Matières à penser | « Au nom du peuple » par Patrick Boucheron

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Matières à penser | « Au nom du peuple » par Patrick Boucheron

Patrick Boucheron
Patrick Boucheron
- Ulf Andersen

Du 3 au 7 décembre 2018 Matières à penser : une semaine, un producteur, un thème sur France Culture 22h15 -23h

Cette expression, on sait d’où elle vient. Avant d’être un slogan, ce fut, et c’est toujours, un pilier de tout système démocratique. Depuis la constitution de 1793, toutes les lois, décrets, jugements sont émis « au nom du peuple français ». On sait d’où elle vient, mais on voit aussi où elle va : vers des formes insidieuses ou brutales de déni de la démocratie. Doit-on les appeler populisme ? Le mot est piégé sans doute, mais quels mots ne le sont pas ? Historiennes et historiens, philosophes et écrivains sont conviés au chevet de ce mot malade, ou en tous cas mal en point : ils auscultent le peuple dans tous ses états.

Matières à penser par Patrick Boucheron
De 22h15 à 23h en semaine à l’antenne et sur franceculture.fr
Patrick Boucheron, nouveau producteur de Matières à penser.Historien, spécialiste du Moyen-Âge et de la Renaissance, Professeur au Collège de France, Patrick Boucheron a publié de nombreux ouvrages. Il est le co-auteur avec Mathieu Riboulet de Prendre dates Paris 6 janvier – 14 janvier 2015 et a notamment dirigé l’ouvrage collectif Histoire mondiale de la France

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Lundi 3 décembre

La leçon brésilienne

Maud Chirio, historienne, spécialiste de l'histoire contemporaine du Brésil. Maître de Conférences à l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée, membre du laboratoire ACP et membre associée de Mondes Américains.
Revenant sur l’élection récente de Bolsonaro au Brésil, Maud Chirio explore une généalogie méconnue du populisme : celle qui puise dans les expériences de la dictature militaire ou du pouvoir autoritaire au Brésil. Une leçon d’histoire contemporaine pour aujourd’hui. Ce qui est en cause ? Une remise en cause de l’idée même de progrès, dans le pays qui s’est pourtant donné comme devise « Ordre et progrès ». 

Mardi 4 décembre

Un désir de vérité 

Gérard Noiriel, historien.
Qu’est-ce que le peuple français ? « L’ensemble des individus qui ont été liés entre eux parce qu’ils ont été placés sous la dépendance de ce pouvoir souverain, d’abord comme sujets puis comme citoyens ». On lit cette définition au seuil du livre monumental que Gérard Noiriel a fait paraître aux éditions Agone, Histoire populaire de la France. L’histoire politique serait-elle d’abord celle des luttes autour des noms du peuple ?

Mercredi 5 décembre

Un “penchant pour le peuple” de Dolorès Prato 

Laurent Lombard, traducteur et Jean-Paul Manganaro, essayiste, romancier et traducteur français, professeur émérite de littérature italienne contemporaine à l'université de Lille II.
« La solitude me donnait des émerveillements, les émerveillements effaçaient la solitude ». Dans Bas la place y’a personne, Dolorès Prato donne la voix à la petite fille qu’elle fut. Les gens ne lui parlaient pas, mais les choses, si. Elles sont foule, elles lui parlent, et elles lui parlent du monde. Les traducteurs de ce livre extraordinaire montrent quels enjeux politiques de reconnaissance sont mis à l’épreuve du langage lui-même.

Jeudi 6 décembre

Comment rester peuple ? 

Chantal Jaquet, philosophe, professeure des universités, enseignante-chercheure directrice du Centre d'Histoire des Philosophies modernes de la Sorbonne
Spécialiste de Spinoza, la philosophe Chantal Jaquet a dirigé avec Gérard Bras un collectif La fabrique des transclasses où l’on peut lire une analyse sensible de ce que les sociologues appellent la mobilité sociale, ce qui l’entraîne et ce qui l’entrave. Pourquoi passer par la philosophie, ou la littérature, pour donner un sens social à la non-reproduction ? Pour en finir avec l’idée de mérite…

Vendredi 7 décembre

Ferons-nous assez de bruit ? 

Arlette Farge, historienne, directrice de recherche au CNRS, rattachée au centre de recherches historiques de l' EHESS.
Dans l’article « Peuple » dans l’Encyclopédie, Jaucourt, homme des Lumières qui n’est pas suspect d’antipathie, évoque ce « nom collectif difficile à définir », en faisant l’inventaire de ce qu’il n’est pas : ce n’est pas la populace des romains, ce n’est pas la foule. On reconnaît cette conception savante du peuple qui décrit, l’air navré, ce qui lui manque, qui pense la différence comme un moindre être. Historienne des choses ordinaires et des paroles singulières, infatigable arpenteuse du Paris populaire au XVIIIe siècle, Arlette Farge revient sur certains de ses livres (notamment Le bracelet et le parchemin) pour rendre justice à cette incertitude du peuple. 

Réalisation Anne-Pascale Desvignes