

Chacun le sent et le comprend désormais : la pandémie, en plus du risque viral et du risque social, aura un après coup psychique sur chacune et chacun de nous. Pour en discuter, François Ansermet, psychanalyste, et Catherine Tourrette-Turgis, psychologue et présidente de l’Université des patients.
- François Ansermet Psychanalyste et psychiatre
- Catherine Tourette-Turgis Professeure des Universités à Sorbonne Université, psychologue clinicienne, chercheure au Conservatoire des Arts et Métiers.
Mais on persiste justement à en faire une dimension secondaire, à le traiter dans un « après » comme si on pouvait attendre. Or, ce n’est pas du tout le cas. L’expression est trompeuse. En fait « l’après-coup » psychique ne vient pas « après ». Il est contemporain du choc ou du « coup » sanitaire ou social. Il en porte tout de suite la trace et les plus graves effets. Surtout lorsque ce choc, comme dans la pandémie-confinement, se répète, dure, s’installe, sans horizon visible. L’après coup est une blessure psychique et temporelle qui appelle un accompagnement immédiat et constant. Nous en parlons, ce soir, avec François Ansermet, psychanalyste et psychiatre dont la clinique à Genève mais aussi les études sur « l’incertitude de vie et l’incertitude de mort », ainsi que le travail au CCNE (Comité Consultatif National d'Ethique) éclairent toute la période, et Catherine Tourrette-Turgis, présidente de l’ Université des patients et qui plaide pour un accompagnement psycho-social contemporain de la pandémie même.
Bien sûr, c'est angoissant et dire qu'il n'y a pas d'après, c'est un signe de l'angoisse. C'est l'idée que quelque chose qui sidère a eu lieu, c'est une sidération. Finalement, c'est une sorte d'abolition du temps, dire que l'après est déjà maintenant, c'est aussi dire que le temps s'est arrêté. On est dans un instant figé, éternisé, dans un instant qui n'est plus et qui n'a plus les valeurs de l'instant. François Ansermet
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Il faut d'emblée s'orienter vers le rétablissement. On règle la crise sanitaire, on règle la crise économique et après on a ce qu'on appelle la crise de l'impact humain. Les impacts humains peuvent durer deux à trois ans, bien après que les deux autres crises aient été résolues. Catherine Tourrette-Turgis
On peut retourner à ce que Freud disait : toute psychologie individuelle est aussi simultanément une psychologie sociale et collective. On ne peut pas séparer les deux.[...] Un phénomène important qui pose beaucoup de problèmes dans la gestion de la pandémie, c'est la rage. C'est une colère collective, une révolte, un refus. Il y a une dimension d'ambivalence où tout se retourne : la peur en défi, la confiance en défiance, la solidarité en haine. Les soignants sont aussi mal pris dans cette situation. On doit s'occuper de cette épidémie d'un autre type qui ne doit pas être vue et traitée après. Ça a déjà commencé, c'est là, tout de suite, simultanément. François Ansermet
Il y a deux activités qui ont été réduites pendant le confinement : l'activité professionnelle et l'activité sexuelle. 44% des couples vivants sous le même toit disent n'avoir eu aucune relation sexuelle pendant un mois. 15 à 18 % des jeunes disent ne plus avoir de libido. Ce n'est pas rien, quand il y a une panne érotique dans un pays, il me semble qu'il y a quelque chose qui se passe. Catherine Tourette-Turgis
J'aime beaucoup cette expression de "nouvelles allures" de la vie. Est-ce que par-delà cette pandémie, par-delà cette catastrophe - à la fois épidémiologique, de santé publique, mais aussi politique et sociale - on va pouvoir inventer de nouvelles pratiques du quotidien, de nouvelles valeurs bricolées, une nouvelle vie, de nouveaux rêves ? François Ansermet
Pour en savoir plus
La page et les publications de Catherine Tourette-Turgis sur son site internet.
Portrait de Catherine Tourette-Turgis (site du journal La Croix).
La page de François Ansermet (site de la Fondation Agalma).
Les publications de François Ansermet (site Cairn.info).
Article sur le livre Inconfinables ? Les sans-abris face au coronavirus (2020), de Julien Darmon, cité dans l'émission (site du journal Les Echos).
Choix musicaux
Chanson : "Muss es sein es mussein" par Léo Ferre - Album "Je te donne" (1976).
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Chanson : "Hallelujah" par Leonard Cohen - Album : Various Positions (2012) - Label : Columbia / Legacy.
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