Plus de 2,6 millions de vues sur YouTube pour la vidéo de candidature d’Éric Zemmour

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Plus de 2,6 millions de vues sur YouTube pour la vidéo de candidature d’Éric Zemmour

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Nombre d'interactions sur les réseaux sociaux fortement en hausse pour Éric Zemmour après l'annonce de sa candidature. Selon Backbone Consulting, du 26 novembre au 3 décembre 2021.
Nombre d'interactions sur les réseaux sociaux fortement en hausse pour Éric Zemmour après l'annonce de sa candidature. Selon Backbone Consulting, du 26 novembre au 3 décembre 2021.

Éric Zemmour est officiellement entré dans la course à l’Élysée. Le polémiste d’extrême droite a choisi d’annoncer sa candidature à la Présidence sur YouTube, dans une vidéo d’une dizaine de minutes. Avant de confirmer sa décision le soir même dans un média traditionnel, au 20h de TF1.

C’est la fin d’un faux suspense. Éric Zemmour est officiellement candidat à la Présidence de la République. Il l’a confirmé ce mardi 30 novembre en diffusant sur sa chaine YouTube et sur les réseaux sociaux une vidéo d’une dizaine de minutes. Avec en fond musical le deuxième mouvement de la septième symphonie de Beethoven, le polémiste d’extrême-droite est installé dans une bibliothèque. Sur le bureau auquel il est assis, un micro rappelant celui utilisé par le Général de Gaulle lors de son appel du 18 juin 1940. Dans la déclaration qu’il lit sans jamais vraiment quitter son papier des yeux, Éric Zemmour se déclare candidat à l’Élysée "pour sauver la France". Le désormais candidat s’adresse aux Français : "Vous vous sentez étrangers dans votre propre pays, vous êtes des exilés de l’intérieur" déclare celui qui est un fervent partisan de la théorie du "grand remplacement" de la population européenne par une population immigrée non-européenne. Le discours est illustré par des images d’archives, de la France des années 50, entrecoupées de séquences violentes d’émeutes urbaines. 

En trois jours, cette vidéo de candidature est vue par plus de 2,6 millions d’internautes. Diffusée également sur les chaines d’information en continu, elle est aussi regardée en direct par 967 000 téléspectateurs (si la chaine LCI a choisi d’interrompre cette diffusion avant la fin de la retransmission, soucieuse de pouvoir maitriser ce qui était diffusé sur son antenne). 

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"Un objet politique non identifié"

Véronique Reille Soult préside Backbone Consulting, société spécialisée dans l’analyse de l’opinion et qui est à l’origine d’ un baromètre des réseaux sociaux pour cette élection présidentielle. Éric Zemmour a réussi son coup, dit-elle : 

Dès la diffusion de cette vidéo, Éric Zemmour a enregistré sur tous les réseaux sociaux un pic de visibilité très fort. Sa déclaration a suscité un intérêt véritable. En termes d’interactions sur les réseaux, le polémiste désormais candidat a immédiatement devancé toutes les autres personnalités politiques (NDLR : selon Backbone Consulting, le nom d’Éric Zemmour a sur la seule semaine du 26 novembre au 3 décembre été mentionné plus de 200 000 fois sur les réseaux sociaux. Il enregistre une progression de 109%). L’audience de cette vidéo ne cesse de progresser. Je pense donc que cet objet politique non identifié a parfaitement atteint son but. D’autre part, si l’on regarde attentivement les commentaires publiés sous cette vidéo, ils sont majoritairement positifs. Je dirai que, auprès de ses supporters en tout cas, cet exercice fort peu conventionnel a été très apprécié. Il a rencontré son public.

