

Cette semaine, le président ougandais Yoweri Musenevi a entrepris une marche mémorielle de 195 kilomètres à un an des éléctions présidentielles. Présidentielles qui l'opposent à la superstar de la pop ougandaise, Bobi Wine, arrêté pendant un meeting cette semaine...
par mC’est l’histoire d'une marche.
Cette semaine, le président ougandais Yoweri Musenevi a entrepris une marche de 195 kilomètres. 195 kms à travers son pays, et l’objectif, pour le leader au pouvoir depuis 1986 : revenir sur les pas de la guérilla qui l’a porté au pouvoir et qui a mis fin aux dictatures sanglantes des années 1970. Ce trek l’a mené jusqu’à l’emplacement d’une bataille historique au cœur de la jungle, et il a été l’occasion, a-t-il déclaré, de “revenir sur les pas du passé pour éclairer le présent”.
Yoweri Musenevi, 75 ans, n’en est pas à sa première marche. En décembre, le président avait déjà organisé un cortège pour dénoncer la corruption dans un des pays les plus corrompus d’Afrique selon Transparency International, corruption pour laquelle il est tenu comme l’un des principaux responsables...
Mais pour l’opposition, ces marches ont surtout pour but de lancer sa campagne électorale en vue de sa 6e réélection en 2021. Et les images que l’on peut voir du parcours ne démentent pas vraiment cette théorie. Partout, le président est attendu par des fanfares et des chorales qui l’accueillent dans une ambiance festive. Et Yoweri Musenevi en profite pour faire des allocutions et rencontrer ses électeurs. De quoi mesurer sa popularité alors qu’il fait peut être face à son plus dangereux adversaire politique depuis sa prise de pouvoir il y a 34 ans. Et son concurrent mérite d’être évoqué ici.
Car Bobi Wine de son nom de scène est une vraie pop star dans toute l’Afrique de l’Est et dans la région des Grands Lacs. Élu régulièrement meilleur artiste de l’année dans des shows télévisés comme les MTV Africa Awards, ses chansons cumulent plusieurs millions de vues sur Youtube et tournent presque toujours autour d’histoire d’amour ou d’injustice sociale.
Le chanteur de 37 ans, issu des bidonvilles de Kampala la capitale, a même créé un parti politique au nom programmatique : le People Power. Et malgré ses positions ouvertement homophobes, il a été choisi cet automne par le magazine américain Times comme l’une des 100 personnalités à suivre, l’une des stars en devenir qui façonneront (je cite) le monde de demain. De quoi en faire une super-star en Ouganda. Le chanteur, Élu en 2017 au parlement Ougandais, a déjà déclaré sa candidature pour la présidentielle, et ses nouvelles chansons sont écrites en conséquence :
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"J’ai vu beaucoup de luttes dans ma vie, et laissez-moi vous dire, si on persiste et qu’on s’en remet à Dieu, on gagne, Il a suffi d’une pierre à David pour vaincre Goliath" dit la chanson, et on se doute bien qui est David et qui est Goliath, chanson qui cite la Bible à dessein dans ce pays où les mouvements évangélistes sont très fortement implantés et détiennent une grande influence politique.
Cette semaine, et pendant que le président Yoweri Musenevi marchait dans son passé en quête de son glorieux avenir, Bobi Wine s’est fait arrêter pendant son premier meeting de campagne.

Et si le pouvoir en place semble avoir la main sur la commission électorale et l’administration, le turbulent chanteur est peut être en train de gagner la guerre des symboles. Car Bobi Wine n'apparaît jamais sans un accessoire devenu iconique : son béret rouge. Et ce béret apparaît sur toutes les têtes lors de ses concerts et de ses meetings politiques.

Tant et si bien que Yoweri Musenevi a décidé d’interdire le port du béret rouge sur tout le territoire ougandais, port passible désormais de la prison à vie.
Le président marcheur, a peut-être la mémoire courte. Dans les années 1980, la couleur verte, symbole de son mouvement, avait elle aussi été interdite, avant qu’il ne prenne le pouvoir. Signe avant coureur, peut être, que les élections à venir ne seront pas une promenade de santé.

par Mattéo Caranta.
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