Penser la nature avec Jean-Jacques Rousseau

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Penser la nature avec Jean-Jacques Rousseau

Penser la nature avec Jean-Jacques Rousseau
Penser la nature avec Jean-Jacques Rousseau
© Getty - Hulton Archive

Jean-Jacques Rousseau se prétendait "l’homme de la nature et de la vérité". A l'occasion du 310e anniversaire de sa naissance, une sélection d'émissions consacrées à la façon dont l'auteur des Confessions a pensé la nature, qu'il a placée au centre de sa philosophie.

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Penser la nature avec Rousseau

Penseur de la nature, Jean-Jacques Rousseau a fait de celle-ci l’axe fondamental de son discours anthropologique, moral et politique. Du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755) aux Rêveries d'un promeneur solitaire (1776-1778), dans les ouvrages théoriques comme dans les écrits autobiographiques du philosophe né à Genève le 28 juin 1712, le concept de nature est omniprésent.

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Bien sûr, Rousseau n’est pas le premier philosophe à avoir pris la nature comme objet d’étude et l’on peut observer, dans l’histoire de la philosophie occidentale, deux attitudes opposées face à celle-ci. La première entend dérober à la nature ses secrets par tous les moyens, à la manière dont le Titan Prométhée a dérobé le feu aux dieux... Elle va s’épanouir à partir du XVIIe siècle et on la résume souvent par la célèbre formule de Descartes, généralement mal comprise, "se rendre comme maître et possesseur de la nature" ou aux travaux de Francis Bacon. A l'époque de Rousseau, on tend à décrire la nature comme une "boutique de serrurier", et on cherche à en démonter les mécanismes. Tel est notamment le projet de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert qui, au travers de ses planches didactiques, vise à exhiber et révéler les phénomènes naturels dans leurs moindres rouages.

A l'opposé, une autre tradition philosophique défend une approche empathique de la nature, un mode de connaissance frappé au coin de l’extase, de la contemplation, qui commande de respecter l’ordre naturel des choses. Rousseau est emblématique de cette seconde attitude que le philosophe Pierre Hadot qualifie d'orphique, en lien avec le mythe d'Orphée. Toute l'oeuvre de l'auteur du Contrat social est en effet traversée par une profonde sympathie et un vif sentiment esthétique vis-à-vis de la nature. Même si Rousseau ne dédaignait pas de la soumettre à des formes d'expérimentation, comme en témoignent ses investigations botaniques et ses nombreux herbiers.

Mais surtout, Rousseau s'est attaché à la penser dans toute son ambiguïté sémantique : qu'il s'agisse de sa dimension physique (la nature) ou de sa dimension morale (la nature humaine). Sa réflexion porte en particulier sur l'articulation entre développement moral de l’humanité et qualités naturelles de l'homme. Inscrivant sa réflexion dans une recherche généalogique de la morale, Rousseau cherche à déterminer la source de des vices humains. Pour lui, l’homme est naturellement bon, et ce sont les institutions, organisatrices de la vie en société, qui l’ont corrompu.

A l'occasion du 310e anniversaire de sa naissance, cette sélection de six émissions propose d'appréhender la façon dont l'auteur des Confessions a pensé la nature.

"Jamais la nature ne nous trompe, c'est toujours nous qui nous trompons." Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)

À l’automne 1765, Rousseau, se pensant persécuté, se réfugie sur l’île Saint-Pierre, au milieu du lac de Bienne, dans le Jura suisse. Mais au lieu de se plonger dans l’étude, c’est au milieu des fleurs et des arbres qu’il trouve la paix et commence à s’adonner à la rêverie… Cette nature lui inspire aussi le désir d’inventorier "toutes les plantes de l’île, sans en omettre une seule". Passionné de botanique, Rousseau va également composer de nombreux herbiers. Quelques années plus tard, c'est à Montmorency chez Madame d’Epinay qu'il trouvera un second refuge. Dans sa maisonnette, baptisée L’Ermitage et située en bordure de forêt, le philosophe redécouvre avec bonheur la vie campagnarde. Délivré du poids que sa célébrité faisait peser sur lui et de l'atmosphère complotiste des salons littéraires parisiens, il parcourt la nature muni de son carnet de notes et entame ses années de travail les plus fécondes. C’est à Ermenonville, dans une nature à la fois sauvage et apprivoisée que Rousseau achève sa vie. Il y meurt en juillet 1778 et son corps est inhumé sur l’Ile aux peupliers.

  • Comment la nature procure-t-elle le sentiment d’existence ?

