Maëlle Poésy : baptême du feu

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Maëlle Poésy : baptême du feu

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Les comédiens jouant "Ceux qui errent ne se trompent pas" de Maëlle Poésy
Les comédiens jouant "Ceux qui errent ne se trompent pas" de Maëlle Poésy
© AFP - JEFF PACHOUD

Pour la 70ème édition du Festival, Olivier Py a choisi d’ouvrir les portes d’Avignon à de jeunes artistes trentenaires. Parmi eux, Maëlle Poésy qui, avec sa création, Ceux qui errent ne se trompent pas, fait ses premiers pas en tant que metteur en scène dans la manifestation.

Chronique Joel Gayot 08 07 2016

1 min

Est-ce à son intuition qu’on reconnaît le talent d’un metteur en scène ? A sa façon de raccorder les wagons entre ce que raconte son spectacle et ce qui se passe dans la vie réelle. En mettant en scène Ceux qui errent ne se trompent pas, une fable politique pourtant annoncée comme une œuvre de science fiction, Maëlle Poésy rejoint, sans l’avoir prémédité, des phénomènes sociaux récents. Qu’il s’agisse de Nuit Debout ou même du Brexit.

Que se passe-t-il dans sa représentation ?

Des élus politiques se retrouvent totalement désarmés par le vote massif de la population. Vote oui ! Mais vote blanc à 99% ! Que faire ? Comment répondre à ce message des électeurs qui sonne comme un désaveu ? Fallait-il ou pas leur donner la parole ? Alors qu’une pluie diluvienne s’abat sur le pays, l’élite gouvernementale choisit la fuite et enferme les citoyens dans un état de siège qui vire à la dictature. Drôle d’histoire qui pose de bonnes questions sur le fossé qui existe entre un peuple et ses meneurs, sur la vacuité de ces derniers qui manipulent une langue vide de sens. Maëlle Poésy est clairement une artiste faite pour le théâtre. Avec trois fois rien, elle métamorphose une scène. Elle sait créer des ambiances, elle manie les émotions, elle inspire le rire comme l’effroi, elle a un sens du tempo aigu. Seul souci de sa mise en scène, mais il se résoudra avec le temps, sa troupe de jeunes acteurs, sans doute tétanisée par le Festival et qui, au jour de la première, manquait et de vivacité et de justesse d’interprétation.

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Ceux qui errent ne se trompent pas, de Maëlle Poésy, Avignon 2016