Mort d'Edgard Pisani, un des pères de la politique agricole commune

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Mort d'Edgard Pisani, un des pères de la politique agricole commune

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Edgard Pisani en juin 2008 à Angers
Edgard Pisani en juin 2008 à Angers
© Maxppp - Franck Dubray

Grand serviteur de l’État, celui qui fut plus jeune sous-préfet de France est mort à 97 ans. Ce gaulliste de gauche passé au socialisme s'est notamment distingué dans sa maîtrise des questions agricoles. Ministre au début des années 60, il a contribué à rénover l'agriculture française et européenne.

Résistant actif de la première heure puis plusieurs fois ministre, mais aussi sénateur, celui que Valéry Giscard d'Estaing n'hésitait pas à appeler "mon cher Sully" a marqué de ses réflexions l'agriculture. Ancien ministre de l'Agriculture du général de Gaulle de 1961 à 1966, une durée record sous la Ve République, il fut en effet l'inventeur de la Politique Agricole Commune (la fameuse PAC), avec le Hollandais Sicco Mansholt, dans les années 1960. Une action qui fut largement saluée et reconnue dans le monde rural. Écoutez le à ce sujet en 2009 interrogé par Emmanuel Laurentin pour "La Fabrique de l'Histoire" :

"Nourrir la ville": grand témoin Edgard Pisani. Avec Emmanuel Laurentin Mai 2009

52 min

L'agriculture est née de la faim, et de l'agriculture est née la politique. Et je ne suis pas sûr que le monde puisse nourrir le monde.

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J'ai été nommé ministre de l'Agriculture parce que j'avais fait quelques semaines avant un discours que je commençais en disant : je ne connais rien à l'agriculture et je viens vous dire ce qu'un homme qui n'y connaît rien, un citadin, en pense. Six semaines après, je reçois un appel de Michel Debré me proposant le poste pour un regard neuf.

En me reconduisant à son perron après un long entretien, le général de Gaulle m'a dit : n'oubliez pas, monsieur, que vous n'êtes pas ministre des agriculteurs mais ministre de l'Agriculture. Quelques mois plus tard, je lui ai dit : mais mon général, j'ai essayé d'être ministre de l'Agriculture sans être ministre des agriculteurs, mais je n'y suis pas parvenu. Levant les bras au ciel, il m'a dit : évidemment !

Figure marquante de la Ve République, Edgard Pisani a rompu avec la majorité gaulliste en mai 1968. Il vote alors la censure et renonce à son mandat de député du Maine-et-Loire.

Il était également connu pour avoir été délégué du gouvernement socialiste en Nouvelle-Calédonie dans les années 80. Y compris comme ministre en 1985, un poste unique dans l'histoire en des temps d’affrontements violents entre partisans et opposants de l’indépendance. On doit alors à celui qui était un proche de Michel Rocard un projet d’ « indépendance-association » puis le statut « Fabius-Pisani ».

Brièvement député européen (liste PS-MRG) après avoir écrit "Socialiste de raison", ce tiers-mondiste convaincu dirigea l'Institut du monde arabe en fin de carrière, de 1988 à 1995. Retour sur sa vie avec Frédéric Says :

D'"Edouard" le résistant, incarné dans "Paris brûle-t-il ?" par Michel Piccoli, à la présidence de l'IMA

1 min