Dans ses balades sur l’île de Saint-Pierre, couché dans son bateau dérivant, assis sur les rives du lac, d’une belle rivière ou d’un ruisseau, Rousseau était-il véritablement "seul sur terre" lorsqu'il écrivit ses Rêveries du promeneur solitaire ? Dans cette émission, Jean-François Perrin éclaire cette phrase énigmatique cachant une posture qui permet au philosophe de prolonger sa réflexion sur la nature de l'homme. ( Les Chemins de la philosophie, 59 min)

Les Chemins de la philosophie
58 min
  • Qu’est-ce que l’état de nature pour Rousseau ?

Rousseau s’inscrit dans une longue tradition de penseurs qui s’efforcent de remonter jusqu’à la nature de l’homme pour savoir quels seraient les meilleurs principes pour le gouverner. Son projet va consister à dépouiller l’homme de tout ce que la société a accumulé sur l’humanité, et qui l’a dénaturée. Sa méthode philosophique consiste à essayer d’arriver à un noyau originel : comment était l’homme avant sa socialisation ? A partir d'une analyse du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, cette émission propose de comprendre le statut de cet état de nature que Rousseau qualifie de "pur" ou de "véritable". ( Les Chemins de la philosophie, 51 min)

Les Chemins de la philosophie
51 min
  • Rousseau et le mythe du "bon sauvage"

Hospitaliers, insouciants, vivant en harmonie avec la nature : c’est ainsi que les voyageurs à l’époque de Rousseau décrivent les insulaires du Pacifique, les habitants des Bahamas ou encore les tribus amazoniennes. Comme ses contemporains, Rousseau était friand de ces récits de militaires, de missionnaires ou de marchands qui ont rencontré les "hommes sauvages". Toutefois, le philosophe les utilise avec prudence, affirmant que ces voyageurs ont ramené davantage de préjugés que de vérités de leurs explorations. Cette émission analyse ce fantasme d’une humanité heureuse, non encore souillée par l’esprit de domination et la vanité, qui traverse tout le XVIIIe siècle et que le mythe du "bon sauvage" incarne. ( Tout un monde, 59 min)

Tout un monde
59 min
  • Rousseau, voix de la nature ?

Rousseau se prétendait "l’homme de la nature et de la vérité". Mais comment le philosophe pouvait-il avoir accès à un état de nature dont il affirmait par ailleurs qu’il était irrémédiablement perdu ? Il y a là un paradoxe. Pour Rousseau, l’erreur qu’ont commise ses prédécesseurs consiste à avoir projeté la société, la civilisation, sur la nature. Au cours de cette émission, la philosophe spécialiste de Rousseau Céline Spector démontre comme l’état de nature, pour Rousseau n’est peut-être rien d’autre qu’une fiction anhistorique, un procédé heuristique qui lui permet avant tout de mener à bien son projet philosophique : établir une généalogie de la morale. ( Les Chemins de la philosophie, 59 min)

Les Chemins de la philosophie
1h 00
  • Dans les jardins philosophiques d'Ermenonville, sur les traces de Jean-Jacques Rousseau

C’est dans une nature à la fois sauvage et apprivoisée, plus précisément dans les jardins d’Ermenonville aménagés en son hommage par le marquis de Girardin que Rousseau achève sa vie. Il y meurt en juillet 1778 et son corps est inhumé sur l’Ile aux peupliers. Dès la Révolution française, le philosophe commence à faire l’objet d’un véritable culte de la personnalité et le pèlerinage à Ermenonville devient un passage obligé. Ce documentaire propose une balade radiophonique dans le domaine d'Ermenonville et retrace l'histoire de ce lieu emblématique du rapport à la nature de l'auteur des Rêveries du promeneur solitaire. ( La Fabrique de l'histoire, 54 min)

La Fabrique de l'Histoire
54 min
  • Que provoque la contemplation de la nature, de Rousseau aux romantiques ?

En 1782, Les Rêveries du promeneur solitaire pose les bases de qui va devenir le Romantisme et que l’on peut définir, a minima, comme un nouveau regard posé sur le monde dans lequel la subjectivité, le sentiment et la quête d’absolu l’emportent sur le primat de la Raison, emblématique du siècle des Lumières. En partant de l'exemple de Rousseau qui a déployé son regard au bord des lacs du Jura ou dans la forêt d’Ermenonville, ce documentaire retrace l'influence qu'ont eu ces nouvelles expériences de contemplation de la nature sur les contemporains de Rousseau, et après eux, sur les poètes et les écrivains romantiques.  ( La Série documentaire, 54 min)

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LSD, La série documentaire
54 min