La dirigeante de Backbone Consulting fait d’ailleurs l’analyse suivante. Dans les prochaines semaines, pense-t-elle, le désormais candidat Éric Zemmour a intérêt à continuer dans cette voie d’une communication peu conventionnelle, sur les réseaux sociaux, plutôt que dans les médias traditionnels : 

Cette vidéo publiée sur YouTube a immédiatement été reprise et largement commentée sur les autres réseaux que sont Facebook, Twitter, Instagram et TikTok. En revanche, dans un exercice plus traditionnel (NDLR : le 20h de TF1 dans lequel le soir même, Éric Zemmour a confirmé sa candidature), le polémiste était beaucoup moins à l’aise. Il s’est posé en victime, reprochant au journaliste Gilles Bouleau, de ne pas lui poser les bonnes questions, sur son programme notamment. C’est un peu comme si Éric Zemmour n’avait pas les codes d’une interview plus classique, à une heure de grande écoute, à la télévision. Là, ça ne fonctionnait plus.

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Une polémique sur les droits d’auteur

Rapidement, la vidéo de candidature d’Éric Zemmour provoque de vives réactions. À l’Assemblée nationale, dans les heures qui suivent sa mise en ligne, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin la qualifie "d’absolument ignoble". Par voie de communiqué, la Fondation Charles de Gaulle réagit, et sans nommer Éric Zemmour, précise que "De Gaulle n’appartient à aucune famille politique. De Gaulle n’appartient à personne, et surtout pas à ceux qui voudraient s’emparer de son image et du symbole de courage et détermination qu’il incarne pour cautionner quelque entreprise que ce soit. Surtout si cette entreprise est manifestement contraire aux principes qu’il a défendus".

Dans le même temps, une dizaine de médias (France 24, Le Parisien, France Télévisions) et de sociétés de production (Gaumont) annoncent qu’elles vont exiger le retrait de cette vidéo des réseaux sociaux, au nom du respect du droit d’auteur. Dans ce clip de lancement de campagne, le candidat a utilisé des extraits de journaux télévisés et de films, l’image de plusieurs artistes (Hallyday, Barbara, Belmondo) sans avoir au préalable demandé l’autorisation aux auteurs de ces images ou à leurs ayant droits. Le compositeur Woodkid, dont l’une des musiques a été utilisée pour cette séquence fait savoir qu’il va poursuivre le candidat en justice.

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Jeudi, la plateforme YouTube (propriété de Google) décide de ne pas retirer cette vidéo, mais en revanche l'interdit aux internautes de moins de 18 ans. Un porte-parole précise à l’Agence France Presse : "Nos règlements interdisent les contenus choquants ou violents. Dans le cas où une vidéo contient un élément pas adapté à tous les utilisateurs, nous veillons à appliquer une limite d’âge afin de protéger ces utilisateurs". 

En réaction, Éric Zemmour dénonce une décision tyrannique de la part de YouTube : 

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Pour Véronique Reille-Soult, cette question des droits d’auteur n’a visiblement pas été travaillée par l’équipe qui entoure le candidat d’extrême-droite : 

Sur les réseaux sociaux, nous avons constaté que même les soutiens de M. Zemmour étaient un peu atterrés par ce côté amateur. Cette séquence est surprenante car jusqu’ici les actions que le polémiste a menées sur les réseaux sociaux ont été plutôt efficaces. Ils ont une bonne communication numérique, efficace. Encore une fois, ils ne semblent pas maitriser les codes traditionnels de la politique. Mais sans doute sont-ils en train de réfléchir à inventer de nouveaux codes.

Il est peu probable que les vues comptabilisées par cette vidéo aient été achetées, commente Véronique Reille Soult : 

D’abord parce que ça serait parfaitement illégal dans le cadre d’une campagne politique. Et faire ce choix aurait été extrêmement maladroit. Nous avons tout de même vérifié. Force est de constater que ces vues n’ont pas été achetées de manière artificielle. Incontestablement, cette séquence peu conventionnelle a entrainé chez de nombreux internautes une vraie curiosité.

La confirmation de la candidature d’Éric Zemmour à la Présidentielle et les résultats du premier tour de la primaire chez Les Républicains ont en tout cas suscité une avalanche de messages et de commentaires sur les réseaux sociaux. Sur cette même période du 26 novembre au 3 décembre, l’institut Backbone Consulting a recensé près de 300 000 messages évoquant le scrutin du mois d’avril 2022. Un volume en hausse de 73% si l’on compare avec les sept jours précédents. 

La Question du jour
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