de cette "tentative de coup d’État". Le haut commandement militaire lui est resté fidèle, ajoute-t-il lors de son allocution.

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1er mai 2019

Des milliers de Vénézuéliens manifestent en soutien contre le président Nicolàs Maduro. Ces rassemblements sont marqués par de nouveaux heurts entre forces de l'ordre et manifestants. Une femme de 27 ans a été tuée après avoir reçu une balle dans la tête lors de la manifestation à Caracas, selon une organisation de défense des droits humains. L'opposant Juan Guaidó appelle désormais à une grève générale pour chasser le président du pouvoir.