A comme Argenteuil, A comme Aragon… : épisode 4/5 du podcast Roland Leroy, toute une vie de communisme

Roland Leroy et son ami, le poète Louis Aragon, assistent à l'inauguration de l'exposition Picasso, le 10 septembre 1981 à la Courneuve, lors de la fête de l'Humanité.
Roland Leroy et son ami, le poète Louis Aragon, assistent à l'inauguration de l'exposition Picasso, le 10 septembre 1981 à la Courneuve, lors de la fête de l'Humanité. ©AFP - YVES PARIS
Roland Leroy et son ami, le poète Louis Aragon, assistent à l'inauguration de l'exposition Picasso, le 10 septembre 1981 à la Courneuve, lors de la fête de l'Humanité. ©AFP - YVES PARIS
Roland Leroy et son ami, le poète Louis Aragon, assistent à l'inauguration de l'exposition Picasso, le 10 septembre 1981 à la Courneuve, lors de la fête de l'Humanité. ©AFP - YVES PARIS
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Dans ce quatrième entretien, Roland Leroy évoque son rapport à la culture et aux intellectuels.

Avec
  • Roland Leroy journaliste et homme politique français (1926-2019), membre du Parti communiste dès 1942, ancien rédacteur en chef du journal L'Humanité

Pendant de nombreuses années, Roland Leroy a eu la responsabilité des intellectuels et de la culture au PCF : 

La culture est en quelque sorte ce qui établit les rapports de chaque individu avec le reste de l'humanité. Paul Langevin, grand savant qui devint communiste sous l'occupation hitlérienne, avait donné une bonne définition de la culture. Pour lui, c'était un moyen de solidarité de l'humanité. J'ajouterais que l'on peut intégrer dans la conception globale de la culture, la liberté de création, son épanouissement. Roland Leroy 

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Il devient vite l'ami de beaucoup d'artistes : 

Je suis de ceux qui essayaient de trouver une activité qui correspondait aux intellectuels communistes, au sein du Parti. On n'a pas toujours su faire la place aux intellectuels. Beaucoup pensent que les artistes sont bien pour "décorer" le Parti, mais il ne fallait surtout pas qu'ils prennent une place stratégique. Roland Leroy

En 1966, le communiste Waldeck Rochet organise le comité central d'Argenteuil, destiné à en finir avec la pratique d'instrumentalisation des intellectuels et reconnaître le principe de liberté de création : 

Ces deux principes entraînaient la fin de toute discrimination, de toute sélection. Chaque artiste avait le droit de créer à sa guise, et pouvait être reconnu comme artiste au sein du parti.  Roland Leroy

C'est sa passion pour le peintre Géricault qui est à l'origine de sa grande amitié avec Louis Aragon : 

J'avais des rapports étroits avec Louis Aragon, depuis un certain temps. C'était notamment lorsqu'il a écrit La semaine sainte, sur le peintre Géricault. Le musée de Rouen possède de nombreuses peintures de Géricault. Un jour, Aragon et Elsa Triolet viennent me trouver, parce que je connaissais bien l'oeuvre de Géricault. J'ai téléphoné à la conservatrice qui a sorti les dessins, elle était très heureuse de voir Aragon. Roland Leroy 

Aragon ne voyait pas le militant communiste comme un simple exécutant, mais quelqu'un qui s'activait pour faire bouger la société. Roland Leroy 

Par Stéphane Manchematin. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. Réalisation : Marie-Ange Garrandeau. Prise de son : Benjamin Chauvin.

Roland Leroy 5/5, Vingt ans d'Humanité 

Roland Leroy 5/5, Vingt ans d'Humanité ("A voix nue", 23/06/2012)

28 min

Roland Leroy présentant le nouvelle formule de l'"Humanité", 21 juillet 1997
Roland Leroy présentant le nouvelle formule de l'"Humanité", 21 juillet 1997
© AFP - AFP

Dans ce quatrième entretien, Roland Leroy évoque son rapport au journal "L'Humanité", qu'il a dirigé pendant 20 ans, de 1974 à 1994 :

Lorsque j'ai été désigné directeur de l'Humanité par le Parti communiste, c'était pour moi une émotion profonde. J'avais la crainte de ne pas pouvoir assumer cette charge, ça été pour moi un travail pesant, puis quand j'ai eu les mains dans le plâtre, je m'y suis fait. Dans ma vie, la direction du journal a été une fonction importante, et cela passait même avant ma responsabilité de membre du bureau politique. Roland Leroy 

Roland Leroy n'a pas de formation de journaliste, mais il s'est imposé à la tête du journal sans difficulté : 

Je crois que j'ai su m'adapter, j'ai été aidé par les camarades qui occupaient des postes de direction au journal. Et c'était le principal organe de presse du Parti, cela a aidé. Roland Leroy 

Certains ont dit qu'on m'avait mis à la tête du journal pour m'éloigner du Parti, je ne le crois pas. J'ai considéré à partir de ce moment, que mon activité principale était la direction du journal. Roland Leroy 

Dans les années 1970, Roland Leroy deviendra un homme de presse influent  : 

J'ai établi des relations confraternelles avec les patrons de presse, comme Philippe Hersant ou Jean-Luc Lagardère, mais je n'avais pas les mêmes relations avec l'un et avec l'autre. Roland Leroy 

J'ai lutté pour que soit appliqué et respecté le principe de liberté de la presse. Deux quotidiens avaient besoin d'aide : "La Croix" et "L'Humanité". Il est conforme aux soucis de la République, d'aider les journaux qui en ont besoin pour exister. Roland Leroy 

"L'Humanité" était la voix du communisme français. Je prenais aux yeux du Parti la responsabilité de tout ce qui était publié dans le journal. Roland Leroy 

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