Mort de Rachid Taha : le raï perd son entrain

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Mort de Rachid Taha : le raï perd son entrain

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Rachid Taha à Budapest en août 2007
Rachid Taha à Budapest en août 2007
© AFP - ATTILA KISBENEDEK

Il avait 59 ans. Le chanteur algérien Rachid Taha, leader du groupe Carte de séjour, est mort ce mercredi 12 septembre. Celui qui mêlait dans sa musique les couleurs rock aux couleurs orientales était venu plusieurs fois se raconter sur France Culture.

Il était né près d'Oran et avait grandi à Lyon. Il est mort à Paris. Le chanteur algérien Rachid Taha a été victime d'une crise cardiaque dans la nuit du 11 au 12 septembre. Raï, punk, rock, techno... sa musique, tissée de différents styles, était porteuse d'un message de tolérance. Participant du mouvement Black-Blanc-Beur, le chanteur provocateur avait notamment repris le "Douce France, cher pays de mon enfance" de Trenet, dans une version orientale et rock'n'roll qui avait défrayé la chronique en 1986. 

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Le mariage des voix du Maghreb et des sons électroniques

Cofondateur du groupe Carte de séjour, Rachid Taha fut également membre du trio Un, deux, trois, soleils avec deux autres maîtres du raï, Khaled et Faudel. Il ne cessa d'infuser des tonalités orientales dans ses musiques de prédilection, le rock et le punk, qui avaient bercé son enfance.

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Sa reprise de "Ya Rayah", extraite de l'album Diwân, qui devint un tube en 1998, en témoigne parfaitement ; ou encore sa reprise de "Rock the Casbah" du groupe The Clash, qui connut elle aussi un grand succès en 2004. 

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C'est en écoutant les chansons de la diva arabe Oum Kalthoum, comme il le confiait à Hélène Hazera dans l'émission Chanson Boum, en avril 2013, que Rachid Taha avait appris l'arabe, enfant, et pris goût pour la musique :

Dans mon enfance, il y avait deux choses qu'on écoutait chez moi. Lorsque j'ai immigré en France, en Alsace, ce qu'écoutait mon père, c'est un peu comme ce qu'on écoutait en France entre 1939 et 1940. L'appel du 18 juin... il écoutait la BBC. Et la BBC en langue arabe passait Oum Kalthoum. Mais dans la cuisine, ou lorsque ma mère allait au hammam, ça n'avait rien à voir, c'était des chira ! Et en même temps, j'ai grandi avec le cinéma de Bollywood, en Algérie on adore ça...  

Rachid Taha y racontait aussi ses inspirations à peine plus tardives : Elvis Presley, Bob Marley...

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"Un artiste brille par lui-même, il n'a pas besoin de médaille"

Le chanteur était aussi venu dans l'émission Radio Libre en septembre 2009. Ali Baddou y affirmait que la géographie de sa musique correspondait parfaitement à la définition que Gilles Deleuze donnait d'un archipel :  "Un lieu par nature aléatoire, qui n'a ni centre, ni circonférence, et qui ne relève d'aucune vérité, un paysage fait de connexions, d'échanges, où chaque point de vue est un point de vie..."

Rachid Taha dans Radio Libre, 26 septembre 2009

1h 30

Le chanteur y confiait notamment n'avoir jamais demandé la nationalité française ("un prince ne demande pas") et avoir refusé la Légion d'honneur ("un artiste brille par lui-même, il n'a pas besoin de médaille"), notamment à cause de l'usage de la torture par la France pendant la guerre d'Algérie, dont son oncle avait été victime. 

Rachid Taha venait d'achever l'enregistrement d'un album prévu pour janvier 2019.

Pour prolonger

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