Pierre Alechinsky : "C'est par la répétition qu'on est convaincu de certaines choses"

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Pierre Alechinsky : "C'est par la répétition qu'on est convaincu de certaines choses"

Pierre Alechinsky dans son atelier à Bougival en mai 2005.
Pierre Alechinsky dans son atelier à Bougival en mai 2005.
© Getty - Raphael GAILLARDE/Gamma-Rapho

1998. Dans ce troisième entretien de la série "A voix nue", Pierre Alechinsky décrit comment s'est opéré le passage du dessin à la peinture acrylique et ce que cela a modifié physiquement dans sa façon de créer. Il s’explique sur son procédé de répétition d'une image et sur son idée de limiter le tableau.

Troisième volet de la série "A voix nue" avec le peintre Pierre Alechinsky qui relate les débuts de sa première peinture acrylique en 1965 sur papier, et non sur toile, intitulée "Central Park", en quoi c'était un "stratagème" pour passer du dessin à la peinture tout en gardant le papier, parce que "la toile tendue sur châssis, c'est quand même autre chose que la page blanche de l'écrivain !" affirme-t-il. Utiliser un nouveau matériau implique forcément des changements, notamment dans la position physique de l'artiste par rapport à l'oeuvre en train de se faire. Alechinsky décrit ainsi le processus de réalisation de son projet "Central Park" : "J'ai punaisé les dessins tout autour, pour voir ce que ça donnerait sans du tout me rendre compte que j'étais en train de décider de tout un style à partir de là", raconte-t-il. "C'est peut-être parmi mes meilleurs tableaux", conclue-t-il.

Je ne savais pas trop ce que j'étais en train de faire. Je voulais voir ce que ça donne sans trop savoir. Et puis je me suis aperçu que cette manière de ceinturer un tableau, le protégeait, le séparait davantage du monde extérieur, du monde flottant des Japonais. Une manière de retenir le regard des autres parce qu'il y a tant de choses intéressantes à voir plutôt que la peinture... on essuie du regard une peinture, à toute vitesse, on passe très vite à côté. Un livre, on passe d'une page à l'autre, il vous retient. Un tableau, en un coup d’œil, on dévie. C'est donc une sorte de protection et à la fois ça permet des tentatives d'explication, notamment par la technique de répétition.

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Pierre Alechinsky dans "A voix nue" 3/5, le 16/09/1998.

24 min

Pierre Alechinsky s'exprime sur les différentes manières de limiter ses tableaux et en quoi chaque tableau est unique et nécessite "un enchaînement de gestes" qui lui reste propre. Ce qui lui fait dire que "chaque peinture est un individu".

Entourer un tableau, ne fut-ce que d'une ligne, c'est venu assez souvent chez moi et c'est déjà un début de limitation. J'ai toujours voulu accentuer l'idée de la limite du tableau. On est sur un rectangle, et bien restons-y et montrons que c'est un rectangle : disons-le plutôt deux fois qu'une ! Ne nions pas qu'il s'agit d'un rectangle.

  • "A voix nue" 3/5
  • Première diffusion le 16/09/1998
  • Producteur : Jean Daive
  • Réalisation : Nicole Salerne
  • Indexation web : Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France