Margarethe von Trotta lauréate du Prix France Culture Cinéma 2014, mention consécration

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Margarethe von Trotta lauréate du Prix France Culture Cinéma 2014, mention consécration

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Le Prix France Culture Cinéma est decerné cette année aux réalisatrices Margarethe Von Trotta pour la mention consécration et Dyana Gaye pour la mention révélation. Un prix en partenariat avec Unifrance.

Retrouvez les deux lauréates en direct de Cannes ce samedi 17 mai_ dans le Journal de la rédaction de 12h30_ , et à 15h dans Projection privée de Michel Ciment .

> Et ici, tout notre dossier Cannes 2014_
________________________________________________ *> Margarethe von Trotta, consécration _ * | * Dyana Gaye, révélation

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C’est la douce loi des hommes de changer l’eau en lumière, le rêve en réalité et les ennemis en frères. A ma manière, j’ai réalisé mon rêve en faisant des films qui ont mis à leur tour la réalité dans un rêve ! »

Margarethe von Trotta, Le Figaro , 2004

Margarethe von Trotta est née en 1942 à Berlin. Son père, le peintre allemand Alfred Roloff, n'a jamais brillé par sa présence, étant marié ailleurs. C'est donc sa mère, une aristocrate devenue apatride après avoir quitté Moscou suite à la Révolution russe, qui l'a élevée. La jeune Margarethe, scolarisée dans une école protestante à la rigoureuse pédagogie, y est déconsidérée du fait de sa condition sociale. Mais la petite fille aux prunelles claires, que sa mère envoyait parfois mendier, fait déjà preuve d'un esprit rebelle.

L'année de ses 19 ans, Margarethe von Trotta se rend à Paris comme jeune fille au pair. Elle y découvre le cinéma, particulièrement ébranlée par Le Septième Sceau , d'Ingar Bergman : "Ce cinéaste est mon maître absolu. C’est vraiment avec ses films que je me suis éveillée au cinéma et que mon désir d’en faire a pris forme. ", confiait-elle à son propos à L’Humanité en 2003.

Sa fréquentation des salles obscure du Quartier Latin l'amène aussi à connaître et apprécier les films d'Hitchcock, de Godard, et ceux des auteurs de la Nouvelle Vague.

A Berlin, elle commence des études de lettres et d’histoire de l’art avant de se tourner vers l'art dramatique et de devenir comédienne pour le théâtre en 1964. C'est grâce à la jeune génération des réalisateurs allemands de la Nouvelle Vague, dans les années 1970, que la jeune femme troque la scène contre l'écran : "Ma grande chance c’est d’avoir été portée par ce courant du cinéma allemand qui était à son apogée et allait avoir beaucoup de succès au moment où je l’ai rencontré. " (L’Humanité , 2003).

Margarethe von Trotta joue surtout pour Rainer Werner Fassbinder - quatre films - qui devient son ami, et pour Volker Schlöndorff qu’elle épouse en 1971. Après avoir été scénariste et coréalisatrice pour lui (L’Honneur perdu de Katharina Blum , 1975), elle le quitte, désireuse de réaliser des films toute seule : "C’est à ce prix que ma carrière a démarré [en 1977 NDLR]."

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Margarethe von Trotta compte une quinzaine de longs métrages à son actif en tant que réalisatrice. Sa première création, Le Second Eveil de Christa Klages , met en scène une jeune femme altruiste et courageuse qui commet un braquage pour assurer la survie d'une halte-garderie. Le* leitmotiv * est installé : les personnages qu'elle portera ensuite à l'écran seront quasiment tous féminins, dotés de personnalités puissantes et insoumises.

Autre particularité : dans ses oeuvres cinématographiques, Margarethe von Trotta met souvent ses personnages en regard avec d’autres, fascinée par la thématique du double, de la sororité : Les Soeurs, 1979, Les Années de plomb , 1981, Trois soeurs , 1988...

_Deux personnages peuvent être nécessaires pour décrire une seule personne. Pour faire voir toutes les contradictions d’une personnalité, on peut la dédoubler au cinéma ( …) C’est un thème classique de la littérature romantique. * *_Margarethe von Trotta, L’Humanité Hebdo , 2003 **

En 1981, Margarethe von Trotta reçoit le Lion d'or à la Mostra de Venise pour Les Années de Plomb , un drame qui met en scène deux soeurs, l'une journaliste, l'autre terroriste. En 1983 elle réalise L’Amie et, un an plus tard, se voit élire membre de l’Académie des arts de Berlin.

1985 est l'année où paraît Rosa Luxembourg , biographie de la militante socialiste et théoricienne marxiste dite "Rosa la rouge" (dont le portrait côtoyait ceux de Marx, Mao, Ho Chi Min... sur les banderoles de mai 1968).

Car la réalisatrice, qui souhaitait devenir archéologue dans son enfance, prise les scénarios historico-politiques. En 1995, année qui la voit s’installer à Paris après huit ans passés à Rome, elle tourne le premier film sur le Mur, sa chute, et la réunification difficile entre l’Est et l’Ouest : Les années du mur (en allemand, Das Versprechen , La Promesse ). Les Allemands de l’Est ne s’y reconnaissent pas. Ils trouvent la vision que Margarethe von Trotta a d’eux, plus sinistre que réaliste.

En 2003, Rosenstrasse ("Rue des roses"), tourné à Hambourg, Munich et Berlin, marque un retour en grâce de la réalisatrice en Allemagne. Il met en scène des Allemandes aryennes ayant manifesté en 1943 pour sauver leurs maris juifs.

On ne se connaît pas soi-même si on ne connaît pas son passé et celui de ses parents. Il n’y a pas de destin sans mémoire.

Margarethe von Trotta,* Le Figaro* , 2004

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*En 2012 enfin, *Hannah Arendt remporte un joli succès en salle_._ _* Le film traite de la couverture controversée du procès du criminel nazi Adolf Eichmann par la philosophe allemande - Hannah Arendt développa une théorie sur la "_banalité du mal* " qui fit polémique chez les intellectuels juifs en Israël et aux Etats-Unis ; elle y incriminait les conseils juifs des guettos qui, d'après elle, avaient oeuvré à leur propre destruction.

Pour incarner Hannah Arendt, l'actrice Barbara Sukowa que la réalisatrice avait déjà placée au premier plan dans Les Années de Plomb et Rosa Luxembourg .

►►► A réécouter :* *
- A Voie nue de la semaine du 22 avril 2013, épisode 1 ép. 2 ép. 3 ép. 4 ép. 5

Prix France Culture Cinéma 2014
Prix France Culture Cinéma 2014
© Radio France

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