Obama, Bush, Carter et les autres : ma vie d'ancien président des Etats-Unis
Par Éric Chaverou
Barack Obama est à Paris ce samedi, à l'invitation du "réseau social professionnel" d'entrepreneurs "Les Napoleons". Comme nombre de ses prédécesseurs, l'ancien président n'hésite pas à se faire grassement rétribuer, malgré déjà un confortable train de vie. En passe toutefois d'être réformé.
L'image a récemment marqué les esprits : les cinq présidents des Etats-Unis réunis lors d'un concert au Texas. Pas question dans ce cas d’émoluments, mais de récolter un maximum de fonds pour les victimes des ouragans. Ce samedi, en revanche, Barack Obama passe à Paris initialement pour une conférence qui devrait lui rapporter 400 000 euros, d'après le Canard enchaîné. Lui qui bénéficie déjà comme ses prédécesseurs d'une très importante rente, toutefois remise en cause en ce moment.
Une retraite en or...
En vertu du Former Presidents Act promulgué en 1958, chaque ancien locataire de la Maison blanche se voit verser une allocation annuelle votée par le Congrès. Une somme aujourd'hui de 187 000 euros, à laquelle s'ajoute, sept mois durant, un financement supplémentaire de transition pour mieux retourner dans la vie privée. Une aide à la réinsertion, pourrait-on dire, également déterminée par le Congrès. S'y ajoutent des indemnités pour un bureau et du personnel administratif et la prise en charge des voyages considérés comme officiels ainsi que des frais de santé. L'ancien président nord-américain peut, comme son épouse (sa veuve le cas échéant) et ses enfants mineurs, se faire soigner dans des hôpitaux militaires.

Autre avantage, à vie depuis 2012 : la protection permanente des services secrets. Y compris pour le conjoint et les enfants jusqu'à l'âge de 16 ans. En 1994, une loi avait mis fin à la protection des anciens présidents 10 ans après leur départ.
En 1974, le ministère de la Justice a par ailleurs statué que les présidents qui démissionnent avant l'expiration de leur mandat officiel ne perdent rien de tout cela. Les présidents démis de leurs fonctions sont les seuls à faire exception.
Reste enfin le privilège de funérailles d’Etat avec les honneurs militaires.
Une retraite menacée
Cette méga rente pourrait toutefois très bientôt avoir vécu. Une proposition de loi du républicain Jody Hice prévoit en effet un plafonnement des pensions annuelles des anciens présidents à 200 000 dollars, avec un total de 500 000 dollars tous frais confondus (hormis ceux de sécurité). L'élu veut en finir avec des présidents retraités qui coûtent aujourd'hui, chacun, plus d'un million de dollars par an tout compris aux contribuables américains. Son texte vient d'être facilement adopté par la chambre basse du Congrès et il doit maintenant affronter le Sénat. Jody Hice est confiant, car, selon lui, étant donné le niveau de la dette du pays (20 000 milliards de dollars) :
Il est impératif que nos anciens présidents montrent l'exemple.
Dans un communiqué, Jody Hice a souligné combien les anciens présidents pouvaient aujourd'hui gagner grâce à leurs conférences ou leurs droits d'auteur et avances sur des livres. Et de déplorer :
Malgré les millions de dollars que représentent ces contrats juteux, le contribuable américain continue de payer pour la retraite.
Des livres et des conférences particulièrement lucratives
Le temps de Millard Fillmore, premier président à réclamer, en vain, une pension, est bien loin. Il avait perdu toutes ses économies dans la panique de 1857, l'un des premiers krachs de Wall Street, raconte le quotidien québécois Le Soleil. Fini aussi le cas d'Ulysses S. Grant, arnaqué à la fin de sa vie par un conseiller financier véreux.
L'auteur du livre The Post Presidency from Washington to Clinton, Burton Ira Kaufman, explique dans ce même article :
Clinton a reçu une avance de 10 millions de dollars pour ses mémoires et peut aller chercher entre 200 000 dollars et 250 000 dollars pour chaque conférence qu'il donne. On calcule qu'il a récolté plus de 100 millions de dollars depuis qu'il a quitté la présidence.

Mais les Obama devraient battre tous les records dans cette figure imposée des mémoires. Là où George W. Bush avait reçu 7 millions de dollars pour 2,6 millions d'exemplaires vendus en 2010, Barack et Michelle auraient empoché 60 millions de dollars pour deux livres ! Un contrat mirifique avec l'éditeur Penguin Random House, d'après le Financial Times.
