Mohamed Ali, "The Greatest", est mort

"Je suis le plus grand… J'ai choqué le monde !", s'exclame Cassius Clay le 25 février 1964 lorsqu'il remporte pour la première fois le titre de champion du monde des poids lourds face à Sonny Liston. Cette victoire, contestée par certains, marque avec son titre olympique à Rome en 1960 (à 18 ans), les débuts de la carrière de ce petit-fils d'esclave. Un destin qui par ses combats sur et en dehors des rings, son charisme et son phrasé, fera entrer Mohamed Ali dans la légende d'un pays et d'un siècle.

1964-1974 : les révoltes de Mohamed Ali

En 1964, Cassius Clay devient champion du monde des poids lourds, et, fort de cette gloire soudaine, annonce dans la foulée sa conversion à l'Islam. Sous l'influence de Malcolm X, il devient Cassius X puis Mohamed Ali et rejoint Nation of Islam, une organisation politique et religieuse noire-américaine. Un choix qui déchaîne les passions. Clay devenu Ali restera-t-il "The Greatest" ?

Spécialiste de l'histoire des États-Unis, André Kaspi explique qu'"il a choisi une formule qui n'est pas celle de la majorité des noirs américains. Ces noirs américains agissaient suivant les principes américains. Mohamed Ali, lui, s'est converti à l'islam. Pas l'islam tel que l'on peut le connaître au Moyen-Orient, en Afrique du nord ou en Europe. C'est un islam américain, un mouvement qui rassemblait environ un million de noirs américains enrégimentés par le leader de l'époque, Louis Farrakhan, un leader très violent". André Kaspi répond à Nadine Epstain :

"On nous a toujours dit que ce qui était bon était blanc et ce qui était noir était mauvais. Jésus-Christ était blanc aux yeux bleus, les anges blancs au ciel, Miss América est blanche, tout est blanc. Le Président vit à la Maison-Blanche, le pain noble est blanc… Le pain des pauvres est noir, le chat noir représente la malchance… le noir a toujours eu une connotation négative, donc nous n'étions pas fiers d'être noir. Nous voulions tous être blancs. C'est pourquoi les vedettes de cinéma noirs épousent des blanches."

1974 : Mohamed Ali, le Zénith

Trois longues années, c'est le prix qu'aura payé Mohamed Ali pour avoir refusé son enrôlement dans la guerre du Vietnam, pour avoir refusé de jouer le "bon petit Nègre" au service des Blancs. "Aucun Viêt-Cong ne m’a traité de nègre", avait affirmé celui qui avait perdu sa licence.

Mais Ali est relaxé et retrouve le droit de combattre grâce à la Cour Suprême des États-Unis, le droit de reconquérir son titre de champion du monde des poids lourds lors d'un match devenu légendaire, à Kinshasa. Un combat mythique contre George Foreman poétiquement nommé "Baston dans la jungle". Combat remporté à la huitième reprise devant 100.000 spectateurs médusés. "Je vole comme un papillon et je pique comme une abeille", avait lancé Ali avant de monter sur le ring.

En 2013, le prix « France Culture-Télérama » récompensait l'ancien boxeur Frédéric Roux pour « Alias Ali »  (Fayard), qui a été qualifié de biographie conceptuelle. Ecoutez le dans " le Carnet d'or" à propos d'une figure qui aura aussi combattu la maladie de Parkinson pendant plus de trente ans :

La légende d'un pays et d'un siècle

Aux États-Unis, même Donald Trump a rendu hommage à celui qui avait pourtant été parmi les premiers à le critiquer. Mohamed Ali s'était converti à l'islam sunnite en 1975. Et Barack Obama a salué le plus grand, qui "a secoué le monde". Cliquez sur l'image pour écouter :