Nathan Paulin, funambule et artiste

Sur un fil, Nathan Paulin cherche à "émerveiller" le public plus que retranscrire la peur qu'il ressent parfois.
Sur un fil, Nathan Paulin cherche à "émerveiller" le public plus que retranscrire la peur qu'il ressent parfois.

Nathan Paulin, funambule et artiste

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Nathan Paulin, funambule et artiste

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À deux reprises, le highliner avait traversé un fil tendu entre la tour Eiffel et le Trocadéro. Ses prouesses physiques et sa démarche artistique l’ont amené à performer dans une tournée de spectacles avec le théâtre de Chaillot.

Tout commence pour le Savoyard de 27 ans avec une histoire de peur surmontée. Autour de 15 ans, il se retrouve en montagne avec ses parents en bordure de falaise. “J’étais terrifié par le vide qu’il y avait à cet endroit-là, se rappelle Nathan Paulin. Je me suis retrouvé contre le rocher, pétrifié de peur, et je pleurais parce que j’étais déçu de moi-même.

En 2011, il installe une slackline entre deux arbres dans son jardin. Il allonge progressivement les distances et se fait connaître en battant des records. En 2017 notamment, il traverse 1 662 mètres au-dessus du cirque de Navacelles, entre le Gard et l’Hérault, à 300 mètres de hauteur. Sa notoriété naissante l’amène aussi à traverser à deux reprises un fil tendu entre la tour Eiffel et le Trocadéro, en 2017 à l’occasion du Téléthon puis en 2021 pour les Journées du patrimoine. La première traversée est toujours son meilleur souvenir, “un moment hors du temps dans un lieu mythique qui me paraîssait intouchable”, raconte le highliner. 

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De la slackline au théâtre

Aujourd’hui, il vit de sa passion, grâce aux performances rémunérées pour valoriser des lieux touristiques et à ses sponsors. Entre temps, il s’est aussi fait repérer par le théâtre de Chaillot, à Paris, avec qui il a performé dans plusieurs représentations nommées “Les Traceurs” : dans un cadre naturel, il interagit sur son fil avec des danseurs au sol. L’exercice est nouveau mais enrichissant pour le montagnard : “c’est hyper intéressant pour moi parce que je ne suis plus dans un milieu sportif, plus forcément dans le monde de la montagne non plus. Mais par contre, tout ce que j’ai trouvé dans le vide, je le retranscris dans un spectacle chorégraphique.”

Un spectacle sur scène

Pour une nouvelle tournée intitulée “Corps extrêmes”, qui débute fin janvier, il sera sur scène. Le spectateur aura même l’occasion “d’entrer dans sa tête”, à travers les commentaires du funambule, décortiquant ses pensées, son état psychique et physique lorsqu’il est sur le fil. Pêle-mêle, la peur du début de traversée, le retour du contrôle, le sentiment de liberté, l’impression de ne faire qu’un avec le décor. “Quand je suis sur un fil, je me mets dans un état d’hypersensibilité, décrit le funambule. J’ai besoin que tous mes sens soient très éveillés.” 

Cette intensité émotionnelle l’a même mené à vivre une expérience mystique, lorsqu’il a vu apparaître dans les nuages le visage de sa grand-mère, décédée peu avant. Aux confins de la transe, il touche ainsi parfois à l’état de “flow”, propre aux sportifs de l’extrême en état de sublimation, qui passent en mode “pilote automatique” et peuvent laisser leur corps évoluer avec une précision parfaite.

L'Invité(e) des Matins du samedi
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