Mais pourquoi Facebook investit dans l'intelligence artificielle à Paris ?
Par Éric Chaverou
Le réseau social aux 1,4 milliard d'utilisateurs revendiqués a annoncé ce mardi la création d'un laboratoire de chercheurs issus d'institutions publiques et privées. Le troisième après ceux ouverts à New York et en Californie. Explications de son maître d'oeuvre, Yann LeCun, et regard critique.
Ils sont déjà six dans l'équipe de FAIR, pour "Facebook artificial intelligence reseach", depuis décembre 2013. Recrutés à l'Institut national de recherche informatique et en automatique (Inria), à l'École Normale Supérieure ou à l'Institut français du pétrole. Et à terme, leur laboratoire parisien comprendra une vingtaine de chercheurs permanents. Soit l'un des plus importants en Europe. Selon Mark Zuckerberg, il s'agit de "construire une nouvelle génération de services internet plus intuitifs qui puissent nous connecter plus facilement à ce qui nous intéresse".
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Parmi les priorités donc : l'analyse des textes, pour pouvoir en déduire des émotions, ou la reconnaissance vocale, faciale ou d'images. Pour identifier et vous proposer les clichés qui pourraient le plus vous plaire ou tenter d’éviter les spams et les vidéos violentes. Et permettre d’interagir vraiment avec la machine, en lui parlant naturellement par exemple espère Yann LeCun, le responsable de ces recherches, professeur à la New York University et débauché fin 2013 :
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Le choix de Paris n'est lié qu'aux talents présents et servira la recherche publique
L’investissement humain et matériel sur plusieurs années est massif, pour un budget secret. Et le choix de Paris ne serait lié selon Facebook qu'à une concentration de talents de chercheurs et d'ingénieurs. Rien à voir officiellement avec des salaires moins élevés que dans la Silicon Valley, avec le crédit d'impôt recherche ou encore un geste vis à vis du gouvernement français, comme Google avec son Institut culturel parisien.
On peut s'interroger aussi sur la curieuse communication pour ce lancement puisque son point presse s'est limité à 4-5 journalistes "qui suivent de près Facebook". Sans invitation de journalistes de Radio France par exemple.
Il y aurait-t-il quelque chose à cacher ? Va-t-on vers une "privatisation" de ces travaux ? Yann LeCun assure que non. Ils serviront aussi la recherche publique :
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Pour François Sillion, directeur général délégué à la science à l'INRIA , "c'est avant tout une preuve de la qualité de la formation française : les universités, les écoles, les centres de recherche. A la fois en mathématiques et en informatique ". L'INRIA partenaire de Facebook. Il répond à Julien Moch, sur France Info :
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Il y a toujours un risque dans la mesure où aujourd'hui ces sociétés sont parfois plus fortes que des États

Cyber-anthropologue, Michel Nachez est beaucoup plus circonspect. Il souligne les motivations commerciales de Facebook, comme celles de Google et d'autres dans ces millions dépensés pour toujours mieux analyser les (nos) données : "Bien sûr, ils ont des discours souvent humanistes, mais pour l'instant, on a aucune idée de ce qu'ils vont vraiment faire dans le futur".
Ce spécialiste de la relation homme machine s'inquiète d'une fuite des cerveaux et que "le gouvernement français ne mette pas les bouchées doubles sur ces terrains là". "Il est content, mais ce n'est pas lui qui en tirera les bénéfices, c'est Facebook. Il ne faut pas l'oublier. Peut-être qu'il y aura des transferts de technologie ou un peu d'argent, mais leur but à long terme c'est l'hégémonie planétaire des réseaux informatiques, de l'intelligence artificielle et de tout ce qui tourne autour de ça !". "Et on peut s'attendre à un type de censure aussi, parce que les algorithmes intelligents qui vont travailler en arrière plan du système vont trier les informations". :
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Michel Nachez qui s'inquiète aussi au final d'une surveillance généralisée des citoyens, par les États, y compris la France désormais, et par ces sociétés.
Par ailleurs, toujours ce mardi, Intel a de son côté annoncé l'inauguration en France de son premier laboratoire de recherche européen dédié au big data. Installé sur le campus technologique Teratec, à Bruyères-le-Châtel (Essonne), il s'ajoute aux sept centres de R&D que possédait déjà dans l'hexagone le numéro un mondial des semi-conducteurs.
De quoi réjouir le ministre de l’Économie :
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Intelligence artificielle : le rêve de Facebook... à Paris. Le Point
Par Guillaume Grallet, ce mercredi.
Intelligence artificielle : Facebook ouvre un centre de recherche à Paris. Le Figaro
Par Benjamin Ferran, mis à jour hier.