Plus verte et plus high-tech, les chantiers de la nouvelle Commission européenne

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Plus verte et plus high-tech, les chantiers de la nouvelle Commission européenne

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Ursula von der Leyen est une proche d'Angela Merkel. Cette chrétienne-démocrate arrive à Bruxelles avec un bilan controversé au ministère de la Défense, mais forte d'une image d'Européenne convaincue.
Ursula von der Leyen est une proche d'Angela Merkel. Cette chrétienne-démocrate arrive à Bruxelles avec un bilan controversé au ministère de la Défense, mais forte d'une image d'Européenne convaincue.
© Maxppp - Patrick Seeger / EPA / Newscom

Repères . Ursula von der Leyen, nouvelle présidente de la Commission européenne, veut légiférer sur le climat, le numérique et les migrations dans les 100 premiers jours de son mandat. Pour la première fois, elle a accordé une interview en français. Radio France était parmi les médias invités.

Elle incarne désormais le visage de l’Europe. A 61 ans l’Allemande Ursula von der Leyen devient ce dimanche 1er décembre 2019, la première femme à présider la Commission européenne. Avec un mois de retard après un parcours chahuté depuis sa désignation en juin par les chefs d’Etat et de gouvernement à une majorité très courte. Après notamment le rejet de Sylvie Goulard au poste de commissaire française.

En tête de ses priorités pour transformer en profondeur l’Union, elle a mis le climat, le numérique et la gestion des migrations. 

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Faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre, c’est-à-dire qui absorbe autant de CO2 qu’il en produit, est le principal objectif de la présidente. Avec son "PACTE VERT" pour l’Europe, elle dit vouloir instaurer une taxe carbone aux frontières, étendre le système de quotas d’émission au secteur maritime et réduire celui alloué gratuitement aux compagnies aériennes. 

"L’Europe doit aussi devenir le leader mondial de l’économie circulaire", écrit la présidente dans son programme pour l’Europe. Elle soutient également un objectif de réduction des émissions CO2 de plus 50 % en 2030, contre 40 % actuellement prévu. 

Mais pour atteindre cet objectif, il lui faut le soutien des 26 Etats membres.  Or, à l’est de l’Union européenne certains pays encore dépendants du charbon, dont la Pologne, auront besoin d’un accompagnement financier. "Nous soutiendrons les personnes et les régions les plus affectées avec un nouveau Fonds pour une transition juste__", promet Ursula von der Leyen, qui précise à chacun de ses discours que ces changements doivent s’accompagner de création d’emplois. 

Exporter notre savoir faire 

"Les Etats membres, les entreprises, les industries devront être les moteurs de cette transformation en profondeur de notre économie", a déclaré la présidente quelques heures après le feu vert donné à sa Commission par les eurodéputés. Mais Ursula Von Der Leyen entend bien aussi s’appuyer sur les citoyens :

On veut tous vivre dans un monde où l’environnement se porte bien et je crois que pour cela beaucoup de gens sont prêts à changer un peu

a-t-elle déclaré à France Culture, "et si nous sommes les premiers à développer les technologies nécessaires pour sauver la planète, nous aurons une forte base industrielle pour l’avenir et pourrons exporter dans le monde nos innovations", poursuit la présidente. 

Pour y parvenir, elle promet un plan d’investissement à hauteur de 1 000 milliards d’euros sur dix ans, pour soutenir la recherche et l’innovation. Et elle dit vouloir transformer la Banque européenne d’investissement (BEI) en Banque européenne du climat

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Biodiversité, alimentation, fin des plastiques à usage unique, tous les secteurs seront touchés : "40 à 50 textes législatifs sont attendus dans les tous premiers mois de son mandat", indique l’eurodéputé centriste Pascal Canfin (Groupe Renew) qui préside au Parlement européen la commission Environnement. 

L’ONG Greenpeace Europe salue cette ambition. "On est peut-être à un tournant", admet son porte-parole Marc Bredy, "mais à condition" ajoute-t-il "qu’elle annonce des mesures radicales et applicables maintenant". 

L’Europe, futur leader dans le domaine de l’intelligence artificielle ?

Ursula von der Leyen ne cesse de dire que l’Europe doit être plus ambitieuse. Adapter le continent au numérique est un autre des chantiers auxquels la Commission entend s’attaquer. Il est sans doute trop tard pour rattraper les géants du numérique américain mais il faut “maîtriser les technologies clefs et en être propriétaires“, a-t-elle affirmé devant les eurodéputés réunis en session à Strasbourg. 

Elle pourra s’appuyer sur sa vice-présidente, la Danoise Margrethe Vestager restée en charge de la concurrence mais qui chapeautera aussi le Numérique. Intelligence artificielle, Big Data, 5G, blockchain ou encore outils de partage et d’exploitation des données, la nouvelle Commission veut investir dans des technologies qui pourraient faire naître “la prochaine génération des géants du numérique“.

Ursula von der Leyen pose avec de nouveaux membres de la Commission européenne après le vote des membres du Parlement européen sur son collège de commissaires, à Strasbourg, le 27 novembre 2019.
Ursula von der Leyen pose avec de nouveaux membres de la Commission européenne après le vote des membres du Parlement européen sur son collège de commissaires, à Strasbourg, le 27 novembre 2019.
© Maxppp - Patrick Seeger / EPA / Newscom
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85% de données non utilisées

85% des données à caractère non personnel qui sont sur Internet en Europe ne sont pas utilisées selon la présidente de la Commission qui a parlé de “gaspillage“. Comment utiliser ces données pour favoriser des innovations et créer de la richesse pour nos sociétés et nos entreprises ? C’est l’une des tâches qu’elle a confié au Commissaire français Thierry Breton, chargé du marché intérieur, de l’industrie de la défense et du numérique. 

Si l’on fixe des règles pour les traiter de façon responsable, on pourra les exploiter“ (Ursula von der Leyen)  

La nouvelle présidente de la Commission souhaite aussi développer la cybersécurité et créer une plateforme commune, une Agence européenne de cybersécurité.

Surmonter les divisions pour une meilleure gestion européenne des migrations

Ursula von der Leyen a également promis dans les cent jours un pacte sur les migrations. “Nous devons accueillir", a-t-elle dit aux eurodéputés, "ceux qui ont besoin d’une protection internationale mais aussi veiller à ce que les personnes qui ne sont pas en droit de rester retournent dans leur pays". 

Nous devrons par ailleurs briser le sinistre modèle des passeurs et réformer notre système d’asile, sans oublier nos valeurs !" a-t-elle ajouté. 

Voilà pour les intentions. Mais ce dossier sera sans doute l’un des plus délicats à gérer par la prochaine Commission tant les positions divergent entre les Etats membres. Deux commissaires seront en première ligne sur ce sujet, dont le Grec Margaritis Schinas dont le portefeuille a fait couler beaucoup d’encre. En charge du dossier migratoire, il avait été nommé Commissaire en charge de la "protection" du monde de vie européen. Un intitulé qui avait suscité une vive polémique et qui a été transformé en "Promotion" du monde de vie européen. 

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