MEMOIRES VIVES. Normand, l'écrivain Pascal Quignard est en réalité natif de l'Eure. Mais ses parents s'installent au Havre alors qu'il n'a pas trois ans et que la ville attend de renaître des décombres des grands bombardements de 1944. Du Havre il dira : "Le moderne pour moi est arrivé à l'état de ruines".
Pascal Quignard n'a pas trois ans, lorsque sa famille s'installe au Havre, gigantesque paysage de ruines qui s'imprime en lui. Quignard citait Le Havre dans Les Désarçonnés, qu'il a publié en 2012 :
Je n’ai jamais quitté les ruines du Havre où je marchais enfant poussant la tête contre la force du vent pour me rendre dans les baraquements des petites classes du lycée de garçon.
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Peu après son arrivée au Havre, en 1951, la famille Quignard s'installait dans un de ces immeubles tout juste sortis de terre sous la houlette d'Auguste Perret, chargé de la reconstruction de la ville basse. Dans toutes les têtes, alors, le tapis de bombes lâché par l'aviation britannique sur la ville, en septembre 1944. Et au sol, décombres, et débris se substituent à la ville et au port, construits sous François Ier.
Un demi-siècle plus tard, l'écrivain participera à l'émission "Changement de décor" enregistrée sur place, au Havre. Il n'y vit plus et a quitté Le Havre depuis bien longtemps, dès la 6ème pour la ville de Sèvres, en région parisienne. Mais il continue de dire "ma ville" lorsqu'il en parle. Ecoutez-le évoquer ces souvenirs de petite enfance sur fond de décombres:
Le moderne, pour moi, est arrivé par le hasard de la vie à l'état de ruines.
Pascal Quignard, le 15 février 1999 dans "Changement de décor", sur France Culture
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archive Ina - Radio France
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