

Et à propos d’ailleurs, cette semaine, le Ghana.
Nous parlons cette semaine du Ghana et, rentrée scolaire oblige, du lycée public au Ghana qui a ouvert ses portes ce lundi 26 août à près de 500 000 élèves avec une question : est-ce que l'école doit être financée, ou pas, par le pétrole ?
C’est en tout cas le souhait du très populaire président ghanéen Nana Akufo Addo, élu en décembre 2016, devenu la star des réseaux sociaux, notamment pour ses prises de positions remarquées sur l’indépendance économique de l’Afrique.
Il a par exemple déclaré lors de la visite d’Emmanuel Macron au Ghana en décembre 2017, qu’il n’était plus possible de “mener une politique sur la base de l’Occident, de l’Union européenne, ou de la France. Cela n’a jamais marché, cela ne marche pas, et cela ne marchera jamais”.
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Quelques mois plus tard, pendant la conférence sur “l’éducation en Afrique” à Dakar, il a renchérit : “Il faut sortir de la dépendance des contribuables européens. Nous ne pouvons pas dépendre des autres pour financer l’éducation de nos pays”.
Alors comment faire pour financer l’école publique, puisque c’est le sujet qui nous intéresse.
Et bien Nana Akufo Addo se place dans la filiation direct du père fondateur de la République du Ghana, Kwame Nkrumah, symbole de la décolonisation en Afrique.
Et de la même manière qu’ N-krumah a créé et ouvert en 62 les premières écoles primaires, publiques et gratuite grâce à la manne du cacao, “l’or brun”, c’est grâce à “l’or noir”, le pétrole, qu’Akufo Addo compte financer les Seniors High Schools, les lycées publics et entièrement gratuits qu’il a inauguré à la rentrée 2017, à grand renfort de communication.
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"SHS (senior high school) is free, les lycées sont gratuits, alleluyah, j’entends les cloches sonner et les oiseaux chanter. La S_enior High School_ c’est gratuit" dit la chanson, écrite par le ministre de l’éducation lui même, dans un clip où l’on peut voir le président Nana Akufo Addo parader tout sourire devant une foule en liesse.
Et il a de quoi être heureux Akufo Addo puisque malgré le fait qu’un quart de la population soit en dessous du seuil d'extrême pauvreté, le Ghana enregistre un des plus forts taux de croissance d’Afrique, dopé aux hydrocarbures.
Avec un taux d’alphabétisation qui dépasse les 80% chez les jeunes une scolarisation qui avoisine les 65%, le Ghana peut voir l’avenir en rose.
Alors vous allez me demander “où est le problème Mattéo”, et bien le problème Caroline, c’est que lier les destins de l’éducation et du cours du baril comporte un risque : celui de l’instabilité des cours du pétrole.
Et précisément, on craint une baisse structurelle du prix du pétrole à l’international. Que se passerait-il demain en cas de choc pétrolier pour le demi-million de lycéens ghanéens, telle est la question.
Mais le Ghana a découvert récemment de nouveaux gisements très importants dans l’Atlantique qui laisse espérer une nouvelle arrivée d’argent, perçue comme une bénédiction alors qu’il manque 200 000 places dans les lycées publics.
Cette manne économique pourrait, en plus de financer les cahiers, la cantine et les uniformes, permettre la construction des écoles manquantes dans un pays ou 57% de la population a moins de 25 ans.
Alors en cette semaine de rentrée on s’organise pour pallier aux manque de places, avec un système assez curieux pour nous mais qui fait ses preuves et permet l'accès au lycée de tous, c’est le système à deux voies, le “two tracks system”.
Tous les deux mois, les lycéens du ghana opèrent un roulement. Certains d’entre eux se font absents involontaires pendant 60 jours, avant de reprendre leur place, et ainsi de suite.
Qui pourra aller au lycée jusqu’en novembre, qui ne pourra pas ? D’une certaine manière, pour les lycéens du Ghana, c’est toujours un peu la rentrée des classes.
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