Michel Serres : "Nous ne pouvions plus penser le monde”

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Michel Serres : "Nous ne pouvions plus penser le monde”

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Michel Serres en 2012
Michel Serres en 2012
© Sipa - Baltel

2002. Deuxième épisode de la série "A voix nue" consacrée à Michel Serres sur France Culture en 2002. Pour Michel Serres, les concepts philosophiques sont devenus inopérants face à notre monde occidental “radicalement nouveau”.

Dans ce deuxième entretien de la série "A voix nue " enregistré en 2002, Michel Serres juge que la politique et la philosophie courent après la modernité sans la percevoir. Aujourd’hui, tout est à repenser, avec une solide connaissance des sciences nouvelles qui ont transformé le monde, et à la lumière des humanités anciennes. C’est un “travail de Romain” qu’il a effectué "comme les douze travaux d’Hercule", pour pouvoir anticiper “les conduites à venir, et la construction de la maison nouvelle des générations futures”.

"A voix nue" avec Michel Serres 2/5 le 08/01/2002

23 min

Un des dangers que nous courons aujourd’hui dans nos sociétés, est un produit pur et simple de l’éducation que nous y avons reçue, ou que nos enfants y reçoivent. Pourquoi, eh bien parce que nous partageons avec beaucoup de soin deux sortes de populations ; d’un côté les littéraires, de l’autre les scientifiques. D’un côté les littéraires, je les appelle en général des cultivés ignorants, et de l’autre côté des scientifiques que j’appelle volontiers des instruits incultes. Et cette chose est grave, c’est à dire elle amène les littéraires à ne plus vivre dans le monde et à se réfugier dans le passé, ce qui est dommage pour la culture humaine, et d’autre part les scientifiques à se précipiter vers le contemporain sans avoir aucune histoire derrière eux, et sans avoir idée des responsabilités politiques et humaines à laquelle leur science peut exposer leurs contemporains.

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  • "A voix nue" Michel Serres 2/5
  • 1re diffusion : 08/01/12002
  • Production : Jean-Paul Dollé
  • Réalisation : Anne Franchini