Fondations et autres négociations
Au sortir de la Maison blanche, le parcours des "ex" est propre à chacun, malgré des points communs.
Les Bush père et fils n'ont pas fait d'éclats. Le Centre Bush (du fils), à Dallas, abrite sa bibliothèque et son musée présidentiels. Avec un Institut Bush, défini comme "une organisation politique non partisane orientée vers l'action qui développe des leaders, fait avancer la politique et prend des mesures pour résoudre les défis les plus pressants d'aujourd'hui". Ancien de l'industrie pétrolière, George W. Bush s'est essayé à la tenue de conférences, notamment sur l’énergie. Mais en avril 2011, il a annulé un voyage à Genève où il devait notamment assurer la promotion de ses mémoires, explique Géopolis. Le peintre à ses heures aurait voulu éviter des poursuites liées à des interrogatoires, assimilés à de la torture, de présumés terroristes après les attentats du 11 septembre 2001, ont affirmé des organisations des droits de l’homme.
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Jimmy Carter s'est lui fait remarquer par sa nouvelle vie diplomatique. "Je ne peux pas nier que je suis un meilleur ex-président que je n’ai été président.", reconnaissait-il en 2005. Ses "efforts pour résoudre les conflits internationaux par des solutions pacifistes" lui ont d'ailleurs valu le prix Nobel en 2002. Il s'est distingué par son action en Haïti, pour les accords d'Oslo ou de longue date vis-à-vis de la Corée du Nord. Le démocrate vient encore il y a quelques jours de se proposer en médiateur, à 93 ans. Sa fondation pour la paix, la santé et l'espoir dans le monde, le Carter center, sert aussi ce "diplomate indépendant" de haut vol. Elle est intervenue dès 1991 dans le conflit du Liberia, ou plus tard dans ceux du Soudan et de l'Ouganda ou en Egypte :
Bill Clinton s'est aussi investi en Corée du Nord, où il a obtenu la libération de deux journalistes américains. Et là encore, l'ex dirigeant démocrate a lancé une fondation, très marquée par l'action de sa fille Chelsea. Créée à l'origine pour construire le Centre présidentiel Clinton et la bibliothèque de Little Rock, elle s'est amplement diversifiée pour " transformer les idées en actions". Ses membres auraient, "de 2005 à 2016, réalisé plus de 3 600 engagements, qui améliorent la vie de plus de 435 millions de personnes dans 180 pays". Mais Bill Clinton a prouvé dans le même temps ses talents d'orateur avisé et son intérêt pour la scène politique nationale. Il était plus que jamais présent aux côtés de sa femme Hillary en campagne pour le poste suprême. Sous la pression judiciaire, des critiques de Donald Trump et des révélations de Wikileaks, la fondation familiale avait d'ailleurs dû changer de nom et de fonctionnement pendant la campagne.
L'inconnue Barack Obama
Après de longues vacances de milliardaire et des parties de golf, dans le plus pur style de George W. Bush ou Donald Trump, Barack Obama revient aux affaires. Il y a ses conférences, gérées par l'agence Harry Walker (comme pour Bill Clinton ou nombre de stars), comme à Montréal il y a quelques semaines ou ce samedi à Paris, sur la peur, dans le grand Auditorium de Radio France. Il déjeunera tout de même avant à l'Elysée pour ce premier déplacement en France depuis sa retraite. Et rencontrera également François Hollande et Anne Hidalgo.
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Mais il y a surtout ses projets politiques, au sens large. Barack Obama sera le premier ex-président à rester vivre à Washington depuis Woodrow Wilson en 1921. Ses bureaux sont d'ores et déjà loués, avec une vingtaine de collaborateurs, une quinzaine pour lui et quatre pour Michelle. "A l'entrée, seul signe visible de ses fonctions précédentes de chef des armées, ce fanion encadré des Seals, les forces spéciales qui ont tué Ben Laden", raconte le JDD. Ils sont près de la Maison-Blanche et de la demeure familiale à 8 millions de dollars à Kalorama, l'un des quartiers les plus chics de la ville. Le couple Obama prévoit d'y rester jusqu'en 2019, le temps que leur cadette, Sasha, finisse son lycée.
Mais le plus jeune "ex" depuis la fin du XIXe siècle garde un contact privilégié avec Chicago, sa ville de coeur et d'élection, où il prépare son centre présidentiel. Un projet ultra-moderne de bibliothèque et centre de réflexion à la fois qui doit permettre, en dépoussiérant le concept, de faire émerger la "prochaine génération de leaders".
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