
Le XXIe siècle est un contexte politique difficile pour la migration. Les parcours migratoires sont de plus en plus nombreux et complexes du fait de la mondialisation des flux. Sur quels enjeux se basent-ils ?
Il existe plusieurs types de migration :
- La migration forcée où les migrants sont soumis à un risque pour leur vie, les contraignant à quitter leur pays. Les conflits sont à la source de ces migrations. Ils bénéficient du statut de “réfugié” et sont protégés par la Convention de Genève de 1951. Ce statut n’est attribué qu’à un tiers des demandeurs d’asile. Les personnes ni expulsables, ni régularisables sont dans une situation de non-droit et ne sont pas concernées par ce statut. Actuellement, il y a 40 millions de personnes ayant le statut de réfugié.
- Les déplacés environnementaux ne bénéficient pas non plus de ce statut. Selon le GIEC, ils seraient 40 millions dans les pays du Sud. Ce sont principalement des déplacés internes qui ont des difficultés pour s’installer dans un pays du Nord. Le droit d’asile ne s’applique pas pour eux, car il renvoie à la notion de persécution. La Convention de Genève ne reconnaît pas leur statut. L’initiative Nansen vise à trouver un consensus sur les principes et les fondamentaux pour protéger ces personnes.
- Les apatrides sont 13 millions et présents principalement au Myanmar et au Bangladesh. Pour des raisons politiques et ethniques, ils sont rejetés par l’État.
Actuellement, il y a quatre grandes régions migratoires dans le monde qui recueillent la plupart des flux migratoires : l’Amérique du Nord-l’Amérique du Sud, l’Europe, les pays du Golfe et la Russie. Certaines zones migratoires sont passées du statut de pays d’accueil à un statut de pays de départ. En Europe du Sud et en Europe de l’Est, une chaîne migratoire s’est installée d’est en ouest. Les travailleurs polonais vont chercher un emploi en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Irlande. Les Ukrainiens et les Biélorusses se rendent en Pologne. En Roumanie, il y a un exode des professions liées à la santé (médecin, infirmier, garde de personnes âgées) vers l’Europe de l’Ouest. Le Mexique, le Maroc et la Turquie sont devenus des pays de transit et d’accueil pour les migrants d’Afrique subsaharienne, du Proche et du Moyen-Orient.
Différents enjeux sont à l’origine de ces migrations :
- Les enjeux démographiques, avec deux populations qui s’opposent, riche et vieillissante d’un côté ; pauvre, jeune et disponible de l’autre.
- Les enjeux énergétiques avec l’exploitation des ressources naturelles (pétrole, métaux…) sur les continents les plus dotés, en Afrique par exemple.
- Les enjeux politiques, dont les impacts économiques et sociaux peuvent entraîner des crises migratoires.
- Les enjeux environnementaux, dans lesquels se conjuguent différents ressorts climatiques (désertification, catastrophes naturelles…) qui peuvent induire des déplacements de population importants.
« Depuis qu’il y a des frontières, les hommes les franchissent pour visiter les pays étrangers, mais aussi pour y vivre et y travailler… L’histoire nous enseigne que les migrations améliorent le sort de ceux qui s’exilent mais font aussi avancer l’humanité tout entière…Tant qu’il y aura des nations, il y aura des migrants. Qu’on le veuille ou non, les migrations continueront, car elles font partie de la vie. Il ne s’agit donc pas de les empêcher, mais de mieux les gérer et de faire en sorte que toutes les parties coopèrent davantage et comprennent mieux le phénomène. Les migrations ne sont pas un jeu à somme nulle. C’est un jeu où il pourrait n’y avoir que des gagnants » Kofi Annan
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Rencontre enregistrée en février 2022
Avec : Armando Cote, psychologue clinicien et psychanalyste au centre Primo Lévi
Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d'Asile
Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherche au CNRS, politologue
Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, anthropologue à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et psychologue clinicienne à l'hôpital Avicenne