Mort du philosophe et historien de l'art Hubert Damisch

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Mort du philosophe et historien de l'art Hubert Damisch

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Hubert Damisch en 2011.
Hubert Damisch en 2011.
© Maxppp - Tobias Hase / Picture Alliance

L'auteur de "Théorie du nuage" a profondément renouvelé l'approche de l'histoire de l'art, en croisant la discipline avec la sémiotique, le post-structuralisme ou la psychanalyse.

Il ne se voulait ni vraiment philosophe, ni historien de l'art et se réjouissait d'être "inclassable" car il est important de ne pas se faire "enfermer dans un cadre précis". Hubert Damisch, mort ce jeudi 14 décembre à l'âge de 89 ans selon le quotidien Libération, a marqué l'histoire de l'art avec son regard original, en renouvelant la discipline avec des approches empruntées à la sémiotique, au structuralisme et à la psychanalyse.

"Les libraires me regardent comme un individu insupportable car ils ne savent pas où me classer", expliquait-il, satisfait,  à Alain Veinstein en juillet 2012, pour la sortie de son livre Le messager des îles, lors d'un des derniers entretiens accordé à France Culture.

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Théorie du nuage

Son premier livre, Théorie du nuage, a été publié en 1972 et marque une rupture importante dans la façon de pratiquer l'histoire de l'art, en se focalisant sur un objet conceptuel, le nuage, de la peinture du Moyen-Age à Cézanne. Son histoire de l'art se nourrit de sémiotique, de post-structuralisme -il est proche de Jacques Derrida- et il explore l'au-delà du "signe" nuage, dont la fonction varie avec le temps. De l'usage du nuage comme moyen d'introduire le sacré dans le réel à son rôle en lien avec l'infini à la Renaissance, avec l'apparition de la perspective, Damisch montre que le nuage est traversé des conditions de l'époque, de la science et de l'idéologie dans leur rapport à l'art. 

D'où viennent les enfants ?

De l'histoire de l'art à l'art qui fait histoire, Hubert Damisch n'a alors cessé d'explorer l'effet des oeuvres sur celles et ceux qui les recoivent; et en retour l'effet de cette réception sur les oeuvres. Cette façon de faire devient sa signature, de Ruptures/Cultures (1976) à L'origine de la perspective (1987) et  Le messager des îles (2012).  Dans Skyline (1997), il exerce son regard sur l'architecture et plus généralement les lieux et les habitats comme "scènes". 

La même année, c'est Un souvenir d'enfance par Piero della Francesca. Le titre de l'ouvrage, référence à Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci de Sigmund Freud, nous convie à travers la fresque Madonna del Parto de l'artiste toscan à une réflexion sur l'une des questions primordiales : d'où viennent les enfants?

Madonna del parto (milieu du XVe)
Madonna del parto (milieu du XVe)
- Piero della Francesca