L'écrivain et philosophe italien est mort à 84 ans à son domicile. Cet intellectuel européen polyglotte avait connu le succès populaire avec son roman policier médiéval publié en 1980.
C'était l'un des intellectuels européens les plus connus : le sémiologue, écrivain et philosophe Umberto Eco est mort à son domicile de Milan vendredi, à l'âge de 84 ans, emporté par un cancer. Ce chercheur spécialiste des signes avait publié son premier roman Le Nom de la rose en 1980, une enquête médiévale labyrinthique pleine de références et de codes qui avait connu un exceptionnel succès planétaire. Traduit en une quarantaine de langues, ce livre avait été adapté au cinéma avec Sean Connery, dans le rôle du moine franciscain Guillaume de Baskerville.
Né à Alessandria dans le Piémont en Italie, le 5 janvier 1932, Umberto Eco grandit avec la montée de la guerre et le conflit qui touche la planète de 1939 à 1945. Après des études de philosophie et d’esthétique à Turin, il soutient, en 1954, sous la direction du philosophe antifasciste Luigi Pareyson, une thèse de fin d’études sur Thomas d’Aquin.
Cet intellectuel complet mêlera toujours recherches théoriques et curiosité pratique. Spécialiste de sémiotique, la science des signes explorée par Roland Barthes , et du langage, il a aussi travaillé à la RAI, le groupe audiovisuel public italien. Après "Le Nom de la rose" il publie de nombreux autres romans. "La vérité romanesque a cette qualité de ne pouvoir être discutée", disait-il lors d'une émission spéciale Le Temps des écrivains qui lui était consacrée en mai dernier.
>>> Ecoutez : émission spéciale avec Umberto Eco (mai 2015)
Tout au long de sa carrière, il a accumulé les postes d'enseignements de haut niveau -université de Bologne, Collège de France- et ses travaux ont rayonné dans le monde entier. Il s'est aussi intéressé à la culture populaire, travaillant sur des genres comme le roman-feuilleton ou le policier, et développant une théorie sur "l'engagement critique" à l'égard des médias, pour ne céder ni au rejet élitaire de la culture de masse, ni à la réception sans réflexion des produits culturels qui ne tient pas compte de leur mode de production. Cas pratique : alors qu'il multipliait les livres à succès, il a quitté avec fracas sa maison d'édition Bompiani en décembre dernier alors qu'elle était rachetée par Mondadori. Cet Intellectuel de gauche se refusait à l’idée d’être édité par Berlusconi.